Séances Séance du 29 avril 2022
– Communication de M. Thomas Faucher, chargé de recherches au CNRS/CEALEX, sous le patronage de MM. Olivier PICARD et Jean-Yves EMPEREUR : « Mines d’or ptolémaïques et fortins romains dans le désert Oriental : Ghozza et Deir el-Atrash ».
Résumé
Depuis 1994, la mission archéologique française du désert Oriental (MAFDO) installe ses quartiers d’hiver, un mois par an, entre le Nil et la Mer rouge. Si les recherches menées par la première directrice de la mission, Hélène Cuvigny, s’étaient surtout bornées à mieux comprendre l’implantation de la route romaine et les installations inhérentes à son utilisation, le virage pris en 2013 a conduit à orienter nos recherches vers l’exploitation du désert à l’époque ptolémaïque. La présence concomitante de mines d’or et d’un fortin dans le district de Samut avait amené à reconsidérer l’implantation du pouvoir lagide dans cette région de l’Égypte, autant pour l’exploitation de ressources minières que pour l’implantation de la voie qui reliait Nil à Mer rouge. Les recherches menées par la suite sur le fortin d’Abbad ont confirmé les dates d’implantation de la voie et son abandon, vraisemblablement lors de la révolte thébaine à la toute fin du IIIe siècle av. J.-C. Des raisons tant administratives que stratégiques ont poussé la mission à se replier vers le nord, dans une zone déjà étudiée par la mission à ses débuts. Le choix du district minier de Ghozza, situé entre Qena et Safaga, permettait de réconcilier l’étude des époques ptolémaïque et romaine.
En effet, si les mines d’or environnantes ont été exploitées principalement sous les Ptolémées, le site comporte également un fortin construit au Haut Empire, en lien avec l’exploitation des carrières du Porphyrites. La localité, désignée sous le nom de Berkou (Βερκου), propose donc un cas favorable d’étude sur le long terme puisque l’occupation du district s’étale du Nouvel Empire au moins, jusqu’à la période islamique. En complément des fouilles et des prospections dans la zone, la mission a profité de la présence du fortin voisin de Deir el-Atrash (IIe-Ve s. ap. J.-C. ?) pour compléter son étude diachronique sur la région.
Mots-clés : Egypte, Désert Oriental, Mines d’or, Ptolémées, Haut Empire
Abstract
Since 1994, the Mission archéologique française du désert Oriental (MAFDO) conducts, a month a year, excavations between the Nile and the Red Sea. If the research led by its first director, Hélène Cuvigny, was mostly focused on the study of the establishment of the Roman road and the facilities related to it, the new direction in 2013 decided to drive its study on the exploitation of the Eastern desert during the Ptolemaic period. The concurrent presence of gold mines and of a fortress in the district of Samut helped to reconsider the involvement of the Ptolemies in this specific region of Egypt, both for the exploitation of the mining resources and the establishment of the road leading to the Red Sea ports. The research conducted on the fort of Abbad confirmed the dates of implementation of the road and its abandonment, presumably during the Theban uprising at the very end of third century BC. Administrative and strategic reasons led the team to move back to the north of the region, in a zone already studied by the mission in its early days. The choice of the mining district of Ghozza, located between Qena and Safaga, gave us the chance to reconcile the study of the Ptolemaic and Roman periods.
Indeed, if the surrounding mines were mostly exploited during the Ptolemaic period, the site also consists in a fortress built in the Early Roman times, in connection with the Porphyrites quarries. The locality, named Berkou (Βερκου), offers an interesting opportunity to study the area on the long-term since the occupation of the district runs from the New Kingdom at least until the Islamic period. To complement our excavations and surveys in the area, the team took advantage of the presence of the fortress of Deir el-Atrash, in the vicinity (IInd-Vth c. AD) to complete its diachronic study on the region.