Séances Séance du 16 octobre 2015
Communication de M. Christopher Jones, correspondant étranger de l’Académie : “Isidore de Péluse en son Temps”.
Résumé : Isidore de Péluse, qui vécut de 360 à 440 environ, était l’auteur de plus que deux mille lettres, suffisantes pour remplir tout un volume de Migne. De celles-ci moins qu’un quart ont bénéficié d’une édition moderne, et on a souvent ignoré leur auteur dans des études sur l’Égypte du cinquième siècle. Ses lettres constituent un véritable trésor d’informations sur la survivance du paganisme et de la culture classique, sur l’administration de l’empire et de l’église, et sur la prosopographie et l’histoire politique et sociale. Ayant reçu une bonne éducation classique, Isidore connaissait bien les auteurs grecs, d’Homère jusqu’à Libanius. Après avoir enseigné comme sophiste local, il fut ordonné prêtre, mais par raison de son tempérament fougueux il se trouva banni à un monastère situé dans la périphérie de Péluse. Celle-ci était une ville importante située à la bouche orientale du Nil, jouissant de relations suivies et avec les villes de l’Égypte et avec Constantinople. Les centaines de lettres envoyées par Isidore de sa cellule ont pour sujet la moralité, l’interprétation biblique, et la condition de l’église de Péluse. Ses correspondants comptent l’empereur Théodose II, plusieurs Préfets du Prétoire et gouverneurs de la province, et beaucoup de fonctionnaires mineurs. Des deux lettres adressées à l’empereur lui-même, l’une lui recommande à employer les richesses impériales d’une façon plus généreuse. La seconde, sur le Concile tenu à Éphèse en l’an 431, l’exhorte à empêcher ses agents de s’en mêler des délibérations. Enfin, une lettre énigmatique semble viser un traité de paix conclu entre Constantinople et un pouvoir étranger. Elle peut avoir pour sujet les négociations menées avec les Huns pendant les années 430, et par là elle serait un document inaperçu sur les relations avec l’état hunnique au temps du règne d’Attila.
Mots clés : Isidore, Éphèse, Huns, Péluse, Théodose II
Abstract : Isidore of Pelusium lived from about 360 to 440, and was a prodigious letter writer, whose corpus of letters numbers more than two thousand, and fills a whole volume of Migne’s Patrologia. Less than a quarter of these have received a modern edition, and Isidore has often been ignored in studies of fifth-century Egypt. The letters are a rich source of information for the persistence of paganism and classical culture, the administration of the empire and the church, prosopography and social and political history. Isidore received a full classical education, and is familiar with pagan authors from Homer to Libanius. After a period as a local sophist, he was ordained a priest, but his fiery temperament caused him to be banished to a monastery on the outskirts of Pelusium. This was a major city on the easternmost branch of the Nile, and in constant contact both with cities of Egypt and with Constantinople. From here Isidore wrote hundreds of letters discussing problems of morality, questions of biblical interpretation, and the state of the church in Pelusium. His correspondents include the emperor Theodosius II, several Praetorian Prefects and governors of his province, and many lesser dignitaries. Two of his letters are directly addressed to the emperor. One reminds him to be more generous in spending imperial wealth. Another concerns the Council of Ephesus in 431, and urges him not to prevent his agents form intervening in the proceedings. Finally, an enigmatic letter appears to refer to a peace-treaty between Constantinople and a foreign power. This letter is perhaps to be connected with negotiations between Constantinople and the Huns in the 430’s, and is perhaps an unnoticed document for Roman relations with the Huns early in the reign of Attila.
Keywords: Isidore, Ephesos, Huns, Pelusium, Theodosius II