Société asiatique Jean BERLIE

Communications par contributeur Jean BERLIE

Communications :

M. Jean BERLIÉ, chercheur honoraire au centre d’études chinoises de l’Institut d’Education de Hong-Kong,
a présenté les communications suivantes lors des séances du Vendredi :

Séance du 22 mai 2015

« Macau, 500 ans d’histoire, et sa société sino-portugaise multiculturelle en 2015 ».

Macau ou Oumoun en cantonais (澳门), aux portes de la Chine et à l’Extrême-Orient de l’Empire portugais a une grande capacité de survie. Sa préhistoire devrait plutôt placer la RASM dans la zone Sud-Est Asiatique, mais aucune décision scientifique chinoise n’a encore été publiée. De 1557 jusqu’au déclin relatif − vu de Macau − de l’Empire portugais au milieu du XVIIe siècle, la ville était un centre prospère pour le commerce portugais, avec le Japon d’où venait l’argent pour acheter la soie en Chine, et avec Goa et l’Europe. Depus Goa, l’Estado Português da India, administra Macau et le Timor jusqu’en 1844. Macau est devenu presque « globale » en important l’argent du Mexique au XVIIIe siècle. En 1605 et 1622, des flottes néerlandaises attaquent Macau. En 1638 les Portugais furent expulsés du Japon et les Hollandais les remplacèrent. Mais les Portugais gardèrent jusqu’au bout Macau. Une des raisons de cette ténacité portugaise en Chine est leur courage et surtout leur tolérance, dont ni les Chinois ni d’autres ne parlent. Les îles de Taipa et de Coloane, en 1851 et 1864 furent vraiment intégrées mais le premier pont date de 1974.
Le « Protocole regardant les relations entre les deux pays », fut signé à Lisbonne en 1887. Ce traité confirmait l’occupation et le contrôle perpétuel de Macau par les autorités portugaises, mais sans en définir les frontières. Le Japon établit un protectorat virtuel sur Macau en 1943, mais le gouverneur portugais resta en place. La domination japonaise cessa en 1945. En 1949, la Chine Populaire demanda le maintien d’un statu quo pour ce territoire. Lorsque qu’éclata l’émeute Um-Dos-Tres en décembre 1966, le gouvernement portugais négocia à Beijing avec difficulté pour faire cesser ces mouvements de foule. Le Portugal proposa également de céder complètement Macau à la Chine, mais cette offre fut refusée. Suite à la Révolution des œillets du 25 avril 1974, le gouvernement portugais décida de rétrocéder Macau à la Chine. La Chine refusa à nouveau. Et par la Déclaration conjointe Sino-Portugaise du 13 avril 1987, Macau est finalement devenue − pour 50 ans − une Région Administrative Spéciale (RASM) de la Chine le 20 décembre 1999.
En 2015, la population est d’environ 600,000 résidents. La densité reste une des plus fortes du monde car Macau, Taipa et Coloane n’occupent pas plus de 30 km2. Cependant, depuis 2013, plus de 30 millions de Chinois du continent viennent annuellement visiter Macau. Le principal attrait pour ces touristes est de voyager et de voir une journée seulement quelques casinos − ce n’est pas l’architecture coloniale qui intéresse les Chinois. Il y a 37 casinos dans la RASM. L’immense Venitian peut être considéré comme une œuvre intéressante. Stanley Ho a gardé son monopole des jeux de 40 ans de 1962 à 2002, cependant sa fille, Madame Pansy Ho, propriétaire du MGM, a bien compris que la culture était essentielle pour l’avenir de la Région Administrative Spéciale de Chine.
Les Chinois et leur langue locale, le cantonais, dominent largement. Cependant Macau a réussi à rester cosmopolite et multiculturel. Les Philippins et Indonésiens sont nombreux, mais les Portugais et les Macanais nés sur place sont importants culturellement car leur langue reste langue officielle. Cependant ce statut « officiel » n’est en rien comparable avec celui du Timor oriental où toutes les lois sont rédigées dans la langue de Camões et non pas dans la langue nationale. L’esprit de ses lois y reste portugais. Cependant la Loi Basique − écrite en chinois d’abord − fait, si on peut dire, « force de loi », car aucune autre ne peut lui être opposée et tout article d’autres codes ne peut être appliqué s’il contrevient à cette loi « semi-constitutionnelle ».


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