Membre 2012
Jean PERROT
Nommé correspondant de l’Académie le 15 janvier 1965, au poste du R. P. de Vaux, l’archéologue et orientaliste de réputation internationale Jean Perrot est décédé le 23 décembre 2012, dans sa 93ᵉ année. Diplômé de l’École du Louvre en archéologie orientale et de l’École pratique des Hautes Études, ancien pensionnaire à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem et directeur de recherche honoraire au CNRS, M. Jean Perrot était reconnu comme le meilleur spécialiste de la Préhistoire récente et de la Protohistoire de la Palestine. En 1952, il fonda la Mission archéologique française en Israël qui deviendra en 1979 le Centre de Recherche Français de Jérusalem (CRFJ), un établissement dirigé par ses soins jusqu’en 1990. Fouilleur heureux d’Abou Matar, de Beersheva, de Hatzor ou bien encore de Aïn Mallaha, il étendit sa recherche à la Turquie, notamment en Cilicie, mais aussi aux sites préhistoriques de Chypre, au Sinaï, à l’Afghanistan et, surtout, à l’Iran. De 1967 à 1980, il fut le directeur de la Délégation archéologique française en Iran et de la Mission de Suse. Son autorité considérable lui a valu d’être invité, au fil de sa carrière, par plusieurs universités américaines à dispenser un enseignement, dont la prestigieuse Harvard. Organisateur et administrateur hors pair, Jean Perrot créa en 1952 Paléorient, une revue incontournable pour qui s’intéresse aux progrès des études relatives aux premières civilisations du Proche-Orient. Il nous laisse une œuvre abondante, dont on se bornera à citer deux titres récents : ses Carnets d’un archéologue en Orient (1997) et Le palais de Darius à Suse (2010), immédiatement couronné, à Téhéran même, par le Prix international Farabi.
Jean MARCADÉ
Élu membre de l’Académie le 25 février 1983, au fauteuil de Claude Schaeffer-Forrer, après avoir été nommé correspondant le 8 décembre 1978, l’helléniste Jean MARCADÉ est décédé le 28 décembre 2012, à l’âge de 92 ans. L’un des meilleurs spécialistes d’archéologie grecque de sa génération, il était réputé pour ses travaux sur la sculpture et l’iconographie, et mondialement connu pour les nombreuses « prothèses » de statues opérées par ses soins. Normalien (promotion 1939), agrégé de lettres classiques (1943), ancien membre de l’École française d’Athènes (1946-1953) et docteur ès lettres (1969), Jean MARCADÉ avait professé aux Universités de Bordeaux, puis de Paris I-Panthéon-Sorbonne. Spécialiste reconnu de muséographie et des techniques de l’archéologie, il était le fondateur du Centre de Recherches interdisciplinaire d’Archéologie analytique de l’Université de Bordeaux III, dont il assura la codirection entre 1975 et 1989. Membre de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique et de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, il assuma la charge d’entreprises éditoriales de grande envergure en tant que directeur scientifique des collections Archaeologia Mundi (21 vol.) et L’art ancien de l’Humanité (10 vol.). Auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la sculpture des grands sanctuaires de Delphes, de Délos et de Xanthos, il avait collaboré à l’édition du Livre VIII de La Description de la Grèce (Arcadie) et publié ses principaux articles en 1993 dans un volume intitulé : Études de sculpture et d’iconographie antiques. Scripta varia, 1941-1991. À l’Académie, Jean MARCADÉ avait codirigé le Journal des Savants de 1992 à 2009.
Antonio GARZYA
Élu associé étranger de l’Académie le 28 mai 1999, après avoir été nommé correspondant le 26 juin 1998, l’helléniste Antonio GARZYA, historien italien internationalement célébré de la culture byzantine, mais aussi de la médecine grecque et byzantine, est décédé le 6 mars 2012 à Rome, à l’âge de 85 ans. Docteur de l’Université de Naples en 1953, il était professeur émérite de littérature grecque à l’Université de Naples Federico II, où il enseigna à partir de 1969. Professeur associé de Grec médiéval à la Sorbonne de 1984 à 1988, spécialiste réputé d’ecdotique, il était depuis 1993 membre de l’URA 1255 « Médecine grecque ». Associé à Jacques JOUANNA, membre de l’AIBL, le Professeur GARZYA organisait, depuis 1990, des colloques réguliers sur les problèmes posés par l’édition des textes médicaux, dans le cadre d’une convention entre l’Université de Naples et la Sorbonne. Fondateur de l’Associazione italiana di Studi bizantini, dont il était président honoraire, il avait assuré la vice-présidence de l’Association internationale des Études byzantines. Auteur de centaines d’essais, articles et comptes rendus, on doit au philologue, spécialiste à ses débuts des lyriques grecs, des éditions critiques magistrales d’Euripide parues dans la « Bibliotheca Teubneriana », mais également de Synésios de Cyrène, Procope de Gaza ou bien encore de Nicéphore Basilakès. Généreux de sa science, A. GARZYA avait publié plusieurs manuels universitaires, dont une Storia della letteratura greca, rééditée seize fois entre 1972 et 1991, ou bien un indispensable Guida alla traduzione dal greco (1991, 1998). Parmi ses livres les plus récents, l’on mentionnera d’incontournables recueils d’articles qui rendent compte de l’étendue des travaux du grand helléniste : Il mandarino e il quotidiano. Saggi sulla letteratura tardoantica e bizantina (1985), La parola e la scena. Studi sul teatro antico da Eschilo a Plauto (1997) ou bien encore Percorsi e tramiti di cultura. Saggi sulla civiltà tardoantica e bizantina con una giunta sulla tradizione degli studi classici (1997).
