Séances Vendredi 17 novembre 2023
– Communication de Mme Valérie Bel, ingénieur de recherches au CNRS, sous le patronage de M. John SCHEID : « Pratiques commémoratives dans l’ensemble funéraire antique de la Robine à Narbonne ».
Résumé
La fouille récente d’un secteur de la nécropole orientale de la colonie romaine de Narbo Martius a mis au jour un important ensemble funéraire d’époque impériale, caractérisé par une préservation exceptionnelle des sols et des aménagements de surface scellés par la sédimentation alluviale. Cette configuration particulière a permis de retrouver nombre de dispositifs, objets et restes alimentaires, témoins des activités rituelles effectuées auprès des tombes. Les fréquents conduits libatoires constituent les indices les plus probants d’un culte mémoriel. Associés pour la plupart à des sépultures à crémation, ils permettent de diriger les libations (effectuées avec de petites coupelles) et les offrandes (restes de coquillages, objets), vers les ossements du défunt ou vers le fond des fosses. Quelques exemplaires établis à l’écart des tombes, au sein des parcelles funéraires, pourraient avoir été destinés à honorer les dieux Mânes du groupe familial. Deux d’entre eux ont été installés devant un triclinium témoignant d’une relation étroite entre dispositif du culte commémoratif et espace du banquet. Documentée par la découverte de trois triclinia, l’organisation de repas au sein de l’espace funéraire est peut-être aussi illustrée par les foyers et les débris de vases et de coquillages abandonnés sur les sols. La localisation d’une partie de ces vestiges auprès ou au-dessus des tombes suggère cependant de les interpréter comme des traces des offrandes offertes en holocauste aux dieux Mânes des défunts. C’est le cas également des dépôts de vases ou de résidus de foyers en fosse retrouvés dans l’environnement des sépultures. Si la contextualisation des différents aménagements permet de saisir une partie des rituels accomplis lors des fêtes commémoratives, la caractérisation de ces pratiques nécessite de poursuivre l’étude en intégrant une analyse détaillée des restes végétaux et animaux et des mobiliers.
