Séances Vendredi 4 octobre 2024
– Communication de M. Brent Seales, directeur de la “Digital Restoration Initiative” de l’Université du Kentucky (Etats-Unis) et Mme Christy Chapman, sous le patronage de M. Nicolas GRIMAL, Secrétaire perpétuel de l’Académie : « Percée et perspectives de développement dans le déroulement des papyri d’Herculanum de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ».
– Communication de Mme Petra Sijpesteijn, correspondant étranger de l’Académie : « Calendriers et dates dans les premiers textes islamiques : changement et continuité dans les pratiques documentaires de l’Antiquité tardive ».
Résumé
La fondation de l’empire islamique au VIIe siècle de notre ère se traduit immédiatement par une profusion d’écrits en langue et en écriture arabes dans la Méditerranée orientale et dans l’Égypte nouvellement conquises, mais aussi en Arabie, sous la forme d’inscriptions, de papyrus, de sceaux et de pièces de monnaie. Malgré des continuités manifestes dans l’organisation politique et administrative du nouvel empire qui sont bien étudiées, des éléments nouveaux et importants sont introduits dans la gouvernance. Ces écrits, produits d’une culture administrative arabe, révèlent des pratiques documentaires — langue, écriture, usages diplomatiques et expressions techniques — différentes des traditions locales.
Un domaine où l’innovation est particulièrement visible est la manière dont les textes sont datés. Les documents arabes de la période islamique écrivent systématiquement les dates en toutes lettres selon le calendrier musulman et l’ère dite de l’hégire. Cette pratique constitue une rupture avec les pratiques antérieures de la région, dans les différentes langues en usage, y compris dans les inscriptions paléo-arabes préislamiques ; précédemment, les dates étaient écrites avec des chiffres (en utilisant des lettres ou des symboles), aussi bien dans les documents manuscrits que dans les inscriptions.
D’où vient la pratique arabe islamique consistant à écrire les nombres en toutes lettres, en rupture avec les traditions locales ? Et comment la datation des écrits publics arabes a-t-elle été influencée par les pratiques en usage dans les régions incorporées dans l’empire islamique ? Quels développements observe-t-on au cours des décennies suivantes, alors que la pratique administrative et l’organisation politique islamiques connaissent des évolutions notables ? En me fondant sur les monnaies, les inscriptions et surtout les papyrus d’Égypte, j’examinerai quelles sont les réponses qui peuvent être apportées à ces questions.