Coupoles Séance de rentrée solennelle sous la Coupole sur le thème « L’ERREUR »
Le 29 novembre 2024, a eu lieu, sous la Coupole du palais de l’Institut de France, la séance de rentrée solennelle de l’Académie, en présence d’une assistance réunissant quelque 500 personnes, dont plusieurs représentants de pays étrangers (Malte, Égypte, Kosovo, Belgique, Russie, Maroc, Japon, Allemagne, Espagne), ainsi que de nombreuses personnalités du monde de la culture et de la recherche. À cette assistance déjà nombreuse se sont joints pas moins d’un millier d’internautes qui ont suivi la retransmission de cette cérémonie via le site internet de l’Académie ou la plateforme Vimeo. Après la présentation du bilan de la vie et des activités de l’Académie en 2024 par le Président Charles de LAMBERTERIE, la proclamation des prix par le Vice-Président Franciscus VERELLEN et une allocution du Secrétaire perpétuel Nicolas GRIMAL, trois orateurs sont venus illustrer le thème de « L’erreur » retenu cette année : M. Michel VALLOGGIA (« Une erreur d’interprétation historique : Le site d’Abou Rawash en Égypte »), M. Carlos LÉVY (« “Cloaque d’incertitude et d’erreur” (Pascal). Erreur et mépris dans la pensée antique ») et M. Dominique BARTHÉLEMY (« L’erreur dans les études historiques sur l’an mil »).
Le vendredi 29 novembre 2024, à 15h précises
◊ La vie et les travaux de l’Académie en 2024, par Monsieur Charles de LAMBERTERIE Président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
◊ Lecture du Palmarès de l’année 2024 et proclamation des nouveaux archivistes paléographes, par Monsieur Franciscus VERELLEN, Vice-Président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
◊ Allocution d’accueil de Monsieur Nicolas GRIMAL, Secrétaire perpétuel de l’Académie.
◊ Discours de Monsieur Michel VALLOGGIA, associé étranger de l’Académie : « Une erreur d’interprétation historique : Le site d’Abou Rawash en Égypte »
Selon leur préservation les vestiges d’un site archéologique peuvent susciter des interprétations diverses, parfois erronées…
Ainsi, l’exemple présenté ici vise à illustrer une tendance : celle de ramener une image à des modèles qui nous sont contemporains. Au début du XXe siècle, la vision d’un complexe funéraire éventré, au voisinage de l’exceptionnelle préservation des pyramides du plateau de Gîza, suggéra l’idée d’une royauté usurpée…
Aujourd’hui, grâce aux progrès méthodologiques et technologiques, la collecte d’informations nous permet d’affiner notre connaissance de la réalité et nous livre un éclairage neuf sur le règne d’un souverain méconnu.
◊ Discours de Monsieur Carlos LÉVY, membre de l’Académie : « “Cloaque d’incertitude et d’erreur” (Pascal). Erreur et mépris dans la pensée antique »
Le terrible jugement de Pascal est au moins partiellement contrebalancé par le contexte qui donne une vision bien plus contrastée de la nature humaine : « Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebut de l’univers ». Il n’en reste pas moins que, pour Pascal, la capacité de l’homme à se tromper fait qu’il y a du méprisable dans sa condition. L’erreur suscite-t-elle nécessairement le mépris ? Qu’est-ce qui peut légitimer que l’on méprise celui qui s’est trompé ? Nous examinerons les réponses que la philosophie hellénistique et romaine a apporté à ces questions. Pour les Stoïciens, les hommes sont dans leur immense majorité dans l’erreur, seul le sage échappe à celle-ci, mais il y a un sage tous les sept siècles. Paradoxalement, les principaux adversaires des Stoïciens, les Académiciens étaient eux aussi d’accord sur l’idée que, naturellement, l’humanité est massivement encline à l’erreur. Comment les uns et les autres ont-ils mis en œuvre des stratégies pour permettre au sujet humain de rester le juge, au moins virtuel, de toute chose ? Le mépris a-t-il été théorisé par ces penseurs comme une réponse justifiée à l’erreur ? Telles sont quelques- unes des questions que nous aurons à examiner.
◊ Discours de Monsieur Dominique BARTHÉLEMY, membre de l’Académie : « L’erreur dans les études historiques sur l’an mil »
Les terreurs de l’an mil appartiennent à une mythologie moderne de la France, dont l’école méthodique a fait justice, de François Plaine (1873) à Ferdinand Lot (1947). Elle leur opposait les sources (clairsemées) qui attestent d’inquiétudes d’une intensité assez habituelle, causées par d’autres soucis que celui de l’année 1000 de l’ère chrétienne, et de quelques lectures peu alarmistes de l’Apocalypse. Cependant de nouvelles variantes, notamment millénaristes, ont fait leur apparition à la faveur d’un dérèglement historiographique, aux abords de l’an 2000. Les médiévistes les plus médiatisés n’ont osé aucune réaction, au regret de Bernard Guenée qui considérait que « pour l’historien, la vérité est l’essentiel », appelant aussi à un discernement entre le certain et l’incertain. On se demandera en quoi la critique procurée par l’école méthodique peut encore être complétée et réajustée. La réfutation de l’erreur ne constitue-t-elle pour nous qu’une perte de temps, ou peut-elle être aussi une précieuse stimulation ?