Séances Séance du 17 juin
Note d’information de Mme Sabine Fourrier, sous le patronage de M. Olivier PICARD : « Recherches récentes à Kition » (label archéologie de l’Académie 2016).Résumé : La ville antique de Kition est située sous la ville moderne de Larnaca. La trame urbaine contemporaine crée une contrainte forte qui limite l’exploration archéologique à des fouilles d’urgence, lors de travaux de construction, et à quelques fouilles programmées dans les rares parcelles restées libres (dont la colline de Bamboula, où la mission française travaille depuis 1976). Depuis 2008, la mission s’attache à dépasser le biais de cette vision fragmentée, grâce à un programme de SIG (système d’information géographique) que complètent des fouilles ciblées. On présentera succinctement les résultats de ce programme destiné à mieux comprendre la topographie urbaine antique et ceux du premier cycle de fouilles dans une des nécropoles de la ville, au lieu-dit Pervolia.Mots-clés : Topographie, SIG, nécropole, pratiques funéraires, ville.Abstract : The ancient city of Kition lies beneath the modern city of Larnaca. The constraints of modern urbanization limit the possibilities of archaeological exploration: most excavations are rescue excavations made in the frame of building programs, while planned excavations take place in a few restricted plots (as, for example, at the Bamboula site where the French mission has been working since 1976). As of 2008 a new program, based on a GIS combined with targeted excavations, aims at going beyond this fragmented perception of the city’s ancient topography. This paper presents the main results of this new program and especially of the first excavation cycle in the Kition Pervolia necropolis.Key words : Ancient topography, GIS, necropolis, funerary practices, city.
__1__Communication de Mme Madeleine Scopello, correspondant de l’AIBL : « Traditions culturelles et religieuses de la gnose ancienne ».Résumé : La production littéraire des penseurs gnostiques (2e – 4e siècles) – telle qu’on la connaît par les extraits transmis dans les notices hérésiologiques et les écrits de première main retrouvés en Égypte – permet de constater que ceux-ci ont eu souvent recours au patrimoine culturel et religieux antique dans sa variété. Si certaines traditions sont reprises par les gnostiques à des fins polémiques (par exemple, le récit biblique de la Genèse est totalement bouleversé par des gnostiques d’origine juive dont le but est de souligner son caractère mensonger), d’autres éléments sont en revanche intégrés afin d’étayer ou d’expliciter des thématiques propres à la doctrine de la connaissance. Dissimulés dans la trame des textes ou clairement exprimés, ces emprunts, adaptés et réinterprétés, livrent des renseignements utiles pour retracer les racines culturelles et religieuses des divers auteurs, apprécier leur niveau d’instruction, et, éventuellement, déterminer leur place dans le contexte intellectuel de l’époque. Compte tenu de la nature abstraite des textes conservés, les informations concernant ceux qui les ont écrits sont très limitées : si les controversistes offrent quelques données sur les maîtres qu’ils réfutent (nom, lieu de provenance, carrière), les auteurs de la littérature de première main sont en revanche anonymes et ne laissent filtrer aucune indication à leur sujet. Néanmoins leurs œuvres, à condition d’être opportunément interrogées, laissent transparaître des éléments qui permettent de situer les auteurs sur le plan historique, géographique et social.Dans cette perspective, on considérera deux cas de figure différents : d’une part, la réutilisation d’une tradition du judaïsme mystique dans un traité de Nag Hammadi ; d’autre part, des emprunts à la littérature grecque réalisés dans quelques écrits gnostiques. On illustrera les raisons de ces emprunts en se demandant s’ils peuvent fournir des éclairages sur les objectifs du texte, sur ses destinataires et aussi sur les fonctions exercées par l’auteur gnostique (maître d’une école de pensée, chef d’un groupe restreint ou penseur isolé).On s’arrêtera enfin sur les écoles de pensée fondées en Égypte par les maîtres de la gnose, et le rôle que celle-ci joue tant dans réalité que dans l’imaginaire gnostique.Abstract : Cultural and Religious Traditions in Ancient GnosticismThe literary production of Gnostic authors (2nd-4th centuries) — known both from heresiological documents and firsthand sources discovered in Egypt — shows that they appealed to the common cultural and religious heritage of Antiquity. If some religious traditions were taken up by Gnostics in order to do away with them (it is the case of the Genesis account that Gnostics of Jewish origin turned upside down), other elements were on the contrary integrated to support or clarify some typical Gnostic beliefs. Either hidden in the framework of a text or clearly conveyed, these borrowings have been freshly interpreted to suit to Gnostic doctrine. They give useful information to retrace the cultural and religious background of the different authors, to estimate their level of education and, if possible, to determine their place in the intellectual environment of their time. Because of the theoretical character of Gnostic texts, evidence about their authors is scarce. If the Church Fathers provide some data on the teachers they fight (name, place of birth and career), the firsthand Gnostic literature is the most often anonymous and does not give any hint about itself. Nevertheless, if properly investigated, the literary production of the Gnostics can reveal some information permitting to situate historically, geographically and socially those who wrote it. From this point of view, two case studies will be presented: on one hand, the reutilization of a mystical Jewish tradition in a Nag Hammadi tractate, and, on the other hand, the quotations from Greek authors made by some Gnostic writers. Which are the reasons of these borrowings? Can they shed light on the objectives of the text, on its readers, and on the role of the Gnostic author (was he a teacher, a community leader or an isolated philosopher ?) To conclude, Gnostic schools founded in Egypt will be examined, as well as the perception Gnostics had of Egypt in reality and at a symbolic level.