Séances Séance du 17 décembre 2021
– Note d’information de M. Jean-Yves EMPEREUR, membre de l’AIBL : « Inscriptions pour l’érection d’une statue au pied du Phare d’Alexandrie sous Constantin et Licinius ».
Résumé :Commencée en 1994, la fouille sous-marine du Phare d’Alexandrie est toujours en cours, tant à cause de l’immensité du site (1,6ha avec plus de 3000 blocs d’architecture, des sculptures, entre autres) que par les conditions propres au travail sous l’eau (périodes limitées de travail dues aux saisons contraires et aux capacités humaines). Une autre raison fondamentale est due à la révolution technologique qui a radicalement changé nos méthodes de travail, nous amenant à abandonner les relevés traditionnels à la main pour une couverture photogrammétrique 3D plus rapide et surtout plus précise. L’étude des blocs, la vision même de l’ensemble du site sous-marin est incomparablement meilleure et l’application de nouveaux logiciels permet de progresser dans plusieurs domaines, notamment dans la découverte et le déchiffrement d’inscriptions indécelables sous l’eau. Nous allons en présenter trois exemples, du plus facile au plus ardu, notamment les deux premières avec l’érection d’une statue sous Constantin et Licinius, dont l’intérêt principal réside dans leur emplacement à proximité du Phare, si toutefois elles n’ont été apportées à cet endroit d’un autre emplacement de la ville.
– Communication de M. Paolo Gallo, sous le patronage de M. Jean-Yves EMPEREUR : « Entre Égypte et Grèce : l’îlot de Nelson, dans la baie d’Aboukir ».
Résumé : Le site archéologique de l’Île de Nelson préserve les restes de la seule nécropole d’époque pharaonique connue jusqu’à présent sur la côte alexandrine, ainsi que les vestiges non perturbés d’une fondation de la première période ptolémaïque. Les ruines mises au jour par les travaux archéologiques de l’université de Turin, qui fouille le site depuis 1997, ne représentent que la petite partie d’un site archéologique qui fut bien plus vaste avant d’être englouti par la mer Méditerranée.
L’Île de Nelson est située dans le gouvernorat d’Alexandrie, 4 km au Nord du Cap d’Aboukir. Dans l’antiquité l’îlot, qui mesure actuellement moins de 400 mètres, était une presqu’île liée à la terre-ferme par un isthme aujourd’hui disparu. Les recherches archéologiques prouvent qu’entre la période saïte et le règne des derniers Pharaons (dynasties XXVI-XXX) ce promontoire fut d’abord utilisé comme nécropole par les habitants des deux fameuses et riches villes situées à quelques kilomètres de distance, Héracleion et Canope. Après la conquête d’Alexandre le Grand, la presqu’île fut occupée par les colons grecs, qui transformèrent l’ancienne nécropole en une grande zone urbaine, probablement afin de contrôler la côte égyptienne et le trafic naval de l’ancien port d’Héracleion. L’habitat de l’Île de Nelson se développa surtout sous le règne de Ptolémée Ier: le site fut doté de puissantes murailles, d’énormes citernes monumentales et de bâtiments publics de style dorique. Malgré tous ces efforts et ces investissements étatiques, le site eut une vie très courte : autour de 270 av. J.C. les habitants quittèrent leurs maisons en hâte, abandonnant une partie du mobilier sur place, là où nous l’avons retrouvé. Le site ne fut jamais plus ré-habité.
Pendant les guerres franco-britanniques pour la possession de la Méditerranée, la baie d’Aboukir joua un rôle stratégique important en raison de sa position géographique. Après la bataille d’Aboukir de 1978, la Marine anglaise occupa l’“Île d’Aboukir”, que les soldats rebaptisèrent “Île de Nelson” en l’honneur du fameux amiral britannique. En 1801, les troupes du général Abercromby utilisèrent la baie d’Aboukir comme point de débarquement pour la campagne d’Egypte ; pendant les opérations l’armée britannique subit nombreuses pertes et plusieurs soldats furent ensevelis sur l’Île de Nelson. Une partie de ces corps ont été fouillés, étudiés et récupérés par la Mission italienne. Les restes humains d’une vingtaine de soldats britanniques ont été ré-enterrés en 2005 dans le cimetière militaire du Commonwealth d’Alexandrie.