En sa séance du 23 septembre 2022, le conseil d’administration de la fondation Flora Blanchon de l’Académie a décidé de décerner deux bourses au titre de 2022.
Marie Olivier
Marie Olivier est doctorante en histoire de l’art contemporain au sein du CREOPS à Sorbonne Université. Sa thèse porte sur l’artiste peintre et graveuse française, Andrée Karpelès (1885-1956). Cette recherche se propose d’étudier la place tenue par cette artiste au sein des échanges franco-indiens au cours de la première moitié du XXᵉ siècle, à travers l’analyse de sa production artistique et de ses différentes publications.
L’œuvre d’Andrée Karpelès naît en partie de ses séjours en Inde et de ses contacts avec les acteurs de la modernité artistique indienne, plus particulièrement de l’École du Bengale et de la famille bengalie des Tagore. À leurs côtés, elle s’engage pour la mise en valeur de cette modernité sur la scène française, notamment par son travail d’illustration et de traduction. Celui-ci se concentre essentiellement sur les textes du prix Nobel de littérature, Rabindranath Tagore (1861-1941) et de son neveu, le peintre et chef de file de l’École du Bengale, Abanindranath Tagore (1871-1951). Les gravures sur bois qu’elle réalise pour illustrer ces écrits témoignent de sa connaissance de l’iconographie de l’Asie du Sud qu’elle réadapte dans des compositions originales.
Cette thèse s’inscrit dans la continuité des recherches menées autour des relations culturelles entre l’Inde et la France. L’étude de la place tenue par Andrée Karpelès dans ces échanges s’insère dans une compréhension plus large du dialogue entre artistes français et indiens, en se concentrant sur les membres de l’École du Bengale présents sur la scène artistique parisienne et les artistes français présents à Santiniketan et Calcutta.
Mme Katia Thomas-Rai
Mme Katia Thomas-Rai prépare une thèse de doctorat à Lettres Sorbonne Université-Paris IV sur : « Des autels aux musées : patrimoine himalayen, identité (s) et muséologie. Repenser les collections himalayennes occidentales à la lumière des musées créés en Himalaya depuis les années 1960 »,
Sa recherche est axée sur les questions de muséologie soulevées par l’exposition des œuvres d’art himalayennes, aussi bien en Occident que dans leurs pays d’origine, à partir d’études de cas et d’enquêtes menées dans les collections publiques françaises (musée Guimet, musée du quai Branly), dans le musée américain de Newark et dans plusieurs musées des régions himalayennes (l’Institut Namgyal de Tibétologie à Gangtok, au Sikkim, en Inde, et le musée de Patan, au Népal). Il est envisagé de confronter l’approche muséologique locale, incluant souvent dans un même ensemble œuvres d’art religieux et objets ethnologiques, patrimoine matériel et immatériel, le plus souvent dans l’optique d’une affirmation identitaire, avec celle, très différente, des musées d’art asiatique en Occident, conditionnée en partie par l’histoire de la constitution des collections et par celle des études himalayennes. On se propose de mener cette recherche dans la perspective d’une collaboration plus inclusive entre les musées occidentaux et les communautés locales dont sont issues les œuvres exposées.
Avec le développement des musées en Himalaya se pose la question de la valorisation des identités régionales. Les populations himalayennes, conscientes du rôle important que peut jouer un musée dans l’affirmation d’une identité, ont depuis les années 2000 multiplié les initiatives. Toutefois, les enjeux identitaires sont différents pour les uns et les autres et, naturellement, selon que le projet est développé à l’échelle gouvernementale ou privée. À partir des exemples étudiés sur le terrain, nous montrerons comment la création d’un musée entraine des implications identitaires spécifiques au contexte régional. Un musée au Ladakh ne reflète pas la même identité qu’un autre au Sikkim mais n’ont-ils pas des aspects régionaux communs à valoriser face à l’identité nationale indienne ? Qu’en est-il de l’identité Neware à Patan (Népal) qui, par ses composantes religieuses, hindoue et bouddhiste, contraste avec l’identité himalayenne « bouddhiste » et « tibétaine » présentée en Occident ?
Les musées himalayens témoignent aussi d’une réflexion muséologique locale, différente du modèle existant en Occident pour les collections himalayennes. Les choix effectués sur la manière de conserver et valoriser le patrimoine religieux bousculent par exemple les limites posées en France entre le musée et le lieu de culte. Les études de cas observées lors des missions de terrain illustrent comment, en Himalaya, les moines et les conservateurs travaillent ensemble lors de la restauration de certains objets afin d’inclure les rituels à respecter lors des déplacements ou des ouvertures de ces derniers.