Manifestations L’art d’aimer au Moyen Âge. Le Roman de la rose
Bibliothèque de l’Arsenal, 6 novembre 2012-17 février 2013
Mmes Marie-Hélène Tesnière, conservateur général au département des manuscrits de la BnF, et Nathalie Coilly, conservateur à la Bibliothèque de l’Arsenal, ont accueilli, mercredi 13 février 2013, un groupe de membres et de correspondants de l’Académie pour une visite guidée de l’exposition consacrée au Roman de la rose, un long récit en vers composé par Guillaume de Lorris et Jean de Meun au XIIIe siècle. Cet ouvrage raconte la conquête par un jeune homme, le narrateur ou l’amant, d’une Rose, une jeune fille, et aborde, aux détours de ce récit, tous les thèmes liés à l’amour à travers motifs courtois, réflexions philosophiques et érotisme sans ambages.
Le parcours de l’exposition permet de suivre le récit à travers la présentation de nombreux manuscrits richement illustrés et enluminés qui témoignent de l’immense succès de ce poème, parmi les textes profanes les plus diffusés au Moyen Âge, et font découvrir un univers littéraire et iconographique complexe.
La deuxième partie de l’exposition présente le contexte littéraire de cette œuvre avant d’aborder la vaste fortune littéraire et éditoriale d’une œuvre qui fut à l’origine d’une véritable querelle, notamment autour de la question du féminisme.
La présence d’éminents médiévistes a permis d’évoquer certains aspects problématiques de l’œuvre comme la question de l’identité des deux auteurs du poème. M. Michel Zink, Secrétaire perpétuel de l’AIBL, a aussi souligné le caractère troublant du personnage de Bel-Accueil, une figure allégorique incarnant les bonnes dispositions de la jeune fille à l’égard de l’amant. Présenté sous les traits d’un jeune homme qui se lie d’amitié avec le narrateur, il finit par se substituer complètement à la jeune fille et par devenir l’objet de la quête amoureuse, désigné de manière ambigüe, tantôt au masculin, tantôt au féminin. Cette question est développée dans l’article : Zink, Michel. « Bel-Accueil le travesti : du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meun à Lucidor de Hugo von Hofmannsthal ». In : Littérature, N°47, 1982, p. 31-40. (Consulté le 14 février 2013).
Le Roman de la rose est une œuvre à laquelle de nombreux membres et correspondants de l’AIBL ont consacré leurs travaux. Parmi eux, on peut citer le médiéviste Félix Lecoy (1903 – O 1966 – 1997) auquel on doit une édition du texte, Daniel Poirion (1927 – CF 1989 – 1996) ou Ernest Langlois (1857 – CF 1922 – 1924). On peut encore évoquer certains travaux de l’historien de l’art Eugène Müntz (1845 – O 1893 – 1902) ou de Paul Durrieu (1855 – L 1907 – 1925) et d’Antoine Thomas (1857 – O 1904 – 1935) qui ont débattu de l’identité entre l’auteur du Roman de la rose et Jean de Meun, un étudiant français à Bologne.
L’exposition continue sur le site de la BnF http://expositions.bnf.fr
La bibliothèque numérique http://romandelarose.org, née du partenariat entre la Johns Hopkins University (JHU) et la BnF, avec le soutien de la Fondation Andrew J. Mellon, qui rassemble un peu plus de 130 manuscrits numérisés.
Quelques références en ligne sur Persée :
- Müntz Eugène. « L’iconographie du Roman de la Rose ». In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, N. 1, 1899. pp. 15-16. (Consulté le 14 février 2013).
- Thomas, Antoine. « La date de la mort de Jean de Meun ». In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, N. 2, 1916. pp. 138-140. (Consulté le 14 février 2013).
- Durrieu, Paul. « Jean de Meun et l’Italie ». In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, N. 5, 1916. pp. 436-444. (Consulté le 14 février 2013).
- Thomas Antoine. « L’identité de maître Jean de Meun étudiant à l’université de Bologne en 1265-1269 ». In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 62e année, N. 1, 1918. pp. 99-101. (Consulté le 14 février 2013).
- Vernet André. « Jean Perréal et la Complainte de Nature attribuée à Jean de Meun ». In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 87e année, N. 1, 1943. pp. 93-100. (Consulté le 14 février 2013).
- Köhler Erich. « Narcisse, la Fontaine d’Amour et Guillaume de Lorris ». In : Journal des savants. 1963, N°2. pp. 86-103. (Consulté le 14 février 2013).
- Poirion Daniel. « Les tombeaux allégoriques et la poétique de l’inscription dans le Livre du Cuer d’Amours espris de René d’Anjou (1457) ». In : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, N. 2, 1990. pp. 321-334. (Consulté le 14 février 2013).
- Zink Michel. « L’amour naturel de Guillaume de Saint-Thierry aux derniers troubadours ». In : Journal des savants. 2001, N°2. pp. 321-349. (Consulté le 14 février 2013).
- Cerquiglini-Toulet Jacqueline. « Portraits d’auteurs à la fin du Moyen Âge : tombeaux en majesté et épitaphes carnavalesques ». In : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, N. 2, 2002. pp. 785-796. (Consulté le 14 février 2013).