Manifestations L’épigraphie, expression d’un patrimoine durable : le témoignage d’un décret honorifique conservé au fonds Louis Robert
Les samedis 17 et dimanche 18 septembre 2022, l’Académie proposera une exposition rappelant comment, par le biais des inscriptions gravées dans la pierre, les Anciens ont permis de conserver durablement des informations infiniment précieuses pour notre connaissance du monde antique, en présentant l’estampage d’un décret honorifique conservé dans son fonds Louis Robert.
Les fouilles menées sur le territoire de la cité grecque de Colophon (aujourd’hui près d’Izmir, en Turquie) en offrent un exemple particulièrement éloquent : en faisant sortir de terre un petit temple d’Artémis et un immense temple d’Apollon, les archéologues ont mis au jour un texte de loi original : ce long décret de la cité honore Polémaios, fils de Pantagnôtos.
Ce notable a rendu de nombreux services à sa cité pendant une période troublée : il a offert des spectacles à ses propres frais et a surtout accomplis de nombreuses ambassades, souvent dangereuses, auprès des cités voisines et des armées romaines, qui commençaient précisément à conquérir sa région d’origine dans ces années-là (fin du IIe siècle av. notre ère).
Pour le remercier de ses nombreux bienfaits, la cité de Colophon lui a décerné un éloge, qui sera prononcé chaque année lors des fêtes religieuses les plus importantes de la ville, une couronne d’or et une statue en or. Enfin, le décret qui accorde toutes ces récompenses doit être gravé sur une stèle de marbre.
C’est cette gravure qui sauve Polémaios et la cité de Colophon de l’oubli : aujourd’hui, plus personne n’est évidemment vivant pour réciter son éloge ; la couronne et la statue en or ont disparu car leur métal précieux a été récupéré et refondu. Seule l’inscription a survécu au passage du temps, car elle était gravée sur un support à la fois résistant et peu cher, ce qui lui a permis d’échapper à la convoitise des voleurs. Grâce à elle, nous obtenons non seulement des informations sur le parcours personnel de Polémaios, mais aussi sur la vie politique de sa cité, sur les fêtes religieuses de la ville, sur les relations que les Grecs d’Asie entretenaient avec les Romains, et de nombreux autres sujets encore.
C’est parce que ces inscriptions nous livrent des informations aussi variées qu’utiles que certains historiens se sont spécialisés dans leur étude, l’épigraphie. Parmi eux, Louis ROBERT (1904-AIBL 1948-1985), est considéré comme le plus grand spécialiste de l’épigraphie grecque au XXe siècle.
En cette année de célébration du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François CHAMPOLLION (1791-AIBL 1830-1832) plusieurs documents relatifs à cette découverte, dont la lettre manuscrite de ce dernier, en date du 25 octobre 1822, adressée au Secrétaire perpétuel, offrant à l’Académie le premier exemplaire de la « Lettre relative à l’alphabet des hiéroglyphes-phonétiques », connue sous le titre de Lettre à M. Dacier, seront également présentés au public.
Livret de l’exposition « Champollion le Jeune. Le déchiffreur des hiéroglyphes »