Séances Vendredi 19 décembre 2025

– Communication de Mme Élisabeth Crouzet-Pavan, correspondant de l’Académie : « 22 juillet 1485 : quand l’eau manquait dans les canaux de Venise… ».

 

Résumé

Le 22 juillet 1485, le Sénat de Venise décide, à la quasi majorité de ses membres, de lancer un chantier d’excavation du Grand Canal où l’eau manquait. Les travaux sont d’une ampleur singulière puisque le recreusement, là où il est nécessaire, concerne toute la longueur du canal auquel on adjoint une partie du chenal portuaire. Mais là n’est pas la seule originalité de l’opération. Les formes du financement remettent en question les pratiques en place depuis le XIIIe siècle. Surtout, les attendus de la décision sénatoriale conduisent à remettre en mouvement l’histoire de l’environnement vénitien et de sa gestion par l’autorité publique en montrant que les dangers qui menaçaient le site lagunaire ne furent pas atemporelsTrois conclusions se dessinent au terme de l’analyse. La première est la suivante : les Vénitiens comprirent, dans les derniers siècles du Moyen Âge, que l’existence même de leur ville était synonyme d’une empreinte environnementale et ils s’essayèrent à contenir un peu de la pression qu’ils exerçaient sur le milieu. La deuxième, de plus ample portée, et conduisant à relativiser le caractère initiateur des préoccupations d’aujourd’hui, serait que l’autorité vénitienne eut, dès ce moment, pleinement conscience des liens que la durée historique de la communauté humaine dont elle avait la charge entretenait avec celle de son écosystème. Quant à la dernière, elle viendrait confirmer que l’histoire est bien souvent contre-intuitive et qu’il faut prendre garde à ne pas trop l’interroger en fonction des questions posées par le présent.  

Mots-clés : Venise, lagune, Moyen Âge, environnement, risque.