Séances Séance du 16 octobre 2020

– Note d’information MM. Lino Leonardi, professeur à l’Université de Sienne, et Richard Trachsler, professeur à l’Université de Zurich, sous le patronage de M. Michel ZINK, secrétaire perpétuel de l’Académie : « La première édition d’un vieux roman. Le Cycle de Guiron le Courtois, première étape ».

Résumé : Comme le rappelle son nom, le roman est né au Moyen Age, en même temps que les langues romanes. C’est sans doute même la contribution majeure de la littérature médiévale, en particulier française, à la culture littéraire occidentale. Si quelques titres, comme Tristan et Yseut, sont encore familiers au grand public et lus au moins en traduction, d’autres, faute d’édition, restent mal connus même des spécialistes. 

C’est le cas de l’énorme cycle romanesque de Guiron de le Courtois, qui a été écrit avant 1240, a largement circulé au Moyen Age, avant d’être traduit en italien et imprimé plusieurs fois au XVIe siècle, mais jamais depuis. Après près d’un demi millénaire, paraissent aujourd’hui les premiers volumes de la première édition critique de cet ensemble romanesque. Ce délai exceptionnellement long s’explique, certes, par l’ampleur des romans qui forment le cycle, mais, surtout, par son extraordinaire foisonnement manuscrit, qui décline la matière en versions différentes, caractérisées par la présence de suites et de raccords de tous genres. Le défi qu’a posé cette galaxie textuelle aux éditeurs a donc été de classer les manuscrits et d’en retracer la généalogie et de proposer, sur cette base, un texte critique de l’œuvre tout en représentant, dans le livre moderne, aussi la diversité de sa tradition textuelle, c’est-à-dire son évolution dans le temps et dans l’espace. La parution des trois tomes avec le Roman de Guiron et sa Continuation pose aussi et surtout la question de savoir en quoi la mise à disposition de 1500 pages d’un roman de la Table Ronde du XIIIe siècle va modifier notre perception et nos connaissances du genre du roman arthurien en prose.

Mots-clés : Littérature médiévale, Roman arthurien, Guiron le Courtois, Édition critique, Manuscrits

Abstract: As its name suggests, romance as a genre was born in the Middle Ages, at the same time as the Romance languages. It is perhaps even the major contribution of medieval literature, in particular French, to Western literary culture. While some titles, such as Tristan and Yseut, are still familiar to the general public and are read at least in translation, others, due to a lack of editions, remain poorly known even to specialists.

This is the case with the enormous fictional cycle of Guiron le Courtois, which was written before 1240, and circulated widely in the Middle Ages, before being translated into Italian and printed several times in the 16th century, but never since. After nearly half a millennium, the first volumes of the first critical edition of this ensemble are now published. This exceptionally long delay is due, of course, to the scale of the novels that make up the cycle, but, above all, by its extraordinary abundance of manuscript, which declines the material in different versions, characterized by the presence of additions and connections of all kinds. The challenge posed by this textual galaxy to the editors was thus firstly to classify the manuscripts and trace their genealogy and then to propose, on this basis, a critical text of the work while representing, in the modern book, the diversity of its textual tradition, that is to say its evolution in time and space. The publication of the three volumes with the Roman de Guiron and its Continuation also, and above all, raises the question of how the availability of 1,500 pages of a 13th century Round Table novel will modify our perception and our knowledge of Arthurian prose romance as a genre.

Key Words: Medieval Literature, Arthurian Romance, Guiron le Courtois, Textual criticism, Manuscripts

– Communication de M. Francis Joannès, sous le patronage de Jean-Marie DURAND : « Les funérailles discrètes des rois néo-babyloniens (626-539 av. notre ère ) ».

Résumé : À la différence de leurs prédécesseurs assyriens et de leurs successeurs achéménides, les rois néo-babyloniens du 6ème siècle avant notre ère, et particulièrement le plus connu d’entre eux, Nabuchodonosor II, n’ont laissé aucun vestige ni monument funéraire identifiable en tant que tel. Cette discrétion paraît étrange, car nous disposons au moins de quelques renseignements sur les lieux d’inhumation des dynasties royales de Babylone précédentes, même quand les textes documentent les profanations assyriennes de certaines de ces sépultures.

Cette communication vise donc à rassembler les très rares données qui permettent d’envisager la situation post-mortem des six rois néo-babyloniens de la « dynastie chaldéenne », et leur inhumation probable dans le palais sud de Babylone. Elle propose également une hypothèse sur le silence qui s’est ensuite établi autour de leurs tombes royales, en particulier celle de Nabuchodonosor II, et qui pourrait être lié aux mesures prises par Darius Ier au début de son règne à Babylone après les rébellions de 521.

Mots clés : Babylone – Nabuchodonosor II – profanation – rituel funéraire – tombe royale

Abstract : By contrast with their Assyrian predecessors and Achaemenid successors, the Neo-Babylonian kings of the 6th century BC, and especially the most famous of them, Nebuchadnezzar II., left no vestiges nor funerary monuments that could be identified as such. This silence is odd, as we possess at least a few details about the burial sites of the previous royal dynasties of Babylon, even when the texts record assyrian profanations of some of these burials.

This communication therefore attempts to collect the very rare data that make it possible to examine the post-mortem situation of the six neo-Babylonian kings of the « Chaldean dynasty », and their probable inhumations in the southern palace of Babylon. It also proposes a hypothesis on the subsequent silence that was established over their royal tombs, in particular that of Nebuchadnezzar II, and which could be linked to the arrangements introduced by Darius I at the beginning of his reign in Babylon after the rebellions of 521.

Keywords: Babylon – Nebuchadnezzar II. – profanation – funerary ritual – royal tomb