Société asiatique Süleymanoglu VALY
Communications :
Monsieur Süleymanoglu Valy, chercheur, traducteur et poète en langue et civilisation turques anciennes,
a présenté les communications suivantes lors des séances du vendredi :
Séance du 14 décembre 2012
« Autour de Qutadgu Bilig, une présentation. »
Résumé : Reconnue comme la première œuvre turco-musulmane, Qutadğu Bilig (106-1070) est une source encyclopédique du savoir et de la réflexion écrite à l’époque de la dynastie Qarakhanide par le penseur et l’homme d’Etat Yusuf de Balasagun, une œuvre charnière qui a joué un rôle capital dans le développement de la langue turque et dans l’évolution de tous les pans de la société turque ancienne. En principe, le contenu majeur de l’œuvre s’articule autour de la description de la mission du souverain et de son chancelier, discutant deux à deux de l’administration de l’État, du gouvernement, de la société, la justice sociale et la vertu des être humains, du rôle de la science, de la raison, et du törü, (considéré comme l’institution juridique et la constitution des Turcs anciens) et le qut (considéré comme imperium et fortune) dans l’administration de l’Etat. En outre, ces éléments, sujets de discussion, sont mis en scène de façon théâtrale : les quatre personnages essentiels dialoguant deux à deux. Malgré tout cela, on y découvre à la fois la langue, la grammaire, la poésie, des aphorismes, des proverbes, des citations d’épopées turques anciennes, et Yusuf de Balasagun nous parle également de l’éducation, de la famille, du mariage, de la chasse, des échecs, des sports ; on y côtoie des ambassadeurs, des chamanes (qam) et des poètes. Et de la même façon, il nous révèle la pensée traditionnelle, religieuse, philosophique, sociale, éthique des Turcs anciens. De plus, Qutadğu Bilig nous expose à la fois l’influence linguistique et culturelle des religions qui se sont succédées dans le monde turc avant l’arrivée de l’Islam : le chamanisme, le manichéisme, le nestorianisme, le bouddhisme, et celle de la philosophie grecque classique. Parallèlement à l’évolution linguistique, cette œuvre, qui est en principe une sorte de « Science du gouvernement », nous expose les cultures et civilisations des Turcs anciens dans les domaines de la politique, de la diplomatie, de l’éthique et du fonctionnement de l’Etat ainsi que de la société : palais, armées, commerçants et paysans ; évolution qu’on ne trouve dans aucun autre ouvrage contemporain. Et il nous révèle aussi un point important de la connaissance de la société médiévale : les Turcs que Qutadğu Bilig nous décrit étaient sédentaires ; ce qui pour la plupart des chercheurs occidentaux demeure un point peu étudié. Autre caractéristique mal connue, pour la première fois dans le monde musulman, le Qutadğu Bilig nous livre une vision qui traite les affaires de l’Etat en les séparant des préceptes religieux.
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