Gherardo GNOLI
Élu associé étranger de l’Académie le 22 janvier 1999, au fauteuil de John CHADWICK, après avoir été nommé correspondant le 13 février 1998, l’orientaliste Gherardo GNOLI, iranologue de grand renom international et historien des religions orientales italien, est décédé le 7 mars 2012 à Rome, à l’âge de 74 ans. Libero docente en histoire religieuse de l’Iran et de l’Asie centrale en 1965, Gh. GNOLI devint, dès 1968, professeur de philologie iranienne à l’Istituto universitario orientale de Naples – dont il sera le recteur de 1970 à 1978. Professeur d’histoire religieuse de l’Iran et de l’Asie centrale à l’Université de Rome « La Sapienza » de 1993 à 2008, il était depuis 1979 le Président de l’Istituto italiano per il Medio ed estremo Oriente (IsMEO), devenu en 1996 l’Istituto italiano per l’Africa e l’Oriente (IsIAO) ; il présidait également depuis plus de quinze ans la Società italiana per la Storia delle Religioni. Chargé de cours sur le monde iranien de Zoroastre au manichéisme au Collège de France en 1983, directeur d’études associé à Vᵉ, section de l’École pratique des Hautes Études, en 1986-1987, le Professeur GNOLI avait tissé des liens nombreux et solides avec ses collègues français. Élu membre honoraire de la Société asiatique en 1981, un titre rarement accordé, il collabora, deux décennies durant, à l’entreprise franco-italienne de l’Inventaire des Inscriptions sudarabiques, lancée dans le cadre d’un partenariat réussi entre l’Académie et l’IsIAO, que dirige Christian ROBIN, membre de l’AIBL. Au titre d’une très riche bibliographie comptabilisant plusieurs centaines de titres, l’on citera son désormais classique Zoroaster’s Time and Homeland (1980, réédité à Téhéran en 2003), The Idea of Iran. An essay on its origin (1989), Iran als religiöser Begriff im Mazdaismus (1993) ou bien encore, plus près de nous, les 2 vol. de Il Manicheismo (2003-2006).
Jean BINGEN
Élu associé étranger de l’Académie le 10 décembre 1999, au fauteuil de Paul Oskar KRISTELLER, après avoir été nommé correspondant le 19 février 1999, l’helléniste Jean BINGEN, épigraphiste et papyrologue belge de grand renom international, est décédé le 6 février 2012 à Bruxelles, à l’âge de 91 ans. Docteur en philologie classique à vingt-cinq ans et ancien membre de l’École française d’Athènes, le Professeur Jean BINGEN accomplit une carrière toute rectiligne à l’Université libre de Bruxelles où il fut recteur adjoint et doyen de la Faculté des lettres ; il fut aussi le directeur de son Centre de papyrologie et d’épigraphie grecques de 1972 à 1990. Secrétaire général du Comité des Fouilles belges en Grèce (1963-1992), il dirigea, à partir de 1963, la Fondation égyptologique de la Reine Élisabeth et sa revue savante, La Chronique d’Égypte. Il occupa aussi dès cette époque la Présidence du Comité des Fouilles belges en Égypte et fut le directeur du programme international de fouilles au Mons Claudianus (Égypte, 1987-1993). Membre éminent de l’Académie de Belgique, il assuma la charge de secrétaire général du conseil international de la Philosophie et des Sciences humaines près l’UNESCO, siégea au conseil de Fondation et du comité scientifique de la Fondation Hardt pour l’Étude de l’Antiquité classique et fut membre de la Kommission für Papyrologie de l’Heidelberger Akademie der Wissenschaften ainsi que du comité scientifique international du Supplementum Epigraphicum Graecum. La bibliographie de ce savant considérable comporte plusieurs centaines de titres. Parmi ceux-ci, il convient de mentionner son édition du Dyscolos de Ménandre (1960, 19642), celle du Papyrus Revenue Laws. Tradition grecque et adaptation hellénistique (1978), deux recueils de ses principaux articles intitulés Pages d’épigraphie grecque, parus respectivement en 1991 et 2005, ou bien encore son édition en deux volumes, avec plusieurs collaborateurs, des Ostraca graeca et latina du Mons Claudianus.
Jacques DUCHESNE-GUILLEMIN
Nommé correspondant étranger de l’AIBL le 16 mars 1979 au poste de Georg Morgenstierne, l’orientaliste et historien des religions Jacques Duchesne-Guillemin, spécialiste par excellence des études avestiques, est décédé le 8 février 2012 à Liège, à l’âge de 101 ans. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, docteur en philologie classique de l’Université de Louvain, le Professeur Jean Duchesne-Guillemin accomplit une carrière brillante à l’Université de Liège qui lui conféra l’éméritat en 1980. Docteur honoris causa de l’Université de Téhéran, il fut pendant longtemps le rédacteur en chef de la série Acta Iranica. Parmi sa production scientifique, on citera sa thèse de doctorat sur Les Composés de l’Avesta (1936), son étude critique sur Zoroastre, une traduction des Gāthās de l’Avesta (1948) ou encore La religion de l’Iran ancien (1962). Il était également l’auteur de livres pénétrants sur Paul Valéry, qui avaient été couronnés par l’Académie française.