Société asiatique Nathalie MONNET
Communications :
Madame Nathalie MONNET, sinologue, Conservateur en chef à la BNF (manuscrits orientaux),
a présenté les communications suivantes lors des séances du vendredi :
Séance du 12 avril 2013
« L’usage parcimonieux de la couleur dans les estampages chinois ».
Deux camps s’opposent dans la culture visuelle de la Chine traditionnelle. Le premier exploite les effets de la polychromie par l’usage de tons éclatants, en opposition avec la monochromie, ou l’usage très modéré de la couleur prôné par l’autre camp. C’est parmi les adeptes de cette deuxième catégorie que s’est développée la peinture de lavis si caractéristique de l’esthétique du lettré chinois et c’est dans ce même milieu que le genre de l’estampage levé à l’encre noire n’a cessé d’être apprécié depuis au moins le VIIe siècle.
Les estampages en couleur transgressent les codes d’une tradition de culture visuelle vers l’autre. Ils ne forment qu’un infime pourcentage dans les grandes collections muséographiques, majoritairement en noir, ce qui fait de ces feuillets colorés des spécimens exceptionnels qui n’ont, semble-t-il, pas fait l’objet de recherches. Leur étude est ici préliminaire. Il n’est pas possible de situer les débuts de la technique, par manque de spécimens datés et d’information textuelle. En l’absence d’indices sur la fabrication, le seul élément de datation est celui de l’acquisition qui ne permet pas de remonter au-delà de la dynastie des Qing (1644-1911), même si une antériorité n’est pas exclue.
Séance du 10 mai 2019
« L’image de « Guanyin aux Mille Mains et aux Mille Yeux » au Royaume de Dali et à Dunhuang. »
La pénétration du bouddhisme en territoire chinois et la diffusion de son art religieux n’ont pas suivi uniquement l’axe connu sous le nom de « Route de la soie ». De nombreuses autres voies de circulation liées à ce grand axe ont existé, dont une route en direction du sud-ouest qui reliait notamment le site de Dunhuang à la province du Sichuan pour atteindre le Yunnan et se poursuivre au-delà. La diffusion d’une iconographie propre à cette aire géographique sera abordée par le biais d’une représentation picturale du bodhisattva Avalokiteśvara, sous l’une de ses formes ésotériques dites « Guanyin aux Mille Mains et aux Mille Yeux ». Du VIIIe au XIIe siècle, des images d’inspiration commune se retrouvent à Dunhuang, au Sichuan, ainsi qu’au royaume indépendant de Dali. Les stèles indiennes de Pala et Sena en présentent une version régionale. Ces témoignages d’une culture visuelle bouddhique indiquent que, dans certains cas, des images ont largement circulé sans être fondées rigoureusement sur les textes canoniques et se sont transmises par des dessins très simples, voire des diagrammes.
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