Fouilles archéologiques Programme « Tanis » (Égypte) : François Leclère

Programme « Tanis » (Égypte) : François Leclère

La Mission française des fouilles de Tanis (MFFT) a été créée en 1964, sous le patronage de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (AIBL), au sein de la section des Sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), pour faire suite aux travaux de la Mission dirigée, de 1929 à 1956, par le Professeur Pierre Montet sur le site de Tell Sân el-Hagar, dans le nord-est du Delta du Nil (gouvernorat de Sharqeya).

 

Rattachée à l’Équipe d’Accueil 4519 (Égypte ancienne : archéologie, langue, religion), la MFFT est dirigée depuis 2014 par François Leclère, ingénieur de recherches à l’EPHE, secondé par Frédéric Payraudeau, maître de conférences en égyptologie à l’université Paris-Sorbonne. Elle bénéficie principalement du soutien du Ministère des affaires étrangères et du développement international, auquel s’ajoutent des financements privés, désormais recueillis et gérés par la Nouvelle société des amis de Tanis (association loi 1901), créée en décembre 2015.

En novembre dernier [2015], la Fondation Jean Leclant (AIBL) a décerné à la mission le Prix Jean et Marie-Françoise Leclant 2015. Les travaux de terrain sont soumis à l’autorisation, accordée annuellement, du Ministère d’état des antiquités de l’Égypte et sont menés en étroite collaboration avec l’inspectorat de la circonscription de Sân el-Hagar.

 

Fondée au tournant des 2e et 1er millénaires av. J.-C., le long de la branche éponyme du Nil, la cité de Tanis fut le foyer dynastique des 21 et 23e dynasties, et le lieu de sépulture des souverains des 21e et 22e dynasties, dont Pierre Montet découvrit les tombeaux en partie inviolés à partir de 1939.

 

Elle succéda, comme nouvelle base portuaire de l’Égypte en Méditerranée orientale, aux localités d’Avaris et de Piramsès — respectivement capitale des rois Hyksos et résidence septentrionale de Ramsès II — dont les ruines se trouvent à une vingtaine de kilomètres au sud (Tell el-Dab‘a, Qantir), et dont les monuments démantelés servirent de carrière de pierre pour la construction des temples tanites. En dépit de l’émergence d’un nouvel axe fluvio-maritime dans l’ouest du Delta au 7e siècle av .J.-C., non loin du nouveau foyer dynastique de Saïs, Tanis resta une métropole importante, dont les édifices religieux furent embellis ou rebâtis à plusieurs reprises jusqu’à la fin de l’époque hellénistique, et ne fut définitivement abandonnée qu’à la fin de l’époque byzantine.
Les ruines actuelles s’étendent sur près de 180 ha et culminent à près de 30 m au-dessus de la plaine environnante, formant l’un des sites archéologiques majeurs du patrimoine égyptien, et l’un des mieux conservés dans cette région. Identifiées dès le 18e siècle comme celles de l’antique Tanis, elles firent l’objet de fouilles de grande envergure dès le 19e siècle.

 

Depuis 2014, la MFFT engage un nouveau programme de recherches, fondé sur de nouvelles problématiques portant principalement sur l’agglomération antique dans sa globalité, et comportant plusieurs volets : étude de l’organisation spatiale et de l’évolution diachronique du tissu urbain dans son ensemble, mis en évidence du contexte paléo-environnemental, notamment hydrographique, et la fonction portuaire de l’établissement (branche Tanitique, lagunes, canaux). Deux saisons de travail ont été menées sur le terrain aux printemps 2014 et 2015. Ces problématiques impliquent la mise en œuvre, à grande échelle, de prospections de plusieurs types : géophysiques (magnétométrie, résistivité électrique), céramologiques (étude systématique du matériel céramique de surface), prospections par carottages archéologiques et géomorphologiques à la tarière manuelle.

 

Le programme comporte également un large volet de reprise des études épigraphiques, portant essentiellement sur les inscriptions royales et privées de la Troisième Période intermédiaire : monuments de Psousennès 1er, ensemble de blocs provenant de tombes privées de la 21e dynastie remployés dans la tombe de Chéchanq III, blocs provenant de deux édifices de Chéchanq V remployés dans les parois du Lac Sacré d’Amon, inscriptions royales diverses de la 21e à la 25e dynastie, paléographie des textes de la 22e dynastie sur la base des inscriptions des tombes royales. La mission envisage également des travaux de mise en valeur et de protection des vestiges archéologiques visibles dans le secteur des temples.

