Coupoles Bilan 2008
Par M. Jean-François JARRIGE, Président de l’Académie
Comme le veut la tradition, il revient au Président en exercice de présenter un rapide bilan des activités de notre Académie pour l’année 2008. Vous me permettrez d’abord de rappeler la mémoire de ceux qui nous ont quittés depuis la séance de rentrée solennelle du 24 novembre 2007.
Gregory BONGARD-LEVINE, associé étranger, est décédé à Paris le 30 septembre 2008. Né à Moscou, le 26 août 1933, il avait été élu associé étranger le 28 mai 1999. Cet indianiste de réputation internationale était devenu en 1989 le Président du Centre des Études indologiques et bouddhistes de l’Institut d’Asie et de l’Afrique de l’Université de Moscou. Il était depuis 1990 membre de l’Académie des Sciences de Russie. Ses travaux sur l’Inde ancienne, sur l’Asie centrale à l’époque kouchane, dont certains furent traduits en plusieurs langues, resteront des références. Il était très attaché à l’Académie et prenait une part très active à ses travaux. Notre confrère, Paul Bernard, a représenté notre Académie lors de ses obsèques à Moscou.
Né à Utrecht, le 13 septembre 1928, Erik ZÜRCHER, qui avait été élu le 22 février 1985 correspondant étranger, est décédé à Warmond (Pays-Bas), le 7 février 2008. Très grand spécialiste de l’histoire du bouddhisme en Chine, il avait publié en 1959 un très important ouvrage intitulé The Buddhist Conquest of China. Il s’était aussi intéressé à l’histoire des premières missions jésuites en Chine. Il était professeur émérite de l’Université de Leyde et directeur du Sinologisch Instituut de cette même Université. De 1976 à 1992, il avait dirigé avec notre confrère Jacques Gernet, la revue franco-hollandaise T’oung Pao.
Paul ASTRÖM, né à Sundsvall en Suède le 15 janvier 1929, est décédé à Göteborg, le 4 octobre 2008. Il avait été élu correspondant étranger de l’AIBL le 26 juin 1998. Spécialiste de la Grèce antique et de l’âge du Bronze de la civilisation chypriote, il avait dirigé plusieurs chantiers de fouilles notamment à Chypre. Ancien directeur des Instituts suédois d’Athènes, puis de Rome, il était professeur émérite à l’Université de Göteborg.
Après avoir rendu hommage à la mémoire de ces savants étrangers dont les disparitions sont de grandes pertes pour notre Académie, il convient de saluer l’élection de trois membres français et de quatre membres associés étrangers.
M. Yves-Marie BERCÉ a été élu le 30 novembre 2007 au siège de Pierre Amandry. Il était membre correspondant depuis 2001. Après avoir été conservateur aux Archives nationales, Yves-Marie Bercé a enseigné dans différentes universités avant d’être nommé à la Sorbonne dont il est professeur émérite. Il a été directeur de l’École des Chartes de 1993 à 2001. Il est Président de la Société d’Études du XVIIe siècle. Auteur de nombreux ouvrages, il est spécialiste de l’histoire des institutions, des comportements politiques et des mouvements sociaux, notamment des révoltes paysannes. Il est aussi connu pour ses recherches sur l’histoire des maladies et de leurs représentations.
M. Franciscus VERELLEN a été élu le 8 février 2008 au siège de Paul Garelli. Il était correspondant depuis 2006. Il est né le 10 octobre 1952. Directeur d’études à l’École pratiques des Hautes Études depuis 1991, il est actuellement directeur de l’École française d’Extrême-Orient. Sinologue de réputation internationale, ses travaux sur le taoïsme font autorité, ainsi que ses études sur des cultures régionales et tout particulièrement sur le Sichuan. Il a été aussi successivement responsable des centres de l’EFEO à Taipei et à Hong Kong. Il a dirigé avec K. Schipper, la monumentale publication en 2004 des 3 volumes The Taoist Canon : a historical Companion to the Daozang.
