Séances Vendredi 10 février 2023

– Note d’information de Monsieur Jean-Pierre MAHÉ, membre de l’Académie des inscriptions et Belles-lettres : « Le nouveau catalogue des manuscrits géorgiens de l’Athos. »

 

Résumé

Dans le dernier quart du Xe siècle, au moment de la création du monastère d’Iviron sur l’Athos, le géorgien disposait déjà d’une ample tradition littéraire. Néanmoins, ces richesses, comparées aux grandes littératures mondiales d’Orient et d’Occident, gardaient encore un caractère local. Mais en quelques décennies, l’étendue, la science, la portée esthétique et intellectuelle des versions athonites transformèrent la langue géorgienne en la dotant d’un riche vocabulaire. C’est ainsi qu’un parler vernaculaire se changea en une langue mondiale de culture. Par sa précision et la solidité de son information, ce catalogue est un remarquable instrument pour expliquer la nature et les causes de cette transformation.

 

– Communication de Monsieur Henri LAVAGNE, membre de l’Académie des inscriptions et Belles-lettres : « Une mosaïque pour la salle des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1775-1820) ».

 

Résumé

L’art de la mosaïque avait totalement disparu en France lorsqu’en 1775 une mosaïque à décor ornemental (arabesques) fut placée dans la salle des Caryatide au Louvre, où les académies tenaient leurs séances sous l’Ancien Régime jusqu’à leur suppression le 6 août 1793. La communication retrace les vicissitudes de ce pavement important par sa taille (3, 35 x 2,13 m.) mais surtout parce qu’il est le début de la renaissance de l’art de la mosaïque en France. L’instigateur de cette œuvre d’art fut l’amateur », critique, graveur et mécène, Claude-Henri Watelet, le premier à faire l’éloge de la mosaïque dans son poème sûr.  » l’Art de peindre », paru en 1760, qui lui valut d’être élu à l’Académie française à cette date. Il y développait l’idée que la mosaïque était le meilleur moyen de réaliser des œuvres inaltérables qui pouvaient, en tant que copies parfaites, sauver les peintures vouées à la destruction par le temps. La mosaïste qui exécuta la mosaïque est Marguerite Lecomte, elle-même d’abord pastelliste, mais qui apprit les rudiments de l’art musical à Rome, au cours d’un voyage en compagnie de Watelet en 1765, où elle connut les pensionnaires de l’Académie de France et les mosaïstes du « Studio de’ musaici del Vaticano ».

Ceux-ci venaient d’achever la grande entreprise de copies de tous les tableaux religieux de la basilique Saint-Pierre. La mosaïque de l’Académie fut ensuite acquise par Alexandre Lenoir pour décorer son Musée des Monuments français. L’Académie la réclama nouveau et obtint qu’elle lui fut restituée en 1806, pour être placée dans la salle des séances du Palais Conti, affecté à l’ »Institut impérial » en 1805.

Déjà dégradée par ces transferts, la mosaïque ne résista pas longtemps et l’architecte Vaudoyer obtint qu’elle fut à nouveau donnée au musée du Louvre en 1820, mais on présume qu’elle n’y parvint pas, car elle est demeurée introuvable, et non mentionnée dans les registres d’entrées du musée. La célébrité de cette mosaïque a concouru à la multiplication des travaux sur l’art de la mosaïque, et à l’essor de l’ ‘atelier de Francesco Belloni qui exécuta de multiples pavements sous l’Empire et la Restauration.