Séances Séance du 21 décembre 2018

– Communication de M. Frantz Grenet, correspondant de l’Académie : « A l’occasion de la restaura- tion de la « Peinture des Ambassa- deurs » (Samarkand, 660). Retour sur une œuvre majeure de la peinture sogdienne ».

Résumé : Le 21 septembre 2017 a été inauguré au musée de Samarkand (Ouzbékistan) la nouvelle restauration du cycle peint connu sous le nom de « Peinture des Ambassadeurs». Cette restauration, rendue nécessaire par les menaces qui pesaient sur cette œuvre découverte en 1965, notamment du fait d’un remontage sur un support de polystyrène en voie de dégradation, a été conduite par une association française, sous l’égide de la Mission archéologique franco-ouzbèke de Sogdiane.

Le travail d’interprétation de cet ensemble obéisant à un programme bien précis de propagande royale n’a cessé de progresser. On résume les principaux acquis et on présente de nouvelles pistes. Les murs ouest et sud célèbrent les festivités du Nouvel An conduites par le roi de Samarkand. Le mur nord évoque la cour de Chine, le mur est l’Inde. L’ensemble est articulé par un synchronisme calendaire survenu en 660 et qui faisait coïncider le 6e jour du Nouvel An (le « Nowruz royal » à proprement parler), la fête chinoise des « Bateaux dragons » et le solstice d’été, ce qui pouvait inciter le roi de Samarkand à se considérer comme un nouveau Jamshid, instaurateur légendaire du Nouvel An estival et souverain de la paix universelle. La disposition spatiale des scènes reflète le thème alors répandu des « Rois du Monde», mais de manière significative le roi de Samarkand, qui venait de recevoir le renfort prestigieux de l’alliance chinoise, s’approprie non seulement le côté sud qui lui revient, mais aussi la grande audience du côté ouest, qui revenait jusqu’alors au roi sassanide. Au programme des festivités figure notamment le jeu de polo, qu’un peu plus tard la Chronique de Qom montre elle aussi associé au Nouvel An et à l’entente des peuples.