M. Paul GOUKOWSKY, né le 2 juin 1938, a été élu le 14 mars 2008 au fauteuil de Colette Caillat. Il était correspondant depuis 1997. Professeur à l’Université de Nancy II, il est un helléniste reconnu à la fois comme historien et philologue. Ses éditions des œuvres d’Appien et de Diodore de Sicile font autorité, tout comme ses travaux sur l’histoire des Macédoniens et d’Alexandre le Grand. À la suite de sa thèse d’État il a publié un ouvrage de référence intitulé : Essai sur les origines du mythe d’Alexandre (336-270 av. J.-C.) en 1978 et 1981.
Quatre associés étrangers ont été également élus.
M. Pierre DUCREY, de nationalité suisse, a été élu le 18 avril 2008. Il était correspondant étranger depuis 2002. Ancien directeur de l’École suisse d’archéologie en Grèce et professeur honoraire à l’Université de Lausanne dont il fut le recteur de 1987 à 1995, Pierre Ducrey est un helléniste à la fois historien, épigraphiste et archéologue. Il a conduit notamment des fouilles en Érétrie. Il est très connu pour ses travaux sur la sociologie de la guerre dans la Grèce ancienne.
M. Agostino PARAVICINI-BAGLIANI, de nationalité suisse, a été également élu le 18 avril 2008. Il était correspondant depuis 1999. Ce médiéviste de réputation internationale est professeur à l’Université de Lausanne et président honoraire de l’union académique internationale qu’il a dirigée de 2005 à 2007. Il a publié de nombreux travaux sur l’histoire de la papauté et de la curie pontificale au XIIIe siècle et sur la maison de Savoie aux XIVe-XVe siècles, ainsi que sur l’histoire des sciences et des représentations symboliques du corps au Moyen-Âge.
Le 6 juin 2008, l’Académie a élu comme associé étranger M. Oskar VON HINÜBER, de nationalité allemande. Il était correspondant depuis 2002. Ancien professeur à l’Université de Fribourg-en-Brisgau, il est président de l’International Association of Buddhist Studies. Grand spécialiste du bouddhisme indien et de l’histoire de l’Inde ancienne, il est une autorité dans le domaine de la langue et de la littérature pâlies. Il est l’éditeur du Critical Pali Dictionary et coéditeur de la Pali Text Society basée à Londres.
Également dans sa séance du 6 juin 2008, l’Académie a élu comme associé étranger sa Majesté NORODOM SIHAMONI, roi du Cambodge. Ambassadeur du Cambodge à l’UNESCO de 1981 à 2000, il a été élu roi de son pays le 14 octobre 2004. Diplômé de l’Académie d’art musical de Prague, il a joué et continue à jouer un rôle essentiel pour restaurer les traditions culturelles de son pays tant dans le domaine de la musique et de la danse classique cambodgienne que dans celui du patrimoine culturel, en liaison notamment avec l’École française d’Extrême-Orient dont on connaît les liens étroits avec notre Académie. Le Roi du Cambodge avait manifesté son intérêt à l’égard de notre Académie en participant à sa séance solennelle de rentrée le 24 novembre 2006.
Depuis notre dernière rentrée solennelle, l’Académie s’est réunie 35 fois pour ses séances hebdomadaires publiques au cours desquelles 62 communications et 15 notes d’informations ont été présentées, ainsi que de nombreux hommages d’ouvrages récents offerts à l’Académie. Plusieurs de ces séances publiques se sont déroulées dans le cadre des huit colloques et des cinq journées d’études organisés ou coorganisés par notre Académie.
Il ne nous sera possible que de donner ici un bref résumé d’une activité qui a été particulièrement riche en 2008, grâce à l’engagement de notre secrétaire perpétuel, M. Jean LECLANT, de l’équipe qui l’entoure sous la direction de M. Hervé DANESI, secrétaire général et de tous nos confrères qui ont organisé ou coordonné les nombreuses manifestations qui se sont déroulées tout au long de cette année. Grâce au site Internet de l’Académie régulièrement mis à jour et fort bien illustré, toutes les informations concernant notre Académie, ses séances, ses colloques, ses publications et ses diverses activités sont désormais facilement accessibles. Il est aussi possible de retrouver sur Canal Académie certaines des interventions liées aux activités de notre Académie.
