Séances Vendredi 28 mars 2025

– Communication de M. Yannick Bruneton, professeur à l’Université Paris Cité à l’UFR LCAO, sous le patronage de M. Jean-Noël ROBERT : « Un trésor de la BNF : le Jikji (1377), à la croisée de l’histoire de l’imprimerie, de la pensée bouddhique et des relations franco-coréennes ».

 

Résumé 

La Bibliothèque nationale de France conserve au sein des collections asiatiques de son département des manuscrits (cote Coréen 109), le plus ancien imprimé dans la technique de la typographie métallique connu dans le monde, un ouvrage bouddhique coréen daté de 1377 : le Jikji (abréviation de Paegun hwasang ch’orok Pulcho chikchi simch’e yojŏl : « Compilation par le Révérend Paegun d’extraits essentiels de la montrance directe du substrat de l’esprit par les bouddhas et les patriarches »). Acquis à Séoul par le diplomate orientaliste Victor Collin de Plancy (1853 -1922) dans les années 1890, il fut exposé lors de l’Exposition universelle de Paris de 1900, puis vendu aux enchères (1911) et légué à la BnF en 1950 (don 9832). Depuis 1972, date de l’exposition « Le Livre » de la BnF qui le fit redécouvrir médiatiquement en Corée du Sud, l’ouvrage a suscité un intérêt international (inscrit au Registre du monde de l’UNESCO en 2001) en tant que prouesse technique, son contenu restant ignoré du grand public. Bien que réalisé plus de soixante-dix ans avant la première Bible de Gutenberg (vers 1450), l’ouvrage n’incarne pas de « révolution technique » au service d’une large « diffusion des savoirs ». Sa précocité dans le développement des techniques interroge l’histoire de l’imprimerie en Asie Orientale ainsi que la vision européo-centrée de cette histoire. La patrimonialisation dont il fait l’objet met en évidence l’écart entre deux modèles. Outre l’intérêt que représentent le moment de sa fabrication et celui de son acquisition du point de vue de l’histoire du bouddhisme coréen et des relations franco-coréennes, le Jikji connaît sans doute une gloire temporaire car il est probable que des imprimés antérieurs soient découverts dans la péninsule coréenne où la technique des « caractères fondus » est mentionnée dès les premières décennies du XIIIe siècle.

 

Mots-clés : Jikji, Corée, histoire de l’imprimerie, typographie métallique, bouddhisme