Séances Séance du 14 juin 2019

– Communication de M. Nicolas Richer, Professeur à l’École normale supérieure de Lyon, sous le patronage de M. Laurent PERNOT : « Le projet politique évolutif de Xénophon ».

Résumé  : Les conceptions politiques de l’Athénien Xénophon (circa 425-350 av. J.-C.) ont souvent été mal comprises ou taxées d’inconséquence : la présente communication vise à faire apparaître leur cohérence profonde, qui s’enracine dans une vie et dans une pensée.D’après l’Anabase et les Helléniques, Xénophon a connu personnellement un nombre important de Spartiates (au moins 75) vers 400-395, alors même que Sparte était frappée d’oliganthropie. Bien connu à Sparte, il y a occupé la place d’un expert compétent dans les affaires d’Asie Mineure, un théâtre d’opérations où les autorités – notamment le roi Agésilas – se réservaient la possibilité d’intervenir pour libérer les Grecs dépendant des Perses. Des silences de Xénophon sur des données géographiques sont révélateurs d’un souci de taire des indications précieuses.Devenu aussi un expert des affaires de Sparte, Xénophon a pu, un temps, considérer que cette cité présentait un modèle social, politique et militaire dont l’efficacité signalait la valeur. Mais Xénophon a été indigné par la prise de la citadelle de Thèbes, par trahison, en 382. Cet événement, à son sens, est à l’origine de la catastrophe militaire de Leuctres (371) du fait de la volonté des dieux, et empêche de continuer à voir dans les Spartiates des modèles.Sans doute Xénophon reste-t-il favorable à une action contre les Perses, qu’il présente avec faveur dans l’Agésilas, nécessairement postérieur à la mort du roi en 360. Mais il a aussi constaté qu’en 362, à la bataille de Mantinée, aucune cité grecque n’a pu s’imposer aux autres. Aussi, réaliste, Xénophon devient-il partisan non plus de la guerre et de la conquête mais de la paix, quand il dispense, dans les Revenus, des conseils aux Athéniens : le choix de cette nouvelle voie lui paraît le plus propre à assurer la prospérité, ce qu’il appelle en philosophe le « bonheur » (eudaimonia.

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