Séances Séance du 2 octobre 2020
– Communication de M. Francis Richard, sous le patronage de M. Henri-Paul FRANCFORT : « La découverte des manuscrits du Livre des Rois (« Châhnâmeh ») de Ferdowsî et le succès rencontré par l’épopée iranienne en France au début du XIXe siècle ».
Résumé : La grande épopée iranienne d’Abû l-Qâsem Ferdowsî (ca. 940-1020), le « Livre des Rois », n’a paradoxalement pas été connue en France avant la fin du XVIIIème siècle, plus tard que bien d’autres textes persans. Le premier manuscrit vraiment identifié ne l’a été en 1708 par le savant Antoine Galland, lors de son acquisition par l’abbaye de Saint-Victor. Plusieurs décennies après ce seront Louis Mathieu Langlès puis Antoine-Léonard de Chézy qui, avant Jules Mohl (1800-1876), s’attacheront avant 1826 à lire et à traduire le Shâhnâmeh. Une infatigable recherche de bons manuscrits a accompagné les étapes de cette découverte et celle-ci s’est principalement faite en Inde. Anquetil-Duperron en a été l’un des artisans, grâce à son intérêt pour le zoroastrisme. D’ailleurs certains exemplaires sont copiés ou revus par des Parsis. Nous avons essayé de retracer la chronologie de l’arrivée de ces manuscrits, montrant comment la France a été, en même temps que la Grande-Bretagne, grâce à des personnages comme Jean Otter ou Pierre de Brueys, pionnière dans cette entreprise. Presque tous ces manuscrits sont aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France. Beaucoup de ces manuscrits sont, certes des copies relativement récentes, les plus anciens ne remontent qu’au XVème siècle. Cette recherche se situe à une période où l’on est avide de découvrir et traduire les textes orientaux littéraires et historiques. Par ailleurs la bibliothèque de Jules Mohl, qui notait souvent l’origine de ses achats, permet de comprendre la rigueur de sa démarche scientifique. La découverte du texte de Ferdowsî renouvelle la vision du monde iranien en Europe, jusque là très marquée par les récits des voyageurs du Grand Siècle.
Abstract : The great Iranian epic of Abû l-Qâsim Ferdowsî (ca. 940-1020 AD), the « Book of Kings », paradoxically was quite unknown in France until the end of the 18th century, later than many other Persian texts. The first truly identified manuscript was discovered only in 1708 by the erudite Antoine Galland, when it was acquired by the Abbey of Saint-Victor. Several decades later it will be Louis Mathieu Langlès and then Antoine-Léonard de Chézy who, before Jules Mohl (1800-1876), will undertake before 1826 to read and translate the Shâhnâmeh. The constant research of the best manuscripts accompanied the stages of this discovery and they were mainly found in India. Anquetil-Duperron was one of the architects, thanks to his interest in Zoroastrianism, of this harvest. Besides, some copies are transcribed or revised by Parsis We have tried to trace the chronology of the arrival of these manuscripts, showing how France was, along with Great Britain, thanks to figures like Jean Otter or Pierre de Brueys, pioneers in this enterprise. Almost all of these manuscripts are now in the National Library of France. Many of these manuscripts are, admittedly relatively recent copies, the oldest dating only to the 15th century. This research takes place at a time when we are eager to discover and translate oriental literary and historical texts. Moreover, Jules Mohl’s library, which often noted the origin of his purchases, allows us to understand the rigor of his scientific approach. The discovery of Ferdowsî’s text renews the Iranian vision of the world in Europe, until then very marked by the accounts of travelers of the Grand Siècle.
Mots clés : Ferdowsî (Abû l-Qâsem), Shâhnâmeh, Mohl (Jules), manuscrits persans, histoire des collections.