Séances Séance du 18 novembre 2016
Note d’information de M. François Leclère, sous le patronage de M. Nicolas GRIMAL : « Mission française des fouilles de Tanis. Nouvelles recherches en cours ».
Résumé : La Mission française des fouilles de Tanis (École pratique des hautes études, Sciences religieuses) fut créée en 1964 pour faire suite aux fouilles menées par le Professeur Pierre Montet entre 1929 et 1956 sur le site de Tell Sân el-Hagar, dans le nord-est du Delta du Nil. Fondée au tournant des IIe et Ier mill. av. J.-C., nouvelle base portuaire de l’Égypte en Méditerranée orientale succédant aux localités d’Avaris et de Piramsès, dont les ruines se trouvent à une vingtaine de kilomètres au sud, et dont les monuments démantelés servirent de carrière de pierre pour la construction des temples, la vaste cité de Tanis fut le foyer dynastique des XXIe et XXIIIe dynasties, et le lieu de sépulture des souverains des XXIe et XXIIe dynasties. En dépit de l’émergence d’un nouvel axe économique fluvio-maritime dans l’ouest du Delta à partir du VIIe s. av. J.-C., non loin de la nouvelle capitale, Saïs, Tanis resta une métropole importante, dont les édifices religieux furent embellis ou rebâtis à plusieurs reprises jusqu’à la fin de l’époque hellénistique, et ne fut définitivement abandonnée qu’à la fin de l’époque byzantine. Depuis 2014, sous l’impulsion d’une équipe renouvelée et en partenariat avec de multiples institutions, la MFFT engage un nouveau programme de recherches comportant un volet archéologique et géo-archéologique impliquant la mise en œuvre, à grande échelle, de différents types de prospections (géophysique, céramologie, carottages, couverture aérienne par photogrammétrie) destinées à mieux appréhender l’organisation spatiale et l’évolution diachronique du tissu urbain dans sa globalité, ainsi que son contexte paléo-environnemental, ainsi qu’un volet de reprise des études épigraphiques, portant essentiellement sur les inscriptions royales et privées de la Troisième Période intermédiaire (finalisation de plusieurs études de blocs de remplois, paléographie des tombes royales de la XXIIe dynastie, etc.). À la demande des autorités égyptiennes, des travaux de mise en valeur et de protection des vestiges archéologiques ont débuté, tandis que, au Centre Wl. Golénischeff de l’EPHE, base parisienne de la MFFT, les riches archives de la Mission Montet sont en cours de numérisation, dans la perspective de leur future mise en ligne (projet ANTa : Archives numériques de Tanis).
Mots-clés : Tanis (Égypte) ; Tell Sân el-Hagar ; archéologie urbaine ; géo-archéologie ; épigraphie ; paléographie ; Troisième Période intermédiaire.
Communication de M. Gilles Béguin, sous le patronage de M. Pierre-Sylvain FILLIOZAT: « L’Inde comme paradoxe. A propos de la source stylistique d’un décor du Tibet méridional au XVIIe siècle».
Résumé : À partir du XVIe siècle la peinture tibétaine évolue vers ce qu’il est convenu d’appeler un “classicisme éclectique”, style qui deviendra peu à peu hégémonique après l’unité du Tibet réalisée par le Ve Dalaï-lama en 1642, plusieurs fortes personnalités, pour des raisons religieuses et politiques, favorisent cependant d’autres expressions artistiques.
Sont ainsi ici évoqués les décors commandités par l’érudit Târanâtha (1575-1634 ?) dans son monastère de Phun-tshogs-gling, au Tibet méridional. Le site fut en grande partie démantelé lors de la Révolution Culturelle. Seules les photographies prises dans des conditions difficiles lors des expéditions italiennes de Giuseppe Tucci, permettent d’évoquer plusieurs chapelles aujourd’hui détruites. Trois d’entre elles présentent à des degrés divers des influences « indiennes », paradoxales dans le contexte tibétain du début du XVIIe siècle. Il en est ainsi du mNgon-dga’ gzigs-snang-rtse (1617-1618), au sommet de la colline, du mGon-khan-phar et du mKha’-spyod lha-khang, tous deux en contre-bas, près de la salle d’assemblées. Le mGon-khan-phar mêle des éléments indiens à des motifs chinois d’un grand raffinement. Bien que consacré Kṛṣṇa Yamari, divinité gardienne farouche, le décor est exécuté sur fond clair et non comme il est coutume sur fond foncé, si ce n’est totalement noir. Cette particularité, quoiqu’exceptionnelle, n’est pas unique puisque, dans la vallée de la Chumbi, le petit monastère de ‘Dre-gun possède un mGon-khang également sur fond clair.Le mNgon-dga’ gzigs-snang-rtse et le mKha’-spyod lha-khang quant à eux pourraient être rapprochés de certains décors du temple du Naṭarāja de Cidambaram, au Tamil Nādu, dans le Sud de l’Inde, sans que l’on puisse établir un lien direct entre le Sud de l’Inde et le Tibet méridional.