Membre 2017
Alain MICHEL
Élu membre de l’Académie au fauteuil de Pierre GRIMAL, le 19 décembre 1997, le latiniste Alain MICHEL nous a quittés le 2 avril 2017, à Fontainebleau, à l’âge de 87 ans. Normalien, agrégé des lettres et docteur ès-lettres, Alain MICHEL fut professeur à l’Université de Lille (1960-1968), puis à la Sorbonne, qui lui conféra l’éméritat en 1997. Directeur de l’Institut d’Études latines de la Sorbonne de 1982 à 1991, il fut à l’origine de la création d’une chaire de « Langue et littérature latines du Moyen Âge et de la Renaissance ». Grand spécialiste de Cicéron et de la rhétorique antique, son œuvre s’étendait à l’ensemble de la latinité, à la littérature latine médiévale, en particulier sa poésie hymnique et mystique, au néo-latin, à la tradition et à la réception des œuvres classiques à travers les âges. L’un des membres fondateurs, avec M. Marc FUMAROLI, de l’Académie française, membre de l’AIBL, de l’Association internationale d’Histoire de la Rhétorique, il avait présidé l’Association des Professeurs de Langues anciennes de l’Enseignement supérieur et l’Association internationale d’Études néo-latines. Vice-Président de l’Association Guillaume-Budé, membre du bureau de l’Association de Sauvegarde des Études littéraires (SEL), fondée par Jacqueline de ROMILLY, Alain MICHEL administra, de 1990 à 2005, la Société des Études latines. Le caractère pionnier et le rayonnement international de ses travaux lui avaient valu d’être appelé à siéger au sein de plusieurs académies : l’Académie hongroise des Sciences (Budapest), l’Académie polonaise des Sciences et des Lettres de Cracovie, l’Academia latinitatis (Rome). Il était docteur honoris causa de l’Université de Bucarest. Alain MICHEL nous laisse une œuvre considérable comportant de grands livres et plus de 200 articles variés. Parmi ses principaux ouvrages, l’on citera : Tacite et le destin de l’Empire (1966) ; Rhétorique et philosophie chez Cicéron : essai sur les fondements philosophiques de l’art de persuader (1960, 20032), un gros livre qui marqua une étape fondamentale dans la résurrection de la rhétorique, considérée comme une esthétique générale et non pas comme une simple technique ; In hymnis et canticis. Culture et beauté dans l’hymnique chrétienne latine (1976) ; Théologies et mystiques au Moyen Âge. La poétique de Dieu (Ve-XVe s.) (1997) ; enfin, La parole et la beauté. Rhétorique et esthétique dans la tradition occidentale (1982, 19942), un maître livre répondant au projet qu’il avait formé d’écrire une histoire philosophique de la création littéraire.
Max PFISTER
Élu associé étranger, le 16 avril 2010, au fauteuil de Karl-Ferdinand WERNER, après avoir été nommé correspondant étranger le 28 avril 2006, le romaniste suisse Max PFISTER est décédé à Sarrebruck, le 21 octobre 2017, à l’âge de 85 ans. Professeur émérite de l’Université de Sarrebruck, où il avait enseigné de 1974 à 2000, il était le directeur du monumental Lessico etimologico italiano, un ouvrage de référence mondial dans le domaine des études de linguistique italienne qui reconstruit l’histoire des mots dans l’italien et ses dialectes, des premières attestations à nos jours, et dont 14 volumes ont été publiés depuis 1979. Du fait de sa réputation internationale, Max PFISTER avait été appelé à siéger au sein de nombreuses sociétés savantes, entre autres, au Centro di Studi filologici e linguistici siciliani (Palerme), à la Société de Linguistique romane (Président, puis Président d’honneur) et à l’Istituto Lombardo (Milan) ; il était également membre de plusieurs académies, dont l’Accademia dei Lincei (Rome), l’Accademia della Crusca (Florence) et l’Akademie der Wissenschaften und der Literatur (Mayence). Officier de l’Ordre du Mérite de la République italienne, il était aussi docteur honoris causa des Universités de Bari, Lecce, Turin, de Rome et Palerme et avait reçu, en 1993, le Prix international Galileo Galilei. Éditeur de la Zeitschrift für romanische Philologie, il laisse une œuvre abondante comportant plus de 800 notes et articles, dont les principaux ont été réunis en 2002 dans un épais recueil intitulé : Scripta minora selecta de rebus galloromanicis et italicis. Parmi ses nombreux ouvrages, on se bornera à citer un classique indispensable, son Einführung in die romanische Etymologie, et, plus près de nous sa monographie sur les Aspekte und Probleme der römisch-germanischen Kontinuität. Sprachkontinuität an Mosel, Mittel- und Oberrhein sowie im Schwarzwald.
Lionel Galand
Élu correspondant de l’Académie, le 19 mars 1999, l’africaniste et linguiste Lionel Galand est décédé à Roosendaal, aux Pays-Bas, le 28 octobre 2017, à l’âge de 97 ans. Normalien de la rue d’Ulm et ancien membre de l’École française de Rome, Lionel Galand commença sa carrière à l’Institut des Hautes Études marocaines de Rabat (1948-1956), puis professa à l’INALCO (1956-1977) et à la IVe section de l’École pratique des Hautes Études (1971-2006), qui lui conférèrent tous deux l’honorariat. Maître incontesté des études libyco-berbères, on lui doit des travaux fondamentaux sur la grammaire comparée des langues berbères, le déchiffrement des alphabets libyques, ainsi que plusieurs études sur les poésies touarègues recueillies par Charles de Foucauld. Il avait également contribué à l’étude du guanche, l’ancienne langue des îles Canaries. Ancien Président du Groupe linguistique d’Études chamito-sémitiques (GLECS), il était membre de la Société de Linguistique de Paris et de la Linguistic Society of America. Membre étranger de l’Académie royale des Sciences d’Amsterdam, il avait fondé, à Milan, la classe des études africaines de l’Accademia ambrosiana. Il était par ailleurs le directeur de publication de la Lettre du Répertoire des Inscriptions libyco-berbères (RILB). Parmi sa riche bibliographie réunissant plus de 200 articles et de nombreux ouvrages, on se bornera à citer son livre Regards sur le berbère, paru en 2010, qui constitue la pierre angulaire de nos connaissances dans cette discipline.