Séances Vendredi 23 juin 2023

– Communication de M. Marc Bompaire, sous le patronage de MM. Yves-Marie BERCÉ et Dominique BARTHÉLEMY : « Monnayage et monnayeurs dans l’Europe médiévale. Une enquête à poursuivre. »

 

Résumé :

La meilleure connaissance des techniques de fabrication monétaire médiévales grâce au développement d’enquêtes archéologiques et archéométriques, iconographiques et lexicographiques permet de préciser les contours d’une large communauté de pratiques spécifiques à la période médiévale pour la préparation des flans monétaires (ouvrage) et leur frappe (monnayage). Peter Spufford (Money and its use in medieval Europe, 1988) a mis en évidence au XIIIe siècle un changement d’échelle dans les fabrications qui se font désormais dans des ateliers-fabriques (factory mints) peuplés de centaines d’ouvriers et monnayeurs regroupés en associations professionnelles, les serments de monnayeurs. L’émergence de ces ateliers-fabriques qu’il situe en Italie rejoint l’hypothèse classique de Roberto Lopez (« An Aristocracy of Money in early Middle Ages, 1953 ») sur la place et la longue histoire des monnayeurs dans l’Europe méridionale. Les enquêtes approfondies sur l’Italie menées par Lucia Travaini en particulier ont abouti à la construction d’un récit cohérent. Des travaux consacrés à d’autres régions et pays apportent des éclairages complémentaires et des nuances. C’est le cas de la documentation française qui sera présentée sur les questions d’organisation technique des ateliers monétaires pour lesquelles la monnaie royale apparaît comme une source d’inspiration dès le XIIIe siècle. Cela vaut aussi pour l’origine des organisations professionnelles. La question de l’ancienneté ou de l’antériorité des pratiques reste largement hors de portée, mais il s’agit moins de chercher des transferts ou la diffusion d’un modèle que d’établir la similitude des enjeux et les échanges permis par la mobilité qui reste une des spécificités des monnayeurs avec exemple la place tenue par les spécialistes « cahorsins » aux côtés des Toscans et des Lombards dans la gestion des ateliers monétaires au XIIIe siècle.

Mots clefs : Monnaie, monnayeur, fabrication monétaire, Moyen Âge

 

Abstract:

A better understanding of medieval money-making techniques, thanks to the development of archæological, archæometric, iconographic and lexicographic surveys, has made it possible to define the contours of a large community of practices specific to the medieval period for the preparation of money blanks (ouvrage) and their minting (monnayage). Peter Spufford (Money and its use in medieval Europe, 1988) has highlighted a change of scale in the manufacture of coinage in the 13th century, which now took place in factory mints populated by hundreds of workers and coiners grouped into professional associations, the serments de monnayeurs. The emergence of these factory mints, which he locates in Italy, is in line with Roberto Lopez’s hypothesis (“An Aristocracy of Money in early Middle Ages”, 1953) on the place and long history of coinage in Mediterranean Europe. The in-depth investigations of Italy by Lucia Travaini have led to the construction of a coherent narrative. Works on other regions and countries provide additional insights and nuances. This is the case of the French documentation that will be presented on the technical organisation of the coin workshops, for which the royal coinage appears to be a source of inspiration from the thirteenth century onwards. The same applies to the origin of professional organisations. The question of the antiquity or anteriority of practices remains largely out of reach, but it is less a question of seeking transfers or the diffusion of a model than of establishing the similarity of the issues and the exchanges made possible by mobility, which remains one of the specificities of the mints, with, for example, the place held by the “Cahors” specialists alongside the Tuscans and Lombards in the management of the mints in the thirteenth century.