Parmi ces événements citons d’abord le colloque de deux jours consacré, à « Jean MABILLON, entre érudition et histoire culturelle » à l’occasion de son tricentenaire, organisé par notre Académie avec le concours du Laboratoire d’Études sur le Monothéisme, le CNRS et l’École pratique des Hautes Études. Ce colloque, qui réunissait de nombreux chercheurs, a été l’occasion de mieux cerner l’œuvre du célèbre érudit ainsi que la question du monachisme et de l’érudition au XVIIe et au début du XVIIIe siècle.
Le 14 décembre, la séance publique a été placée dans le cadre d’une journée en hommage à Alfred FOUCHER, en collaboration avec la Société asiatique. Les communications ont permis non seulement de mieux connaître l’œuvre de cette grande figure de l’orientalisme, mais aussi d’être informé de découvertes toutes récentes faites par la Délégation Archéologique Française en Afghanistan (DAFA) dont Alfred Foucher avait été le fondateur.
Le vendredi 11 janvier a été consacré à une journée d’hommage à François CHAMOUX, avec le concours du Centre de Recherche sur la Libye antique de l’Université de Paris IV-Sorbonne. Cette journée a contribué non seulement à mesurer l’ampleur de l’œuvre de François Chamoux, membre de notre Académie depuis 1981 et disparu le 21 octobre 2007, mais aussi de présenter des découvertes récentes en Cyrénaïque.
Le 25 janvier, la séance s’est déroulée dans le cadre d’un colloque de deux jours organisé conjointement par notre Académie et le Collège de France, dont le thème était : « Image et conception du monde dans les écritures figuratives ». Américanistes et orientalistes ont pu ainsi traiter de la question de l’usage de l’image comme vecteur de sens au sein même de l’écriture.
Le 28 mars, la IVe journée d’études nord-africaines, organisée par notre Académie et par la Société d’Étude du Maghreb préhistorique, antique et médiéval (SEMPAM) a porté sur « Les monuments et les cultes funéraires ». Des exposés présentant souvent des découvertes récentes ont permis de faire le point sur la question des modes funéraires dans l’espace nord-africain de la Protohistoire à la période médiévale.
L’AIBL a aussi participé à l’organisation du VIe colloque international sur « l’ecdotique des textes médicaux grecs : réception et traduction » dont deux sessions se sont déroulées à l’Institut le vendredi 11 avril, avec le concours de spécialistes du monde entier dont plusieurs participent à un projet engagé, il y a vingt ans, de publication des principaux textes des grands médecins de l’Antiquité grecque et byzantine.
Soucieuse de son rôle dans le domaine des relations culturelles internationales, l’AIBL a tenu à s’associer aux manifestations célébrant le 150e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Japon et la France, en organisant le 23 mai une journée France-Japon à l’Institut. À cette occasion, M. Yutaka Iimura, ambassadeur du Japon en France, a prononcé une allocution, précédant tout un ensemble de communications centrées sur divers aspects des fructueux échanges culturels entre le Japon et la France depuis 150 ans.
Le 20 juin, l’AIBL a organisé une journée d’études anglo-normandes réunissant des spécialistes philologues et historiens de la langue et de la littérature française d’Angleterre, dont plusieurs collaborent au grand programme d’éditions de l’Anglo-Norman Text Society, qui a d’ailleurs fait l’objet d’une discussion à la session du matin.
L’AIBL a aussi participé, conjointement avec le Collège de France, à l’organisation d’un colloque de deux jours au Collège de France et à l’Institut intitulé « Paul PELLIOT (1876-1945). De l’histoire à la légende ». À l’occasion du centenaire de la visite de Pelliot aux grottes de Dunhuang dans le Gansu chinois, de nombreux spécialistes français, d’autres pays d’Europe ainsi que de Chine et du Japon, ont retracé l’œuvre d’un des plus célèbres orientalistes de notre Académie et souligné la place qu’il continue à tenir dans les études actuelles dans le domaine des langues, de l’histoire et de l’archéologie de l’Asie centrale.
Les 10 et 12 octobre, le XIXe Colloque de la Villa Kérylos, organisé pour marquer le Centenaire de la Villa, avait pour thème : « Un siècle d’architecture et d’humanisme sur les bords de la Méditerranée. La Villa Kérylos, joyau d’inspiration grecque et lieu de mémoire de la culture antique », sous la présidence de Jean LECLANT, conservateur de la Villa Kérylos et secrétaire perpétuel de l’AIBL.
