L'Académie PERROT Georges
Villeneuve-Saint-Georges, Seine-et-Oise, le 12 novembre 1832 ; Paris, le 30 juin 1914
Grand-Officier de la Légion d’honneur
Élu, le 18 décembre 1874, membre ordinaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, au fauteuil de François GUIZOT.
Président pour 1884 et 1903.
Secrétaire perpétuel, le 9 décembre 1904.
Président de l’Institut de France en 1903.
Reçu premier à l’École Normale Supérieure en 1852 puis à l’agrégation des lettres en 1859, Georges Perrot mit à profit son séjour à l’École française d’Athènes pour procéder à l’exploration systématique de l’île de Thasos ; il se rendit ensuite en Crète, d’où il fit parvenir au musée du Louvre le premier fragment de la loi de Gortyne. Profitant, quelques années plus tard, des crédits spéciaux attribués par Napoléon III à la recherche archéologique, il put se rendre en Asie Mineure, où il récolta un riche matériel qu’il publia dans deux gros volumes intitulés respectivement : Explorations archéologiques de la Galatie et de la Bithynie (1862) et Explorations archéologiques de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (1872). Entre-temps, il avait enseigné dans divers collèges. Il entra dans l’enseignement supérieur en 1869 comme suppléant de Gaston Boissier dans la conférence de langue et littérature latines à l’École Normale Supérieure, où il fut nommé maître de conférences pour la langue et la littérature grecques en 1875. En 1879, il passait à la Sorbonne comme professeur d’archéologie. Il avait été élu membre de notre Académie cinq années auparavant, à seulement 42 ans~ ; il en deviendra Secrétaire perpétuel en 1904, après avoir exercé pendant plus de 20 ans les fonctions de directeur de l’École Normale Supérieure.
Mais, quelque services que Georges Perrot ait pu rendre comme professeur, académicien, directeur de l’École ou Secrétaire perpétuel, c’est vers ses travaux scientifiques qu’il faut revenir pour l’apprécier à sa juste valeur, et notamment vers sa monumentale Histoire de l’art dans l’Antiquité composée de 10 volumes in-4° de 900 pages chacun, chef-d’œuvre de savoir, de méthode et de goût entrepris aux approches de la cinquantaine en collaboration avec l’architecte Charles Georges Chipiez. Georges Perrot eut la rare fortune de pouvoir travailler sans interruption jusque dans sa 82e année ; c’est la plume à la main que la mort est venue l’enlever.
Spécialisation : HELLÉNISTE [histoire et civilisation grecques, archéologie grecque et romaine (Asie Mineure ; Thasos), histoire de l’art antique (en particulier origines de l’art grec ; sculpture et notamment Praxitèle ; architecture), philologie et littérature grecques (orateurs attiques, Démosthène), épigraphie grecque (Asie Mineure), histoire du droit antique (Athènes), histoire culturelle (Institut de France), récits de voyage, linguistique].
Carrière : – 1852. École Normale Supérieure. – 1855. Agrégé des lettres. – 1855-1858. Membre de l’École française d’Athènes. – 1858-1859. Professeur au lycée d’Angoulême. – 1859-1864. Suppléant de rhétorique au lycée d’Orléans (1859), au lycée de Versailles (1860). – 1860-1861. Chargé d’une mission scientifique en Asie Mineure. – 1864-1871. Professeur au lycée Louis-le-Grand. – 1867. Docteur ès lettres. – 1868-1883. Suppléant, puis maître de conférences (1875) de langue et littérature grecques à l’École Normale Supérieure. – 1874-1876. Directeur adjoint d’études des Antiquités grecques à l’École pratique des Hautes Études, IVe section. – 1879-1883. Professeur d’archéologie à la Sorbonne. – 1883-1904. Directeur de l’École Normale Supérieure.
- Membre de la Société nationale des Antiquaires de France (Paris, président 1882-1883).
- Membre du Comité des Travaux historiques et scientifiques (président de la section d’archéologie de la Commission de l’Afrique du Nord).
- Membre de l’Académie royale des Lettres, Histoire et Antiquités (Stockholm).
