Travaux LE BUREAU DU CANGE

I. LE NOVUM GLOSSARIUM MEDIÆ LATINITATIS ET LES DICTIONNAIRES NATIONAUX DE LATIN MEDIEVAL

Aperçu historique

 

Jusqu’au début du XXe siècle, le Glossarium Mediæ Latinitatis de Charles Dufresne, sieur Du Cange, très incomplet malgré les enrichissements apportés par les rééditions du XVIIIe et du XIXe siècles, était le seul dictionnaire important du latin du Moyen Âge. Le renouveau d’intérêt pour les études médio-latines aboutit alors au vœu formulé à Londres, en 1913, au cours d’un congrès d’historiens, de susciter un dictionnaire véritablement scientifique de la latinité médiévale.

 

Suspendu pendant la Première Guerre mondiale, le projet fut repris en 1920 par l’Union académique internationale. Il s’agissait d’unir les efforts de chaque pays pour réaliser sur une base internationale un dictionnaire commun (Novum Glossarium Mediæ Latinitatis, ou « Nouveau Du Cange ») : chacun devait se charger du dépouillement des textes latins écrits au Moyen Âge sur son territoire. À cette occasion fut également créée la revue A.L.M.A. (Archivum Latinitatis Medii Ævi), destinée à publier des travaux de lexicographie médiolatine. Les limites chronologiques du dictionnaire furent d’abord fixées aux VIe-Xe siècles (le Thesaurus linguæ latinæ de Munich couvrant la période antérieure), puis aux IXe-XIIe siècles (pour prendre la suite d’un dictionnaire du latin mérovingien prévu par John Baxter, mais qui n’a jamais vu le jour). Pour les siècles suivants, chaque pays était invité à rédiger son propre dictionnaire à partir de la documentation de ses sources nationales.

 

Le travail commença vers 1924 dans 6 pays : la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Pologne. Un office de coordination était constitué à Paris sous la direction du lexicographe Henri Gœlzer. Une dizaine d’années plus tard, les académies de Suède (1933), de Hongrie et de Tchécoslovaquie (1934) se joignirent à l’entreprise commune, suivies par l’Académie de Bavière (1937-1938) unie à celle de Berlin, qui lancèrent, en dehors de l’U.A.I., l’entreprise du Mittellateinisches Wörterbuch avec la collaboration des académies de Göttingen, Heidelberg, Leipzig, Mayence et Vienne, ainsi que de la Société suisse des Sciences humaines.

 

 

 

 

Pendant ce temps, la plupart des pays constituaient leur propre fichier et leur propre lexique au mieux de leur documentation. C’est ainsi que Francesco Arnaldi faisait paraître dès 1936, dans l’A.L.M.A., la première livraison d’un dictionnaire abrégé de la latinité médiévale italienne (Latinitatis Italicæ medii aevi lexicon imperfectum).

La Seconde Guerre mondiale ralentit les travaux, qui reprirent à partir de 1949. Les premiers fascicules commencèrent à paraître : Pologne (1953), Finlande (1958), Allemagne (1959), Suède (1968), Yougoslavie (1969), Pays-Bas (1970), Grande-Bretagne (1975), Bohême-Moravie (1977). Quant à l’entreprise commune, c’est en 1957 que Franz Blatt publia le premier fascicule du Novum Glossarium Mediæ Latinitatis (lettre L).

Dès l’après-guerre, les Centres Nationaux de Recherche Scientifique, en place dans les différents pays de l’Ouest, ont assumé le relais des académies, soit en prenant à leur charge le personnel chargé de la rédaction des dictionnaires (France), soit en suscitant de nouvelles entreprises (tel le Glossaire de latin médiéval de Catalogne commencé en 1955).

 

II. LE COMITÉ DU CANGE

 

L’équipe de rédaction

Le Comité Du Cange est régi depuis le 1er janvier 1998 par une convention entre trois institutions : l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le Centre National de la Recherche Scientifique et l’École Pratique des Hautes Études, IVe section (sciences historiques et philologiques).

Le personnel permanent du Comité forme la section de lexicographie latine de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, laboratoire propre du C.N.R.S. dirigé par Nicole Bériou. L’équipe de deux ingénieurs de recherche, Bruno Bon et Renaud Alexandre, est sous la responsabilité d’Anita Guerreau-Jalabert, directeur honoraire de l’École des chartes. Elle est chargée de la rédaction du N.G.M.L. La publication de l’A.L.M.A. est placée sous la responsabilité de Anne-Marie Turcan-Verkerk.

La direction de l’entreprise a été confiée en janvier 2011 à Mme Anita Guerreau-Jalabert, directrice de recherche au CNRS.