Le 24 octobre, l’AIBL et l’Académie des Sciences d’Outre-Mer ont organisé à l’Institut une séance commune autour des grandes missions scientifiques en Afrique et en Asie, notamment les missions Dutrueil de Rhins et les carnets de route de Paul Pelliot.
Le 7 novembre, le Collège de France et l’AIBL ont organisé dans les locaux du Collège de France, le matin, et l’après-midi à l’Institut, une journée d’étude pour « Dixième anniversaire de la création du fonds Louis Robert de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ». Cette journée a permis de rendre hommage à Louis ROBERT qui fut élu à l’AIBL en 1948 et qui reste un des plus grands savants dans le domaine de l’Antiquité grecque, ainsi qu’à Jeanne Robert, qui légua l’intégralité des archives de son époux à l’Académie. Les communications ont montré l’apport très important de ce fonds aux recherches de plusieurs spécialistes.
Le 8 novembre, un colloque : « Le gouvernement des communautés politiques à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe s.). Entre puissance et négociation : État, ville, finances » a été organisé en l’honneur de notre confrère, M. Albert RIGAUDIERE, conjointement par le Comité pour l’Histoire économique et financière de la France-Université de Paris II-Panthéon et l’AIBL. Une trentaine de chercheurs internationaux ont pu confronter leurs points de vue sur l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs urbains au Moyen Âge.
L’ensemble de ces colloques et journées d’étude permettent à notre Académie de jouer un rôle important dans les problématiques de recherches qu’elle partagent avec les grandes institutions universitaires françaises et étrangères. Quant aux communications et aux notes, elles nous ont donné l’occasion de bénéficier d’informations sur des recherches archéologiques, historiques, linguistiques récentes et souvent inédites qui iront enrichir les Comptes rendus de l’AIBL (CRAI)Parmi les événements de l’année 2008 signalons aussi la participation de l’Académie aux 2èmes « Rencontres du livre de sciences humaines », organisées par la fondation MSH, qui se sont déroulées à l’Espace des Blancs-Manteaux, à Paris du 22 au 24 février. Les derniers ouvrages de l’Académie et le catalogue des publications ont ainsi été présentés aux visiteurs du salon.
Notre Académie a aussi participé à la XXVe journée du patrimoine dont le thème était « Patrimoine et création » en présentant plusieurs épées de membres de notre Académie.
L’honneur de présider l’Institut de France revenait cette année à notre Académie qui a donc été étroitement associée aux événements marquants de ces douze derniers mois, alors que notre confrère, M. Jacques JOUANNA, présidait la commission administrative centrale de l’Institut. Notre Académie a donc présidé la séance solennelle de remises des prix du 11 juin et la rentrée solennelle des cinq Académies, le 21 octobre. Le thème « De l’éducation aujourd’hui » avait été retenu. Notre confrère, M. Franciscus VERELLEN, a bien voulu accepter de nous représenter, en prononçant un discours très remarqué sur : « Éducation en Asie : des enjeux pertinents pour l’Europe ? ».
Le samedi 13 septembre, nous avons eu l’honneur d’accueillir, au côté du chancelier Gabriel de Broglie et des secrétaires perpétuels, Sa Sainteté le Pape BENOIT XVI lors de la visite privée qu’il a effectuée à l’Institut de France.
En plus des séances, 46 commissions se sont tenues depuis décembre 2007, certaines consacrées aux écoles d’Athènes et de Rome, à l’École française d’Extrême-Orient, à l’École biblique de Jérusalem, aux recherches en Afrique du Nord, auxquelles s’ajoutent les commissions administratives et, depuis cette année, la Commission chargée de réviser les statuts qui régissent notre Académie. La grande majorité des commissions, soit 34 d’entre elles, ont été consacrées à l’attribution de prix et de bourses qui seront mentionnés dans la lecture par notre vice-président, M. André VAUCHEZ, du palmarès. Rappelons que parmi ces prix figure le prix Del Duca pour l’archéologie dont le montant annuel est de 200.000€. Signalons aussi qu’en 2008 ont été attribués pour la première fois trois prix annuels de 10.000 € chacun: prix Burkhart pour l’archéologie, prix Plottel pour les études classiques, prix Pirasteh pour les études iraniennes, que nous devons à la générosité des membres de l’Association pour le Mécénat de l’Institut, qui réunit, à l’initiative de M. Joseph Carroll, des donateurs nord-américains sous la présidence du Professeur Jeanine Plottel. M. et Mme Carroll ont décidé de créer, en plus de leur prix annuel en faveur des études asiatiques établi en 2007 en l’honneur du Président Chirac, un nouveau prix de 10.000 €, lui aussi annuel, en faveur des études américanistes dont notre confrère, M. Bernard POTTIER, a bien voulu fixer l’organisation.
