Séances Séance du 9 février 2018

Note d’information de M. Ludovic Laugier, conservateur du musée du Louvre (département des Antiquités grecques, étrusques et romaines), sous le patronage de M. Alain PASQUIER : « Le Maure Borghèse : Nicolas Cordier et l’art d’accommoder les Antiques ».

Résumé : Le Maure Borghèse, une statue composite mêlant marbres de couleur et différents albâtres, a longtemps figuré parmi les statues les plus célèbres de Rome. Aujourd’hui il ne jouit pourtant plus que d’une notoriété relative, tant de multiples couches de cires d’entretien ont terni avec le temps l’éclat des différents matériaux de remploi dont il est composé. En décembre 2017, le musée du Louvre a donc décidé la restauration de la statue : l’occasion de la mettre de nouveau en valeur et de tâcher de distinguer plus clairement l’antique du moderne dans ce montage virtuose conçu par Nicolas Cordier en 1612.

Communication de M. Hervé Duchêne, professeur d’histoire ancienne à l’Université de Bourgogne, sous le patronage de MM. Henri LAVAGNE et Alain PASQUIER : « Salomon Reinach et « la tête Ward ». Documents nouveaux et secrets de correspondance ».

Résumé : Pour le musée du Louvre, l’année 1908 fut particulièrement brillante. Prudent depuis cinq ans et l’affaire de la tiare de Saïtaphernès, le département des antiquités fit coup sur coup l’acquisition de cinq sculptures. Parmi ces œuvres, celle dont l’achat fut décidé au mois de novembre, se distingue : la « tête Ward », une tête de femme en marbre, jusque-là propriété d’un collectionneur anglais, critique d’art au Times et époux de la célèbre romancière américaine Mary Ward. Chacun se félicite de l’entrée dans les collections nationales de ce marbre que l’on considère alors, avec une belle unanimité, comme un original grec, contemporain des premières créations de Phidias.Plusieurs lettres du marchand Léonce Rosenberg, conservées à la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, montrent que Salomon Reinach eut un rôle occulte et déterminant dans cet achat. Des derniers jours du mois de septembre à la fin du mois d’octobre 1908, il suit et conduit les négociations. C’est lui qui, le 20 octobre, solde la transaction par un chèque de 37 500 francs à l’ordre de la galerie Rosenberg.Faire entrer la « tête Ward » au musée du Louvre était pour le conservateur de Saint-Germain-en-Laye, qui voulut rester dans l’ombre, une manière de revanche, après le scandale de la tiare qui l’avait éclaboussé.