Séances Vendredi 17 octobre 2025

– Communication de Mme Margharita Farina, chargée de recherche au CNRS, laboratoire « Histoire des théories linguistiques », sous le patronage de Mme Françoise BRIQUEL CHATONNET : « Nouvelles perspectives sur la réception de la science grammaticale grecque en syriaque. »

 

Résumé

Une riche tradition de commentaires témoigne de l’importance de la Τέχνη γραμματική de l’antiquité tardive et de l’époque byzantine. En outre, des adaptations de ce texte en arménien (Ve s. de notre ère), en syriaque (VIe s.) ont constitué le fondement du développement de la littérature grammaticale en ces langues et dans les régions de leur diffusion. La tradition grammaticale syriaque nous offre un aperçu précieux de la fortune interlinguistique de la Τέχνη γραμματική et de son rôle dans le développement de la pensée linguistique dans les territoires des empires byzantin et islamique.

Notre communication présente une nouvelle lecture de l’adaptation de la théorie grammaticale grecque dans le milieu syriaque, entre l’Antiquité tardive et la première période abbaside. Les principales sources manuscrites témoignant de la version syriaque de la Τέχνη γραμματική, datées respectivement des VIe, IXe et XVIe siècle, feront l’objet d’une analyse attentive et inédite. La communauté savante a en effet toujours traité la Techne syriaque comme un texte monolithique et plus ou moins établi. La difficulté d’accéder jadis aux manuscrits a découragé un examen des différents états du texte qu’ils témoignent, en encourageant le recours à l’édition préparée par Merx en 1889, qui restituait, elle, un texte trop souvent conjecturé sur la base du grec. Nous pouvons désormais remettre en question cette lecture. Nous essaierons aussi de préciser les contextes d’usage de la Techne syriaque par différents milieux savants, en lien avec chaque témoin manuscrit. Finalement, nous proposerons aussi de reconsidérer le recours à la Τέχνη γραμματική et plus généralement à la langue grecque par les grammairiens syriaques travaillant à la fois en langue syriaque et arabe au IXe siècle. Notre finalité ultime est de montrer que la réception de la Τέχνη γραμματική ne fut pas un évènement isolé, lors de la toute première assimilation de la philosophie hellénistique par les syriaques. Au contraire, elle connut plusieurs reprises et élaborations successives, agissant à maints niveaux sur la constitution du savoir linguistique syriaque.

Mots-Clés : Τέχνη γραμματική, traditions grammaticale syriaque, réception de la logique aristotélicienne, Jacques d’Édesse, Ḥunayn ibn Isḥaq.