Séances Vendredi 12 décembre 2025
– Note d’information de M. Denis Rousset, correspondant de l’Académie : « Le Bulletin épigraphique numérique ».
Résumé
Ouvert en décembre 2025, le site du Bulletin épigraphique numérique est destiné à mettre en ligne le Bulletin épigraphique, lequel recense les publications relatives aux inscriptions en langue grecque alphabétique depuis l’époque archaïque jusqu’à Byzance. Rappelons que ce bulletin critique, publié dans la Revue des études grecques depuis 1888, fut rédigé de 1938 à 1984 par J. Robert et L. Robert (aidés les deux premières années par R. Flacelière), puis de 1987 à 2005 par une dizaine de collaborateurs dirigés par Ph. Gauthier, et de 2006 à 2015 sous la direction de L. Dubois. Jusqu’à présent, le Bulletin épigraphique était consultable pour chacune de ses livraisons annuelles sur le portail Persée, et il fut d’autre part pourvu d’index imprimés pour les années 1938-2001.
Désormais, ce sont les 13618 notices des années 2002 à 2023 qui sont accessibles en ligne, indexées et propres à des recherches diverses. Cette réalisation a été menée avec l’accord de l’Association des études grecques, grâce au soutien financier de Collex-Persée et à la collaboration de Persée, sous la direction J.-Y. Strasser (CNRS) et S. Dalmon (Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne). Cette base de notices indexées s’accroîtra régulièrement d’une part des livraisons ultérieures du Bulletin, et d’autre part de celles des années 1938-2001, dès que nous aurons trouvé les forces et les aides proportionnées à l’ampleur de la tâche.
– Communication de M. Arthur Muller, professeur d’archéologie grecque à l’Université Lille-III, sous le patronage de M. Dominique MULLIEZ : « Une demeure protobyzantine et la fin de l’Antiquité à Thasos ».
Résumé
L’exploration d’une vaste demeure protobyzantine à Thasos, entrevue dans un sondage de 1971, a été une entreprise systématique à partir de 1979, dans le cadre de deux programmes de recherche successifs, au gré des achats de terrains. Elle s’est achevée récemment avec la fouille d’une parcelle cruciale, rendue possible par le Grand Prix Simone et Cino Del Duca décerné par l’Institut de France en 2017.
Cette résidence, la seule dégagée à Thasos sur une surface significative, illustre parfaitement ce que l’on sait de l’architecture civile de l’Antiquité tardive. Dès sa construction au début du Ve siècle, au moment de la suprême renaissance de la Thasos paléochrétienne, elle a adopté l’organisation banale de quatre ailes autour d’une cour péristyle, avec une particularité remarquable cependant : l’aile Nord intégrait tel quel un hestiatorion antique. L’importance des espaces de réception désigne cette demeure comme la résidence d’une élite, qui a toujours veillé à à son embellissement : d’abord avec l’ajout d’un luxueux ensemble thermal, puis avec un ambitieux projet de monumentalisation de ses espaces, qui comportait entre autres l’agrandissement du triklinos au moyen d’une vaste et originale abside outrepassée.
Mise en perspective dans l’espace régional, l’histoire de cette demeure enrichit de données nouvelles l’histoire de la fin de l’Antiquité. Si les causes de la catastrophe des années 570 qui interrompt brutalement le chantier de monumentalisation et ouvre une période de près d’un demi-siècle de vicissitudes sont encore sujettes à discussion – peste de Justinien plutôt que tremblements de terre ou invasions slaves ? – c’est bien un séisme, sans doute d’ampleur régionale, qui met en 620 un terme définitif à la Thasos antique.
Mots-clefs : Thasos protobyzantine, demeure aristocratique, invasions slaves, peste de Justinien, séisme.