Séances 9 décembre 2022

Résumé de la communication du 9 décembre 2022 de M. Jaime Sepulcre Samper : « Nouveaux matériaux sur le fonds saadien de l’Escorial : Le procès contre Jean-Philippe de Castelane et ses hommes ».

 

La capture par les Espagnols, en 1612, du Notre Dame de la Garde, navire français en route vers Marseille, chargé de manuscrits appartenant au sultan du Maroc, est largement documentée. Bien qu’en plus petit nombre, des sources témoignent aussi des pourparlers qui débouchèrent sur le transfert ultérieur des manuscrits à l’Escorial.

Dans les Sources inédites sur l’histoire du Maroc, Henry de Castries a publié un matériel abondant conservé dans les archives et bibliothèques de France et des Pays-Bas sur les tentatives de Mulāy Zaydān pour récupérer ses manuscrits. Pour l’Espagne, la période couverte s’arrête en 1578. Un volet de cette histoire restait donc jusqu’à aujourd’hui dans la pénombre.

La découverte récente, dans les archives de l’Alcázar de Ségovie, des actes du procès que les autorités espagnoles avaient instruit contre l’équipage du Notre Dame de la Garde et Jean Philippe de Castelane, consul de France au Maroc et propriétaire du navire, vient combler en partie cette lacune. Parmi les matériaux trouvés, les actes du procès sont sans doute le document le plus précieux. Ils permettent de donner une nouvelle lecture des événements qui ont entouré la capture et des motivations des acteurs espagnols de l’histoire. Les papiers que Castellane avait sur lui sont également très intéressants.

À cette découverte s’ajoute l’identification dans les archives de Simancas d’un corpus de lettres dont l’intérêt est double. D’une part, certaines documentent l’importance que les officiers de l’Armada et Philippe III lui-même attachèrent aux manuscrits dès leur capture, décrite par le capitaine qui la dirigea à l’intention du roi. D’une autre, le procès-verbal se trouve à son tour soudainement enrichi par une pléthore d’informations obtenue d’autres lettres.

Ces nouveaux documents constituent un apport significatif sur les origines du fonds arabe de l’Escorial, mais aussi sur un épisode des relations internationales du début du XVIIe siècle.