 

Les ressources

Le fichier de plus d’un million et demi de références, qui sert à la rédaction du dictionnaire international de latin médiéval, est pour les chercheurs un instrument de travail sans équivalent. Conservé à l’Institut de France (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), il porte sur plus de 500 auteurs, 2000 œuvres et 500 cartulaires ou recueils d’actes : il résulte des dépouillements effectués depuis les années 30 sur des sources de nature diverse (textes narratifs, théologiques, scientifiques, juridiques, diplomatiques).

Le Comité dispose également de dictionnaires de latin médiéval, notamment l’ensemble des dictionnaires nationaux publiés, de monographies de lexicographie et de sémantique latines, de concordances, de nombreuses éditions critiques servant de base aux dépouillements, de quelques revues (Archivum Latinitatis Medii AeviFilologia mediolatinaListy filologickeCristianiesimo nella storia), de divers CD-Rom (Classical Library of Christian TextsPatrologia Latina Data BaseArchive of Celtic-Latin LiteratureMonumenta Germaniæ Historica, Bibliotheca Teubneriana LatinaThesaurus DiplomaticusThesaurus Formarum).

La section est ouverte, sur rendez-vous, de 14h à 18h (à certaines périodes, ces horaires peuvent être modifiés). Un petit nombre de places de travail est offert aux étudiants et chercheurs qui désirent en consulter la documentation.

 

 

Dictionnaire international

La langue utilisée pour les traductions et explications du dictionnaire international étant le français, il fut décidé que l’ouvrage serait rédigé à Paris à partir de la lettre M. Les matériaux de base du Novum Glossarium Mediæ Latinitatis sont dès lors, outre le fichier central de Paris, les fiches du Mittellateinisches Wörterbuch et celles du Comité britannique, les bases de données de lemmes de la documentation belge, des extraits du Lexicon imperfectum italicæ latinitatis, et des copies de textes du Centre catalan, des articles fournis par le centre hongrois de Budapest, enfin quelques fiches polonaises, néerlandaises, danoises et yougoslaves.La liste de formes et d’occurrences ainsi établie est désormais doublée par un recours systématique aux bases de données (en particulier : Acta Sanctorum DatabaseArchive of Celtic Latin LiteratureLibrary of Latin TextsElectronic-Monumenta Germaniae HistoricaPatrologia Latina DatabasePoetria nova).

Vingt-et-un fascicules du Novum Glossarium sont parus à ce jour, de L à Plego (2011), ainsi que deux volumes d’index des sources utilisées (Supplementum2005).

Dictionnaires nationaux

Les limites chronologiques de ces dictionnaires varient entre les plus anciennes sources connues et la fin du XVIe siècle, et chaque ouvrage a suivi des méthodes qui lui sont propres.

  • Allemagne [500-1280] : Mittellateinisches Wörterbuch, lettres A-G.
  • Catalogne [800-1100] : Glossarium Mediæ Latinitatis Catalonie, lettres A-D, F, G.
  • Danemark [ante 1560] : Lexicon Mediæ Latinitatis Danicæ, lettres A-R.
  • Finlande [ante 1530] : Glossarium Latinitatis Medii Ævi Finlandicæ, lettres A-Z.
  • Grande-Bretagne [500-1600] : Dictionary of Medieval Latin, lettres A-R.
  • Hongrie [1000-1526] : Lexicon Latinitatis Medii Ævi Hungariæ, lettres A-C.
  • Irlande [400-1200] : Dictionary of Medieval Latin from Celtic Sources, lettres A-H.
  • Italie [ante 1022] : Latinitatis Italicæ Medii Ævi Lexicon Imperfectum, lettres A-Z et plusieurs suppléments.
  • Pays-Bas [800-1500] : Lexicon Latinitatis Nederlandicæ Medii Ævi, lettres A-Z.
  • Pologne [1000-1600] : Lexicon Mediæ et Infimæ Latinitatis Polonorum, lettres A-S.
  • République Tchèque [800-1500] : Latinitatis Medii Ævi Lexicon Bohemorum, lettres A-M.
  • Suède [1150-1500] : Glossarium Mediæ Latinitatis Sueciæ, lettres A-Z.
  • Yougoslavie [800-1526] : Lexicon Latinitatis Medii Ævi Yougoslaviæ, lettres A-Z.

 

Autres dictionnaires médiolatins :

 

 

Section de lexicographie latine de l’IRHT :

Page web : http://www.irht.cnrs.fr/…/lexicographie-latine

Courrier électronique : section.lexicographie(at)irht.cnrs.fr

Directeur : Anita Guerreau (anita.guerreau(at)irht.cnrs.fr)

Responsable : Anita Guerreau (anita.guerreau(at)irht.cnrs.fr)

Adresse : Institut de France

Comité Du Cange23, quai de Conti – 75006 Paris

(tél. 01.44.41.43.08 – fax. 01.44.41.43.09)