Séances Vendredi 21 février 2025

– Communication de Mme Patrizia Piacentini, professeur des Universités, sous le patronage du Secrétaire perpétuel Nicolas GRIMAL : « Assouan, VIe siècle av. J.-C.-IIe siècle ap. J.-C. : la découverte récente d’une nécropole de frontière ».

 

Résumé

En 2017, l’Université de Milan  a été chargée par le Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités d’explorer une vaste zone désertique sur la rive occidentale du Nil à Assouan, autour du mausolée de l’Aga Khan, où des tentatives de fouilles clandestines et d’appropriation illicite de terres avaient été signalées. Les recherches, menées depuis par la mission italo-égyptienne à Assouan Ouest (EIMAWA) spécialement créée, ont révélé environ quatre cents tombes et structures inconnues jusqu’à présent, datant du VIe siècle av. J.-Chr. aux périodes ptolémaïque et romaine. Parmi elles, la quarantaine fouillée jusqu’à présent témoigne d’une forte interaction culturelle entre les populations locales et étrangères. De la plus haute antiquité pharaonique à la fin de l’époque romaine, en effet, Assouan a joué un rôle crucial dans le commerce avec l’Afrique subsaharienne, était un point de départ des pistes vers les oasis, un site important pour ses carrières, ainsi qu’un avant-poste militaire. 

Plus d’une centaine de corps momifiés découverts dans le tombes à sépulture multiple ont été soumis à étude anthropologique afin de réaliser un profil biologique aussi complet que possible, comprenant le diagnostic de sexe, l’estimation de l’âge au moment du décès, les signes pathologiques ou traumatologiques, et éventuellement leur lieu de provenance. Outre les corps momifiés, des cercueils en pierre, bois ou terre cuite, de nombreux cartonnages peints, récipients en verre, statuettes en bois et en terre cuite, fragments de stèles et autres objets inscrits, tables d’offrandes et poteries ont été mis en lumière. 

Dans la zone nord de la nécropole, plus de dix terrasses présentant des tombes en rangées superposées avec des murs de séparation ont été identifiés et fouillés. Ces tombes rupestres occupaient tout l’espace de deux collines séparées par un ouadi, suivant leur profil. L’ensemble des données suggère que la classe moyenne de Syène/Eléphantine fut ensevelie pendant plusieurs siècles dans cette partie de la nécropole, alors que les parties les plus hautes de cette même nécropole, sur le plateau, semblent avoir été réservées à l’élite de la population. 

Mots-clés : Égypte, Assouan, nécropole, époque gréco-romaine, anthropologie

 

Abstarct

In 2017, the University of Milan was commissioned by the Egyptian Ministry of Tourism and Antiquities to explore a vast desert area on the west bank of the Nile in Aswan, around the mausoleum of the Aga Khan, where attempts at clandestine excavations and illicit land appropriation had been reported. The excavations, since carried out by the specially-created Egyptian-Italian Mission to West Aswan (EIMAWA), have revealed some four hundred previously unknown tombs and structures, dating from the 6th century BC to the Ptolemaic and Roman periods. Of these, the forty or so excavated to date bear witness to strong cultural interaction between local and foreign populations. From the earliest Pharaonic antiquity to the end of the Roman era, Aswan played a crucial role in trade with sub-Saharan Africa, was a departure point for oasis trails, an important quarrying site and a military outpost. 

More than a hundred mummified bodies discovered in multiple burial tombs were subjected to anthropological study in order to produce as complete a biological profile as possible, including sex diagnosis, estimated age at death, pathological or traumatological signs, and possibly their place of origin. In addition to mummified bodies, stone, wood and terracotta coffins, numerous painted cartonnage, glass vessels, wooden and terracotta statuettes, fragments of stelae and other inscribed objects, offering tables and pottery were brought to light. 

In the northern zone of the necropolis, more than ten terraces featuring tombs in superimposed rows with separating walls were identified and excavated. These rock tombs occupied the entire space of two hills separated by a wadi, following their profile. All the data suggests that the middle class of Syene/Elephantine was buried for many centuries in this part of the necropolis, while the higher parts of the same necropolis, on the plateau, seem to have been reserved for the elite of the population.

keywords : Egypt, Aswan, necropolis, Graeco-Roman period, anthropology