Cette année 2008 est aussi marqué par la création par la Fondation Onassis de deux grands prix annuels, l’un pour le Droit et l’autre pour les Belles-Lettres. Ces prix ont été annoncés lors d’une conférence de presse le mardi 28 octobre à l’Institut de France en présence du président de la Fondation, M. Antonis Papadimitriou. Le prix des Belles-Lettres, doté de 250.000€, entend promouvoir un travail exemplaire dans le domaine de l’archéologie, de l’histoire, de la philologie et des Belles-Lettres. Il sera décerné par un jury comprenant diverses personnalités dont plusieurs membres de notre Académie.
Indiquons aussi la création d’une nouvelle fondation pour les « Études littéraires de la France Médiévale », établie par notre confrère de l’AIBL, M. Michel ZINK, avec le montant du prestigieux prix Balzan qui lui a été attribué en 2007. Cette fondation viendra soutenir les actions de l’Association « Études Littéraires de la France Médiévale ».
Chaque année, le Président de l’AIBL rappelle l’ampleur du travail de publication de notre Académie auquel le Secrétaire perpétuel et ses services ainsi que plusieurs de nos confrères consacrent une grande énergie. L’année 2008 est particulièrement riche et il n’est guère possible de donner la liste détaillée de toutes les parutions. Pour les périodiques, deux volumes des Comptes rendus de l’Académie de l’année 2006, soit plus de 1600 pages, ont été publiés, ainsi que deux volumes du Journal des Savants, un volume des Monuments Piot et les Cahiers de la Villa Kérylos 2007 consacré au colloque sur les « Pratiques et discours alimentaires en méditerranée de l’Antiquité à la Renaissance ». Dans le cadre des collections et mémoires, douze ouvrages sont parus, parmi lesquels quatre volumes de la Carte Archéologique de la Gaule, un volume du Corpus des inscriptions de Délos, quatre volumes dans la série des Recueils des Historiens de la France, Documents administratifs et Obituaires, un volume du Recueil des inscriptions syriaques, consacré au Kérala. Un volume de la collection Corpus Vasorum Antiquorum a été consacré aux collections du Louvre. Un ouvrage des Mémoires de l’Académie présente la correspondance de Mikhaïl Rostovtzeff et Franz Cumont, un second a pour titre L’itinéraire de Philippe IV le Bel (1285-1314). Hors collection, une publication réunit les actes d’un colloque consacré aux frères Reinach.
