Séances Vendredi 3 février 2023
– Note d’information de Mme Véronique Chankowski, directrice de l’École française d’Athènes, sous le patronage du Secrétaire perpétuel Nicolas GRIMAL et du Président Olivier PICARD : « Du bon usage des nouvelles technologies à Delphes ».
Résumé
En s’associant à de nouveaux partenaires, l’École française d’Athènes a conduit récemment sur le site de Delphes plusieurs programmes qui font un large usage des nouvelles technologies. Tant dans le domaine de la sculpture que de l’architecture, ces nouveaux moyens d’analyse et de restitution conduisent à envisager à nouveaux frais certains aspects et méthodes de l’étude du sanctuaire panhellénique.
Mots clés : Delphes, nouvelles technologies, sculpture, architecture
Abstract
In collaboration with new partners, the École française d’Athènes has recently conducted several programs on the site of Delphi that make extensive use of new technologies. Both in the field of sculpture and architecture, these new means of analysis and restitution lead to a fresh look at some aspects and methods of the study of this Panhellenic sanctuary.
Keywords: Delphi, new technologies, sculpture, architecture
– Communication de M. Marc Smith, Professeur à l’École nationale des Chartes, sous le patronage de M. Yves-Marie BERCÉ et Mme Nicole BÉRIOU : « Inscriptions et bizarres lettres : réflexions sur quelques écritures épigraphiques inexpertes (domaine latin) »
Résumé
L’écriture latine, comme bien d’autres, présente une gamme de formes différenciées selon des paramètres de dimensions, de fonctions, de techniques d’exécution. Dès l’Antiquité, les variations dans l’interprétation d’un modèle unitaire évoluent vers des formes de lettres divergentes, peu à peu organisées en une typologie d’écritures caractérisées chacune par une structure formelle propre et enseignée comme telles. De la coexistence de types divers, tout au long de l’histoire de l’écriture en alphabet latin, ont résulté de fréquentes interférences et hybridations, maîtrisées chez des scripteurs experts mais aussi accidentelles chez d’autres, aux compétences plus incertaines.
Si les écrits quotidiens et passagers de scripteurs inexpérimentés et occasionnels ont presque entièrement disparu, on conserve aussi des inscriptions hors norme sur supports pérennes : soit graffiti, soit même inscriptions plus ambitieuses mais confiées à des artisans peu familiers des formes épigraphiques, qui procèdent alors par adaptation tâtonnante de formes courantes, empruntées soit à leur propre connaissance de l’écriture soit même au texte manuscrit qui leur est donné à reproduire. Ce dernier cas, marginal en quantité dans le matériau conservé, offre souvent des défis au déchiffrement, à la datation et à toute expertise fondée sur la typologie commune des formes. Il ouvre aussi des perspectives sur les mécanismes généraux d’évolution de l’écriture.
Jean Mallon a autrefois consacré plusieurs articles à des cas de « pierres fautives » par le texte ou par le dessin des lettres comme indices de leur processus de production ; dans la diachronie, il a surtout insisté sur le rôle du geste, qui entraîne l’écriture formelle vers la cursivité. Les quelques exemples qui seront abordés, antiques et médiévaux voire plus récents, sont en partie analogues mais permettent d’inverser la perspective en abordant le rôle de l’œil et les processus de formalisation.
Abstract
The Latin script, like many others, offers a range of forms differentiated by parameters such as dimension, function and modes of execution. From antiquity onwards, variations in the interpretation of common patterns evolved towards divergent letter forms, gradually organised into a typology of scripts, each characterised by a distinct formal structure, and taught as such. Throughout the history of writing in the Roman alphabet, the coexistence of various types has resulted in frequent interference and hybridisation, whether voluntary, by expert scribes, or accidental, by others with more uncertain skills.
While the everyday, transient writings of inexperienced and occasional scribes are almost entirely lost, we also find unusual inscriptions in permanent materials: graffiti but also more ambitious lettering entrusted to craftsmen unfamiliar with epigraphic lettering, who then resorted to the hesitant adaptation of common letter forms, based either on their own notions of writing or on the very handwritten texts they were given to reproduce. The latter case, marginal among the extant material, offers many challenges to deciphering, dating and any kind of typology-based expertise. It also opens up some perspectives on the general mechanisms behind the evolution of writing.
Jean Mallon’s devoted several articles to cases of “faulty stones”, faulty in text or design, as clues to production processes. From a diachronic perspective, he insisted on the role of gesture, which tends to pull formal writing towards cursivity. The few examples that will be discussed, ancient and medieval or even more recent, are partly analogous but may be envisioned from a reverse perspective, by questioning the role of visual perception and processes of formalisation.