Prix et Fondations Lauréat du prix Vandermeersch 2023

Lauréat du prix Vandermeersch 2023

Lors de sa réunion du vendredi 26 mai 2023, la commission du Prix d’études chinoises en l’honneur de Léon Vandermeersch, créé par l’Académie et la fondation Mingyuan, a décidé de décerner son prix annuel, d’un montant de 10 000 €, à M. Ling Li, professeur émérite à l’Université de Pékin, pour l’ensemble de son œuvre consacrée à l’histoire intellectuelle et culturelle de la Chine du Ve siècle av. J.-C. au début de l’ère chrétienne.

 

Le Prof. Ling Li a été formé à l’Institut d’archéologie de l’Académie des Sciences de Chine où a acquis une expérience du terrain très utile pour ses recherches qui combinent l’étude des manuscrits et l’étude de la culture matérielle. Il a professé au département de langue et littérature chinoises de l’Université de Pékin de 1985 à 2022.

 

L’exploitation des sources que constituent les manuscrits découverts dans des tombes depuis surtout les années 1970, pour la plupart inédites et de nature si différente de tous les écrits connus auparavant, a permis au Prof. Ling Li d’apporter un regard neuf sur la littérature de l’antiquité dont les catégories restaient encore tributaires d’une très longue tradition lettrée. Dans ces textes nouveaux, les arts occultes et la divination occupent une place prépondérante. La première grande étude du Prof. Ling Li , parue d’abord en 1985, puis enrichie plusieurs fois avant d’être complètement refondue en 2017, concerne le Manuscrit de Chu (ca. 300 av. n. è.) découverts à Changsha en 1942. Il y révèle les intentions qui présidèrent à sa composition en trois parties, soit une cosmogonie, des recommandations pour honorer les dieux et leur offrir des sacrifices appropriés tout au long de l’année, et enfin un almanach énumérant les activités permises ou proscrites selon les mois représentés par douze figures. Le Prof. Ling Li a publié en 1993 un livre sur les Études des savoirs occultes et des techniques et recettes – concernent principalement la médecine et les soins du corps–, suivi d’un second en 2006. Leur parution a attiré l’attention de nombreux chercheurs avant de susciter la création d’un champ disciplinaire réservé à l’étude de ces textes ardus qui éclairent d’un jour complètement nouveau le contexte intellectuel d’où sont issus les nombreux chefs-d’œuvre de la pensée chinoise du début de l’empire. Parmi les manuscrits se trouvent aussi des fragments de traités militaires qui ont longuement retenu l’attention du Prof. Ling Li, dont L’art de la guerre de maître Sun. Dans la même veine, il a édité, commenté, et analysé le grand classique des traités militaires, le Sunzi (1991, 1995, 2006, 2010). L’ensemble de ces textes techniques, dont les sujets vont de la divination jusqu’à la médecine, ne saurait, selon le du Prof. Ling Li, être dissocié des courants philosophiques qui fleurissaient alors, même si de prime abord tout semble les opposer. Il a montré aussi l’intérêt de prendre en compte cette littérature technique pour expliquer la formation de la religion taoïste sous les Han orientaux (25-220 de n. è.). Son dernier livre, paru en 2020, concerne ainsi le cycle des douze animaux du zodiaque. Il s’intéresse aux sujets les plus variés, abordant des aspects particuliers de la culture matérielle, comme par exemple la fonction des bronzes rituels Zhou (env. 1045-251 av. J.-C.), ou encore des thèmes d’iconographie religieuse ou relatifs à l’art de la Chine antique. Récemment, à la suite de plusieurs séjours en Iran, le Prof. Ling Li s’est intéressé aux liens entre la Chine et la Perse dans l’Antiquité.

 

Dossier de Presse-Vandermeersch 2023