Manifestations De Watteau à Fragonard

De Watteau à Fragonard

Musée Jacquemart-André 14 mars-21 juillet 2014.

M. Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du musée Jacquemart-André, a reçu lundi 19 mai, un groupe d’Académiciens pour une visite de l’exposition intitulée « De Watteau à Fragonard, les fêtes galantes » dont il est l’un des commissaires.

La programmation du musée, souvent en lien étroit avec la mémoire des premiers propriétaires du lieu, Nélie Jacquemart et Édouard André, ne déroge pas à cette tradition avec une exposition mettant à l’honneur la peinture française du XVIIIe siècle tant appréciée du couple. La soixantaine d’œuvres exposée, provenant d’importantes collections européennes et américaines, explore le genre pictural de la fête galante, des scènes élégantes et légères dans un décor champêtre, qui connut un succès dépassant les frontières françaises.

Le maître du genre fut Antoine Watteau (1684-1721) dont les toiles accueillent le visiteur dans la première salle. À partir du souvenir des pastorales vénitiennes et flamandes, Watteau met en scène, avec la fantaisie qui le caractérise, les jeux amoureux et les plaisirs frivoles tels que les bals dans un décor délicat et raffiné, toujours en plein air. Dans son commentaire des œuvres du peintre, M. Nicolas Sainte Fare Garnot a souligné l’ambiguïté commune à ces toiles dont le sujet n’est jamais que suggéré. Le succès immédiat de ce genre pictural est couronné par la réception de Watteau à l’Académie des Beaux-Arts en 1717 avec Le pèlerinage à l’île de Cythère, un thème qui traverse toute son œuvre.

La relève est assurée par des artistes tels que Jean-Baptiste Pater (1695-1736) qui fut le seul véritable élève de Watteau, ou Nicolas Lancret (1690-1743) qui s’inspirent du maître tout en introduisant des thématiques nouvelles qui enrichissent le genre comme un érotisme plus affirmé ou l’ancrage dans une réalité mondaine, immédiatement identifiable de tous. Parmi les œuvres exposées, l’auditoire n’aura pas manqué de remarquer celle de Gabriel de Saint-Aubin auquel on doit le dessin signalé précisément par M. Nicolas Sainte Fare Garnot et récemment acquis par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et la Bibliothèque de l’Institut, représentant une séance de l’Académie en 1773.

Pour en savoir plus sur ce sujet, voir la communication, lue dans la séance du 10 janvier 2014, de M. Jean-Pierre Babelon, La salle d’assemblée de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres au Louvre d’après un dessin de Gabriel de Saint-Aubin daté de 1773.)

Le genre connaît ses derniers représentants avec François Boucher (1703-1770) et Honoré Fragonard (1732-1806) qui le portèrent à son apogée, le teintant d’exotisme et même d’ironie. On doit à ce dernier des cycles monumentaux où le jeu amoureux s’installe dans une nature luxuriante. La fin des fêtes galantes est marquée par le rejet de la comtesse du Barry de sa commande auprès de Fragonard du cycle des Progrès de l’amour, aujourd’hui conservés dans la Frick Collection de New York et dont deux esquisses préparatoires sont exposées ici.

Commissaires de l’exposition : M. Christophe Martin Vogtherr, Mme Mary Tavener Holmes et M. Nicolas Sainte Fare Garnot.

Plus d’informations sur le site du musée et sur le site dédié

Catalogue de l’exposition : De Watteau à Fragonard, les fêtes galantes, Culturespaces / Fonds Mercator, 2014.