Société asiatique Claude LEPAGE et Jacques MERCIER

Communications :

Mrs. Claude Lepage et Jacques Mercierx
ont présenté les communications suivantes lors des séances du vendredi :

Séance du 16 décembre 2016

« Les onze églises monolithiques de Lalibela (Éthiopie) : de l’hagiographie à l’histoire. ».

Le site de Lalibela est de loin le plus grand ensemble architectural éthiopien. Il a été inscrit au Patrimoine de l’Humanité en 1978 sans que son dossier fût solidement étayé par des datation et attribution autres que celles de la tradition locale, à savoir une réalisation au XIIe-XIIIe siècle par le roi « Lalibela ». Depuis lors, face à cette multiplicité architecturale, divers chercheurs occidentaux ont proposé des dates s’échelonnant du Ve au XVe siècle selon les monuments. La relecture de textes contemporains du roi « Lalibala » – tel est son nom restitué – jointe à de nouvelles observations architecturales nous a amenés à dater l’église royale dédiée à Marie aux alentours de 1204, à placer la réalisation des principaux monuments du site sous le règne de Lalibala dans les années 1200-1220, et à proposer des hypothèses quant à la fonction des huit églises et deux palais originels. Plus inattendue est la congruence de quatre singularités – inscriptions, iconographies picturales et sculpturales – sises dans les églises royales. Parce que leur présence implique l’intervention personnelle du roi, elles révèlent une source majeure de son inspiration, l’Évangile de Jean, et inscrit Lalibala au nombre des théologiens les plus audacieux de la Transfiguration. L’aiguisement conséquent de la critique hagiologique permet de rendre compte des principaux articles de la tradition. On a dit l’Éthiopie isolée et conservatrice. Lalibela témoigne bien plutôt du renouvellement d’un héritage architectural par de multiples emprunts aux mondes chrétien et musulman, et par des innovations, sous l’impulsion d’un roi animé d’un grand projet politico-religieux puisant aux sources mêmes du christianisme.


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