Principales publications : – 1860. « De l’étude et de l’usage du modèle vivant chez les artistes grecs » (in Revue archéologique). – 1862-1872. Explorations archéologiques de la Galatie et de la Bithynie, de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont, 2 vol. – 1863, 1867 (2ème éd.). Souvenirs d’un voyage en Asie Mineure. – 1864. Mémoire sur l’île de Thasos. – 1865. « Le Palais de Constantin à Constantinople » (in Revue de l’Est). – 1865, 1867 (2ème éd.). M. Müller. La Science du Langage (traduction en collaboration avec M.G. Harris). – 1867, 1869 (2ème éd.). Essai sur le droit privé et public de la République athénienne (thèse principale). – 1867. L’Île de Crète, souvenirs de voyage. – 1867. De Galatia provincia Romana (thèse complémentaire). – 1867-1868. M. Müller. Nouvelles Leçons sur la science du Langage, 2 vol. (traduction en collaboration avec M. G. Harris). – 1868. « Trèves et la Moselle allemande » (in Le Tour du Monde). – 1872. « L’enfance et la jeunesse de Démosthène » (in Revue des Deux Mondes). – 1872. « Le procès de Démosthène contre ses tuteurs » (ibid.). – 1873. « Démosthène avocat » (ibid.). – 1873. « Démosthène et le banquier Phormion. Le commerce de l’argent et le crédit à Athènes » (ibid.). – 1873. L’éloquence politique et judiciaire à Athènes (1re partie ; in Les Précurseurs de Démosthène). – 1873. M. Müller. Essai sur la Mythologie comparée (traduction). – 1875. Mémoires d’archéologie, d’épigraphie et d’histoire. – 1882-1914. Histoire de l’art dans l’Antiquité, 10 vol. (en collaboration avec Ch. Chipiez). – 1889. Le temple de Jérusalem et la maison du Bois Libor restitués d’après Ézéchiel et le Livre des Rois (en collaboration avec Ch. Chipiez). – 1900. L’histoire de l’art dans l’enseignement secondaire. – 1905. Praxitèle. – 1907. L’institut de France (en collaboration avec A. Franklin et G. Boissier).- Codirecteur de la Revue archéologique (1883-1913) et co-rédacteur en chef des Mémoires et Monuments de la Fondation E. Piot (1894-1913).- Mélanges Perrot. Recueil de mémoires concernant l’archéologie classique, la littérature et l’histoire anciennes dédié à Georges Perrot à l’occasion du 50e anniversaire de son entrée à l’École Normale Supérieure, Paris, 1903.
Biographie et bibliographie : – Le premier siècle de l’Institut de France, 25 octobre 1795-25 octobre 1895, par le comte de Franqueville, Paris, 1895, t. I, p. 365. – « Funérailles de M. Georges Perrot, secrétaire perpétuel de l’Académie, le vendredi 3 juillet 1914 », discours par É. Chatelain, Publications de l’Institut de France, 1914, n° 13. – « Georges Perrot », par S. Reinach, Revue archéologique 24, 1914, p. 121-127. « Georges Perrot », par R. Cagnat, Journal des Savants, 1914, p. 460-464 (avec liste chronologique des articles publiés dans le Journal des Savants). – « Georges Perrot. La Conférence d’Antiquités grecques », par B. Haussoullier, Annuaire de l’École pratique des Hautes Études, IVe section, 1914-1915, p. 143-151. – « Notice sur la vie et les travaux de M. Georges Perrot », par G. Maspero, CRAI, 1915, p. 453-485. – « Perrot (Georges) », par Éd. Chavannes, Association amicale des Anciens Élèves de l’École Normale Supérieure, 1915, p. 10-19. – « Georges Perrot », par R. de Lasteyrie et M. Collignon, Monuments et Mémoires de la Fondation E. Piot 22, 1916, p. V-XVII. – « Notice nécrologique sur Georges Perrot (1832-1914) », par F. Deshoulières, Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1920, p. 3-20. – Les Professeurs de la Faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique, I, 1809-1908, par C. Charle, Paris, 1985, p. 144-145. – G. Perrot, M. Collignon, Études d’archéologie grecque présentées par Ph. Bruneau, Paris, 1992.