Membre 2023
Miklós Szabó
Né à Szombathely (Hongrie), le 3 juillet 1940, Miklós Szabó, qui avait été nommé correspondant étranger de l’Académie, le 31 mai 2002, à la place de Boris MARSHAK, alors devenu associé étranger, s’est éteint, à Budapest, le 20 décembre 2023, à l’âge de 84 ans.
Archéologue, spécialiste de la Protohistoire de l’Europe, du monde celtique et des relations entre ce dernier et la civilisation gréco-romaine, Miklós Szabó fut conservateur du département des Antiquités grecques et romaines du musée des Beaux-Arts de Budapest (1975), puis directeur général adjoint de ce musée (1984-1987) et professeur d’archéologie classique et protohistorique (1989), puis recteur, de 1993 à 1996, à l’Université Eötvös Loránd, dont il dirigea ensuite l’Institut archéologique. Grand ami de la France, il fut également chercheur associé à l’École française d’Athènes, de 1970 à 1978, et resta, tout au long de sa carrière, en relations constantes avec les institutions françaises : comme directeur d’études invité à la IVe section de l’École pratique des Hautes Études (1980-1981), comme professeur invité au Collège de France (1989), où il fut, plus tard, titulaire de la chaire annuelle internationale en 2000-2001, comme chercheur associé au laboratoire AOROC (Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident) de l’École Normale Supérieure. Il participa à de nombreuses fouilles en France, notamment au Mont-Beuvray (Bibracte), dont il était l’un des plus savants connaisseurs. La bibliographie de Miklós Szabó compte plus de 500 articles et plusieurs dizaines d’ouvrages. Il était le directeur de l’édition de la série du Corpus of Celtic Finds in Hungary.
haute notoriété de ses travaux lui avait notamment valu de nombreuses marques de distinction à travers le monde ; membre correspondant du Deutsches Archäologisches Institut, docteur honoris causa des Universités de Bourgogne et de Bologne, il était membre de l’Académie hongroise des Sciences, correspondant de la Reial Academia de Bones Lletres de Barcelone et membre honoraire de la Société archéologique d’Athènes. Il fut l’un des co-directeurs responsables de la grande exposition internationale sur les Celtes organisée au Palazzo Grassi de Venise en 1989-1991.
Philippe Gignoux
Né à Solaize (Isère), le 1er mars 1931, l’orientaliste Philippe Gignoux, qui avait été nommé correspondant de l’Académie, le 17 mars 2000, est décédé dans sa ville natale, le 24 septembre, à l’âge de 92 ans.
Après avoir passé plusieurs années dans la vie religieuse, notamment au Kurdistan irakien, où il se spécialisa dans les études syriaques, Philippe Gignoux s’orienta, à la suite de sa rencontre avec Jean de Menasce, vers les études iraniennes, en premier lieu la langue pehlevie et l’histoire du zoroastrisme.
En 1970, il lui succéda dans la chaire « Religions de l’Iran ancien » de l’École pratique des Hautes Études, Ve section, où il enseigna pendant trente ans. Il laisse une œuvre considérable, qui compte notamment des éditions avec traductions de grands textes de la littérature religieuse pehlevie (L’Anthologie de Zâdspram, Le Livre d’Ardâ Virâz, les inscriptions du mage Kerdir).
Fondateur de la revue Studia Iranica qu’il dirigea longtemps, il fut aussi l’un des initiateurs de la Societas Iranologica Europaea, qu’il présida de 1987 à 1991. Il dirigea, de 1991 à 2004, le programme « Collection des sources pour l’histoire de l’Asie centrale pré-islamique » soutenu par l’Union académique internationale (UAI).
Olivier PICARD
Né à Bernay, dans l’Eure, le 4 mars 1940, Olivier PICARD, qui avait été élu membre de l’Académie le 24 avril 2009, au fauteuil de François CHAMOUX, est décédé à Thasos, en Grèce, le 1er septembre 2023, à l’âge de 83 ans.
