Fouilles archéologiques Mission archéologique française à Paphos (Chypre)

Présentation

Membre du laboratoire Histoire et Sources des Mondes Antiques (HiSoMA, UMR 5189), Claire Balandier est historienne et archéologue, ancienne élève diplômée de l’École Biblique et archéologique française de Jérusalem, maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l’Université d’Avignon. Spécialiste des fortifications et de l’urbanisme grecs, depuis son HdR, elle s’intéresse à la période des Diadoques en Méditerranée orientale et en particulier à Chypre où les rivalités entre les Successeurs d’Alexandre, puis entre les rois hellénistiques, ont entraîné des changements politiques et culturels importants entre la fin du IV^e siècle et le milieu du II^e siècle av. J.-C. En 2008, elle a co-fondé (avec Éric Morvillez) et dirige depuis cette date la mission archéologique française à (Nea) Paphos. Cette ville, située sur la côte sud-ouest de Chypre, 15 km au Nord-Ouest de l’ancienne Paphos, a été créée vers 300 av. J.-C. sans que son oikiste soit identifié avec certitude: c’est un cas d’étude exemplaire de fondation ex nihilo et de l’impact de celle-ci sur une société insulaire au cœur de la Méditerranée orientale. Sa reconstruction sous Auguste, puis Vespasien, à la suite de séismes, permet aussi d’étudier l’évolution de la ville et de la société chypriote au I^er siècle. À la demande du Département des Antiquités de Chypre, les travaux de la MafaP se sont concentrés sur la colline de Fabrika, qui domine la ville antique au Nord-Est (où Jean Bérard avait réalisé un sondage, infructueux, en 1953) et qui était demeurée hors du site archéologique protégé. Trois programmes de recherches quadriennaux ont été réalisés qui ont révélé un ensemble de carrières et de chambres souterraines hellénistiques, une galerie rupestre et des canalisations alimentant une citerne, le rempart Est, un grand bâtiment à caractère résidentiel romain. Des fouilles réalisées en collaboration avec l’Université de Varsovie ont aussi permis de préciser le plan et la chronologie d’un temple et d’une salle à mosaïques (« triclinium »). Un des apports fondamentaux de la Mission est d’avoir montré que l’enceinte urbaine n’est pas antérieure au milieu du II^e siècle av. J.-C. et qu’elle ne peut donc avoir été érigée ni par le dernier roi autochtone, Nicoclès, ni par Ptolémée, fils de Lagos. 

Le 4ᵉ programme de recherches, initié en 2023, intitulé « De Nea Paphos à Paphos Claudia Flavia : de la ville ptolémaïque à la refondation impériale », s’intéresse à préciser le tracé de l’enceinte. Après avoir réalisé, en 2023, plusieurs sondages sur les remparts Ouest et Sud, c’est la jonction entre les remparts Est et Nord que l’on recherchera en 2024. De plus, pour préciser si le fossé protégeant la porte Nord-Ouest était alimenté par la mer et renforcé par un proteichisma, on effectuerait un sondage et une prospection radar, en collaboration avec l’Université de Chypre (A. Sarris), ainsi que des carottages géomorphologiques en collaboration avec l’Université d’Aix-Marseille et l’EPHE (C. Morhange). Ces opérations entrent dans le programme n^° 6 du quinquennal 2022-2026 de l’École française d’Athènes consacré à l’enceinte urbaine de Nea Paphos, co-porté par C. Balandier et M. Guintrand en collaboration avec le Département des Antiquités de Chypre (E. Raptou) et l’Université de Chypre (D. Michaelides). On reprendra aussi la fouille du bâtiment à caractère résidentiel romain au Nord de la colline de Fabrika. Le déplacement du chemin d’accès qui recouvre l’aile orientale du bâtiment va permettre d’entamer la fouille de la pièce 9 qui fait l’angle avec l’aile Sud, dont la porte d’accès est visible en coupe. L’objectif est de préciser le plan et la chronologie de cet édifice du Ier siècle érigé sur des constructions plus anciennes et son lien avec le réseau hydraulique. L’étude des systèmes d’adduction d’eau variés mis au jour va être poursuivie afin de préciser leur fonctionnement, leur datation et leur tradition culturelle (sondages sur le tracé de l’aqueduc et exploration des galeries souterraines, possible reliquat d’hyponomes de type alexandrin). On achèvera la fouille de la chambre souterraine n^° 5 où ont été identifiés des aménagements à caractère cultuel, puis on reprendra un sondage ouvert dans l’espace 7, au pied de l’exèdre décorée d’une coquille rupestre surmontant trois niches. Enfin, on commencera le traitement du mobilier issu du sondage réalisé en 2022 à travers le remblai de la grande carrière hellénistique pour en préciser la datation et l’origine (fragments de moules de flans monétaires, céramiques à parois fines, fragments d’amphore panathénaïque, etc.).  

Trois colloques ont été co-organisés par la MafaP avec le Département des Antiquités de Chypre : 

Cl. Balandier dir., Nea Paphos. Fondation et développement urbanistique d’une ville chypriote de l’antiquité à nos jours. Études archéologiques, historiques et patrimoniales, actes du colloque international, en collaboration avec le Département des Antiquités de Chypre, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, 30 octobre-1^er novembre 2012, éditions Ausonius, collection « Mémoires » n°43, Bordeaux, 448 p. 

Cl. Balandier, D. Michaelides et E. Raptou éd., Nea Paphos et l’Ouest de Chypre. Actes du 2ᵉ colloque international sur Paphos tenu à Paphos, 11-15 Octobre 2017, organisé par le Département des Antiquités de Chypre, l’Université d’Avignon et l’Université de Chypre, « Mémoires », Ausonius Éditions, Bordeaux, à paraître.