Mais nous savons tous qu’il ne suffit pas de publier, encore faut-il que ces publications de l’AIBL, représentant chaque année un nombre impressionnant de milliers de pages, soient facilement accessibles. La fin de l’année 2007 a vu le démarrage d’un ambitieux plan de mise en ligne des périodiques de l’Académie sur le portail « Persée » (Université de Lyon II). La numérisation des CRAI (1857-2001) soit environ 95.000 pages est en cours. La mise en ligne des années 1951 à 2001 devrait intervenir très prochainement, alors que celle des années 1900 à 1950 est prévue pour l’été 2009. Pour 2010 est prévue la mise en ligne des années 1857 à 1899. Le traitement du Journal des Savants est en cours pour les années 1909 à 2003 soit 28.000 pages, avec une mise en ligne en deux étapes, hiver 2009 et été 2010. Quant aux Monuments Piot, pour les années 1894 à 2003, soit environ 16.000 pages, le traitement de ce périodique débutera en 2009 pour une mise en ligne à partir de la fin 2010. Parallèlement à la mise en ligne des collections de périodiques, l’Académie travaille, depuis janvier 2008, à la constitution d’un index portant sur 150 ans des Comptes rendus de l’Académie (CRAI). Ce travail est actuellement dans sa phase de création des entrées d’indexation touchant à tous les domaines traités dans les communications depuis 1857. Un groupe de réflexion, constitué de membres et de correspondants de l’Académie, sous la présidence de M. Bernard POTTIER, valide régulièrement le travail effectué. En juillet 2009 on escompte que cette nomenclature sera établie et que l’indexation portant sur quelque 15.000 articles pourra commencer à la fin de l’année 2009.Parmi les autres réalisations importantes de cette année 2008, signalons la création d’un catalogue en ligne des archives de l’archéologie qui sont conservées dans trois endroits distincts à l’intérieur de l’Institut. Tout d’abord les documents que possède notre Académie dans son Fonds des Archives consistent notamment en registres de séances, en papiers de commissions et de fondations. Ils comprennent aussi des dossiers documentaires sur les académiciens, des fonds et des papiers d’érudits, par exemple le fonds René Dussaud. Les Fonds de la Bibliothèque de l’Institut de France (département des manuscrits), réunissent de nombreux documents archéologiques, des relevés, des dessins, des photographies, des estampages et les papiers d’académiciens archéologues d’Ernest Renan à Jérôme Carcopino. À cet ensemble s’ajoutent les Fonds d’archives de l’Académie des Sciences: communications, mémoires, notes et lettres envoyées à cette Académie concernant en majorité la paléontologie, puis les études de sciences et de techniques antiques, l’Égypte, le continent américain et les îles Canaries, et l’archéologie moderne. Le catalogue des archives archéologiques, qui sera mis en ligne en 2009, permettra sur le site de l’AIBL des recherches par personnes, lieux géographiques, année et type de document. Dans le souci de ne pas alourdir cette séance, ce bilan 2008 des activités de l’AIBL est forcément succinct et ne rend pas pleinement justice à tous ceux qui en ont été les acteurs. N’oublions pas les actions de confrères comme M. Jean-Pierre BABELON, président de la Fondation Jacquemart-André, qui a organisé de si belles expositions en 2008, notamment celle, tout à fait remarquable, consacrée à Van Dyck, au musée de cette fondation à Paris et d’autres manifestations à l’abbaye de Chaalis, ou celle de M. Georges LE RIDER, au Manoir de Kerazan, dans le cadre de la Fondation Astor.
Néanmoins nous espérons que ce bref aperçu donnera une idée de l’ampleur des actions que mène notre Académie, héritière d’une tradition scientifique pluri-centenaire, mais toujours en étroite relation avec les problématiques de la recherche actuelle. Dans les périodes de difficultés budgétaires, comme c’est le cas actuellement, on voit réapparaître avec plus de force encore qu’en temps ordinaire, les remises en cause de la place et des moyens à accorder à toutes les disciplines qui contribuent à montrer que le monde actuel ne peut être analysé et compris qu’en tenant aussi compte de son épaisseur temporelle. Par ses actions, forcément limitées, mais qu’elle peut mener en toute indépendance, grâce à des donateurs généreux dont certains sont parmi nous aujourd’hui, notre Académie doit continuer plus que jamais à jouer un rôle fédérateur bien au-delà du cercle forcement restreint de ses membres, de ses associés et de ses correspondants. De nombreux chercheurs et spécialistes, dans les disciplines qui sont du ressort de notre Académie, contribuent remarquablement à son rayonnement par leurs communications, leurs notes d’information, par le rôle qu’ils jouent dans l’organisation de colloques et de diverses réunions scientifiques, qui se matérialisent ensuite dans de multiples publications de l’AIBL. Ils apportent ainsi à cette Académie une belle justification de son action. Nous tenons donc avant la lecture du palmarès par notre vice-président, de l’allocution de notre secrétaire perpétuel et des discours de deux de nos confrères, M.M. Glen BOWERSOCK et Jean-Noël ROBERT, à les en remercier, en espérant que le bilan 2009 que lira mon successeur sera encore plus riche que celui que je viens d’avoir l’honneur de vous présenter.