Fouilles archéologiques Programme Uacúsecha « Aux origines du royaume tarasque, Michoacán, Mexique »

Programme Uacúsecha « Aux origines du royaume tarasque, Michoacán, Mexique »

À l’arrivée des Espagnols, la civilisation tarasque dominait une grande partie de l’Ouest mexicain (Michoacán et territoires limitrophes du Jalisco). Les Tarasques étaient organisés en un état puissant, rival de l’empire aztèque et dont ils avaient arrêté l’expansion vers l’ouest. Peu connus du grand public, ils sont pourtant les inventeurs d’une des civilisations majeures de la Mésoamérique postclassique.

 

D’après la Relation de Michoacán, un manuscrit élaboré en 1540, la naissance du royaume tarasque serait intimement liée à l’histoire des Uacúsechas, un groupe nomade arrivé dans la région de Zacapu aux alentours du XIIIe siècle. C’est précisément sur cette région que portent les recherches de notre projet qui visent à comprendre les changements démographiques, sociopolitiques et culturels marquant la période considérée. En contrepoint de l’histoire officielle livrée par les chroniques du XVIe siècle, le projet Uacúsecha s’intéresse à la genèse du royaume tarasque en interrogeant ses manifestations archéologiques. Le programme, débuté en 2010, s’intéresse plus particulièrement à un phénomène essentiel : la coïncidence entre l’arrivée présumée des Uacúsechas dans la région et l’émergence d’un phénomène urbain inédit centré sur la zone volcanique du Malpaís de Zacapu. Ces établissements précèdent chronologiquement le développement du royaume tarasque dont la dernière capitale, Tzintzuntzan, se situait dans le bassin de Pátzcuaro.

 

Ces recherches, résolument interdisciplinaires, mettent à profit un large spectre de méthodes à la disposition de l’archéologie : géomatique, prospection géophysique, télédétection LIDAR, archéozoologie, anthropologie biologique, analyses isotopiques, paléogénétique, archéomagnétisme, géoarchéologie…

 

Vivre sur le Malpaís aux XIIIe-XIVe siècles

L’implantation des Uacúsechas sur les coulées volcaniques du Malpaís marque un changement majeur dans l’histoire régionale. Les complexes urbains datés aux XIIIe-XIVe siècles constituent donc un contexte privilégié pour comprendre la société et évaluer dans quelle mesure elle préfigure celle des Tarasques du XVIe siècle. C’est sur le site de Malpaís Prieto que les recherches se sont concentrées. L’établissement a fait l’objet d’une cartographie détaillée systématique qui a mis en évidence l’organisation d’un millier d’habitations concentrées sur 37 ha, ce qui fait de ce site une des concentrations urbaines les plus denses de Mésoamérique. Ces habitats se structuraient autour de 13 centres cérémoniels comportant pyramides, autels et maisons rituelles communautaires.

 

Les nombreuses fouilles conduites ont permis d’étudier plusieurs habitats ainsi que le sanctuaire principal. Les résultats offrent des données inédites sur les modes de vie des occupants du site et leur économie. Ces questions sont d’autant plus importantes que la coulée sur laquelle est établi le site n’offre que très peu de ressources. La découverte d’une zone funéraire dans l’enceinte du sanctuaire principal a révélé des traitements mortuaires complexes et les vestiges osseux fournissent des informations nouvelles sur la biologie et les conditions de santé des habitants.

 

 

Migrations et évolution des territoires

En Mésoamérique, la période postclassique (900-1521 apr. J.-C.) a été souvent marquée par des changements drastiques dans les systèmes de peuplement et dans les modes d’organisation sociale. Ces derniers sont généralement attribués à des mouvements de population dont les chroniques du XVIe siècle se font l’écho. L’émergence des cités du Malpaís doit être comprise dans le cadre de ces épisodes migratoires.

Afin de replacer les ensembles urbains du Malpaís dans une perspective plus large, des prospection et des sondages sont conduits dans les espaces avoisinant le Malpaís. Ces recherches s’appuient sur des techniques diverses favorisant la détection (imagerie satellitaire, télédétection LIDAR, prospection géophysique) et la cartographie des sites (relevés GPS et à la station totale, SIG). Elles ont permis la découverte de nombreux sites nouveaux qui complètent, avec un degré de finesse inégalée, la carte archéologique de la zone. Enfin, l’analyse des marqueurs géochimiques et paléogénétiques conservés dans les os et les dents doivent permettre de tracer les mobilités des populations.

Responsable : Grégory Pereira

Directeur de Recherche au CNRS, UMR 8096« Archéologie des Amériques » CNRS/Université Paris 1. Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie (Nanterre)


Légendes des images

  1. Vue aérienne du site de Malpaís Prieto (Michoacán, Mexique) établi sur le flanc d’une coulée volcanique holocène (photo Grégory Pereira, ©Projet Uacusecha)
  2. Fouille d’un groupe d’habitats du site de Malpaís Priero (photo Guillaume Roux, ©Projet Uacusecha)
  3. Fouille d’une urne funéraire du site de Malpaís Prieto (photo Guillaume Roux) et exemple de céramiques funéraires (photos Elsa Jadot) ©Projet Uacusecha

 


Informations complémentaires

Institutions scientifiques partenaires :

 

Financements

 

Collaborateurs

  • Dominique Michelet (UMR 8096, CNRS)
  • Véronique Darras (UMR 8096, CNRS)
  • Faugère, Brigitte (UMR 8096, université de Paris 1)
  • Michelle Elliott (UMR 7041, université de Paris 1)
  • Nicolas Latsanopoulos (Bureau de l’archéologie, Conseil général de Seine-Saint-Denis)
  • Luis Barba (UNAM, IIA, Mexique)
  • Agustín Ortíz (UNAM, IIA, Mexique)
  • Jorge Blancas (UNAM, IIA, Mexique)
  • Isabel Medina (ENCRyM, INAH, Mexique)
  • Laura Suárez Parellón (ENCRyM, INAH, Mexique)
  • Annick Chauvin (UMR 6118, université de Rennes 1)
  • Claus Siebe (UNAM, Mexique)
  • Christina Siebe (UNAM, Mexique)
  • Marion Forest (post-doctorat, ANR Mésomobile)
  • Elsa Jadot (doctorante, université de Paris1)
  • Isaac Barrientos (master Estudios mesoamericanos UNAM)
  • Osiris Quezada (master Estudios mesoamericanos UNAM)
  • Aurélie Manin (post-doctorat,MNHN, France)
  • Antoine Dorison (doctorant, université de Paris1)
  • Mélaine Stévanato (doctorante, université de Paris 1)