Séances Séance du 2 décembre 2016
Note d’information de Mme Maria Elena De Luna, maître de conférences associé au Collège de France, sous le patronage de MM. Jacques JOUANNA et Denis KNOEPFLER : « Les livres V et VI de la Politique d’Aristote : une nouvelle édition italienne avec traduction et commentaire ».
Résumé : Cette note informera l’Académie des principales caractéristiques du 5e volume d’une nouvelle édition de la Politique d’Aristote publiée en Italie, cette année même, par L’ « Erma » di Bretschneider, sous la direction des professeurs Lucio Bertelli et Mauro Moggi (ISBN: 978-88-913-0857-3). Les dynamiques de la conflictualité interne à la cité, la nature des régimes politiques, les causes de leurs changements, les moyens pour les sauvegarder face aux dangers d’une fragilité inévitablement existante et variable d’un régime à l’autre, l’étude des institutions des poleis : tels sont les noyaux conceptuels étudiés par Aristote dans les livres 5 et 6 de la Politique et expliqués à travers une intime intégration entre théorie politique et histoire des cités grecques. Cette dernière, exprimée au cours de la dissertation dans la forme démonstrative du paradeigma, confirme et illustre concrètement chaque segment du discours. Dans le commentaire de cette édition nous avons visé à relire ces livres dans le but d’examiner les divers aspects de cette intersection, en éclairant, souvent grâce à la contribution unique des documents épigraphiques, les contextes événementiels auxquels les exemples renvoient ; en suivant minutieusement le développement de l’argumentation ; en étudiant la terminologie politique des métabolai constitutionnelles. La traduction répond, à son tour, à la volonté de respecter les nuances du vocabulaire d’Aristote, ainsi que d’interpréter une syntaxe souvent irrégulière. Pour ce qui concerne les principaux critères philologiques, la contribution des traductions latines n’a pas été considérée comme suffisante pour corriger le texte original : le choix de variantes a été effectué sur la base de considérations concernant le processus de transmission et les références à caractère historique autant que stylistique. En outre, le recueil des testimonia a été fortement élargi tout comme l’étude sur les copistes et les manuscrits de l’Humanisme et de la Renaissance.
Mots-clés : Aristote, Politique, Constitutions, Histoire, Épigraphie
Communication de M. Didier Marcotte, Professeur à l’Université de Reims, sous le patronage de M. Jacques JOUANNA : « Les mines d’or des Ptolémées : d’Agatharchide aux archives de Photios. »
Résumé : Actif à Alexandrie d’Égypte au milieu du IIe siècle avant notre ère, Agatharchide de Cnide est un des historiens les plus originaux de la période hellénistique. Son ouvrage intitulé Sur la mer Érythrée embrassait en cinq livres une géographie et une ethnographie des régions australes de la terre habitée, menée depuis le Nil et la mer Rouge, à l’époque où les Ptolémées cherchaient à s’assurer le contrôle des routes maritimes vers la Corne de l’Afrique et les pays des Aromates et de l’Encens. L’auteur y développait une réflexion sur les communautés humaines les plus proches de l’état de nature, sur les rapports de l’homme à l’animal, sur les premières formes d’organisation sociale et, a contrario, sur l’exploitation par les Lagides des ressources du sol ou le raffinement de la civilisation sudarabique.
Il reste de larges extraits du livre V de ce traité chez Diodore de Sicile et Strabon, ainsi que dans la Bibliothèque de Photios (cod. 250). Les pages que l’auteur a consacrées au travail dans les mines d’or du désert oriental de l’Égypte comptent parmi les plus fameuses, en raison de leur intensité dramatique et de la précision technique avec laquelle sont décrites les étapes de la préparation de l’or. Elles ont contribué, dans l’Antiquité tardive et à Byzance, à faire d’Agatharchide une des sources les plus anciennes de la « chrysopée », comme le montrent les emprunts à cet auteur chez les alchimistes à partir de Zosime de Panopolis. L’objet de ma communication sera d’abord philologique: dans la perspective d’une nouvelle édition des fragments d’Agatharchide, à paraître prochainement dans la Collection des universités de France, il s’agira d’évaluer l’apport de la tradition alchimique à l’établissement du texte de l’historien et de la situer par rapport à la documentation de Photios.
Mots-clés : historiographie hellénistique, Agatharchide de Cnide, géographie et ethnographie grecques, histoire des textes, premier humanisme byzantin.