 

Au Centre Wladimir Golénischeff de l’EPHE, base parisienne de la MFFT, les archives de la Mission Montet sont en cours de numérisation, dans la perspective, à moyen terme, d’un projet de mise en ligne de cette importante documentation (projet ANTa : Archives numériques de Tanis). Les archives d’autres anciens fouilleurs du site sont également recherchées et étudiées. Le programme de la campagne de printemps 2016 prévoit la poursuite des opérations engagées dans le cadre du quadriennal proposé en 2013 et partiellement accomplies en 2014-2015 : prospections magnétiques et céramologiques, notamment dans la partie sud de la zone centrale du site, carottages archéologiques et géomorphologiques sur le tell et à ses abords, couverture photogrammétrique par cerf-volant des zones des temples d’Amon et de Mout, en lien avec des sondages ponctuels, dans la perspective du géo-référencement des anciens plans des vestiges et en prévision de futures opérations de fouilles, notamment dans le secteur de la porte sud de la grande enceinte du temple d’Amon. Le programme épigraphique sera également poursuivi sur le terrain comme au Musée du Caire (paléographie des inscriptions de la tombe d’Osorkon II, achèvement de l’étude des monuments inscrits de Psousennès Ier et des blocs des tombes privées de la 21e dynastie, étude de monuments divers et réorganisation des magasins de fouilles). Des travaux de conservation et l’évaluation d’une modélisation photogrammétrique seront également mis en œuvre dans les tombes royales.

 

 

Partenaires scientifiques :

  • Bureau d’études archéologiques Évéha international, Limoges.
  • Instytut Archeologii i Etnologii Polskiej Akademii Nauk, Varsovie.
  • CNRS, UMR 8167 — Orient et Méditerranée, Équipe Mondes pharaoniques, Université de Paris-Sorbonne.
  • CNRS UMR 7362 — Laboratoire Image, Ville, Environnement, Université Pasteur, Strasbourg.
  • CNRS, UMR 5133 —Archéorient : Environnements et sociétés de l’Orient ancien, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Université Lumière, Lyon.
  • Institut français d’archéologie orientale, Le Caire.

Diffusion des résultats :
Les résultats des deux premières campagnes ont été présentés à plusieurs reprises aux spécialistes comme au grand public dans le cadre de conférences :

  • Colloque SEMNA – Semana de Egiptologia do Museu Nacional / Universidade Federal do Rio de Janeiro, Musée National de Rio de Janeiro, 4 décembre 2014.
  • Cercle Lyonnais d’égyptologie Victor Loret, Lyon, 24 février 2015.
  • Table-ronde MoA/EES Delta Survey Workshop, British Council, Le Caire, 27 mars 2015.
  • 11e Congrès international d’égyptologie, Florence, 27 août 2015.
  • Colloque The Geography and Economy in the Ancient Nile Delta, Univ. de Würzburg, 29 novembre 2015.
  • Cycle Archéologie en Égypte : de la fouille à l’écriture de l’Histoire, Bibliothèque nationale de France, Paris, 27 janvier 2016.
  • Association France-Égypte, Paris, 3 février 2016.

Ils le seront prochainement à la Société d’égyptologie de Genève (février 2016), à l’Association d’égyptologie Imhotep, à Nantes (mars 2016), et à l’Association dauphinoise d’égyptologie Champollion, à Grenoble (avril 2016).

Pour un aperçu des premiers résultats obtenus, on se reportera à :

  • Fr. Leclère, « La LXIe campagne de la Mission française des fouilles de Tanis », Annuaire de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), section des Sciences religieuses 122 (2013-2014), 2015, 137-142 (http://asr.revues.org/1347).

À paraître :

  • Fr. Payraudeau, R. Meffre, « Varia tanitica I. Monuments royaux », Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale, Le Caire (à paraître).
  • C. Defernez, « Premiers résultats d’un programme de prospections céramologiques dans la zone centrale du tell de Tanis : campagne 2014 (Mission française des fouilles de Tanis) », Bulletin de la céramique égyptienne 25, 2015, IFAO, Le Caire (sous presse).

Pages web :

Liens complémentaires :

Illustrations :

  • 1. Carte de localisation du site de Tanis. © F. Leclère / Visible Earth Record no. 24588 (J. Descloitres, Modis Rapid Response Team, NASA/GSFC).
  • 2. Le site archéologique de Tell Sân el-Hagar dans son environnement actuel (février 2010). © GoogleEarth / Digital Globe.
  • 3. Prospections magnétiques et carottages dans la zone centrale du tell (mai 2014) — extrait de la carte magnétique. © MFFT (F. Leclère) / T. Herbich.
  • 4. Paléographie des inscriptions de la tombe du roi Chéchanq III © MFFT (F. Payraudeau).