Il assumait conjointement, au moment de sa disparition, les charges de Président de l’Académie et de Président de l’Institut de France pour 2023. Helléniste et historien du monde grec, tout à la fois archéologue, épigraphiste et numismate, Olivier PICARD était aussi le spécialiste par excellence du site grec de Thasos. Il avait conduit des fouilles remarquables à Latô, en Crète, à Xanthos, en Turquie et à Samosate ; il avait également participé aux travaux de la mission archéologique française d’Apollonia en Albanie et à ceux du Centre d’Études alexandrines dirigé alors par Jean-Yves EMPEREUR. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé d’histoire, ancien membre de l’École française d’Athènes (EFA) et docteur ès lettres, Olivier PICARD avait suivi une carrière rectiligne.
Directeur honoraire de l’EFA, aux destinées de laquelle il présida de 1981 à 1992, à la faveur de deux mandats consécutifs, professeur émérite à la Sorbonne, il avait aussi animé la Maison de l’Archéologie à Nanterre, lancée par ses soins en 1996.
Savant infatigable, auteur d’une œuvre scientifique abondante, Olivier PICARD était un homme généreux de son temps, qui organisa de nombreuses manifestations internationales, et notamment les cérémonies du Centenaire de la grande fouille de Delphes de l’EFA en 1992 ; il était, au vrai, l’un des grands spécialistes de l’œuvre scientifique et de l’histoire administrative et politique de l’École française d’Athènes depuis ses origines. Représentant de l’Académie au sein des conseils d’administration et scientifique de l’EFA, très actif, et durant de longues années, au sein de la commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger du ministère des Affaires étrangères, il siégeait dans de très nombreuses commissions de l’AIBL, sa commission des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, bien sûr, mais aussi sa commission des recherches archéologiques ou bien encore dans le jury du grand prix d’archéologie de la fondation Simone et Cino Del Duca, sans oublier tant de commissions de prix.
Membre de nombreuses sociétés savantes, il avait été le président de la Société française de Numismatique et de l’Association des Études grecques.
Zaza Aleksidzé
Né, à Telavi (Géorgie), le 18 octobre 1935, Zaza Aleksidzé, qui avait été nommé correspondant étranger de l’Académie, le 27 mai 2011, à la place d’Oscar Botto, s’est éteint, à Tbilissi, le 24 janvier 2023, à l’âge de 87 ans.
Membre de l’Académe des Sciences de Géorgie, dont il dirigea l’Institut des Manuscrits, et professeur à l’Université de Tbilisi, Zaza Aleksidzé était tout à la fois épigraphiste, codicologue, philologue et historien. C’était un spécialiste des cultures écrites du Caucase. Ses premiers travaux avaient porté sur des chroniques arméniennes, concernant les relations religieuses dans le Caucase chrétien. Ses recherches sur les manuscrits géorgiens du monastère de Sainte-Catherine du Sinaï, qu’il mit au jour en 1991, lui valurent une haute réputation internationale, et plus particulièrement son identification et son déchiffrement, dans deux palimpsestes sinaïtiques dont il donna la primeur de la découverte à l’Académie, d’une écriture ancienne du Caucase, qui avait disparu depuis un millénaire, celle de l’albanien – ce qui lui a permis d’apporter des connaissances historiques nouvelles sur une culture qui avait fleuri jusqu’à l’expansion de l’islam. Outre sa publication de ces palimpsestes dans un corpus, en 3 vol., édités, en 2008-2010, avec M. Jean-Pierre MAHÉ, membre de l’AIBL, J. Gippert et W. Schulze, dans la série ibérocausasienne des Monumenta paleographica Medii Aevi, l’on mentionnera également le recueil d’articles, paru en son honneur, à Tbilissi, en 2021, sous le titre : The Caucasus between East and West. Historical and Philological Studies in Honour of Zaza Aleksidze.