Séances Vendredi 16 juin 2023

– Note d’information de M. Brent Seales et Mme Christy Chapman, sous le patronage du Secrétaire perpétuel Nicolas GRIMAL : « Nouvelles avancées techniques dans la lecture des papyri d’Herculanum. »

Résumé

En 2008, grâce à M. Jean LECLANT, Secrétaire Perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles- Lettres (1983-2011), nous avons lancé notre quête pour utiliser la technologie en vue de lire l’encre des rouleaux d’Herculanum endommagés. En 2018, nous avons fait un compte rendu devant l’Académie des progrès que nous avions réalisé au cours des cinq premières années. Cet exposé comprenait la démonstration du succès complet de la méthode de Déroulement Virtuel appliquée à un parchemin d’Israël, le Parchemin d’En-Gedi. L’encre d’Herculanum, étant à base de carbone, a nécessité une réflexion plus approfondie en plus du succès du déroulement virtuel. Dans cette présentation, nous montrerons que nous avons réussi – grâce aux nouvelles techniques d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique – à mettre en oeuvre une méthode basée sur la tomographie non-invasive qui révèle l’encre à base de carbone d’Herculanum. L’approche utilise des fragments ouverts à l’encre visible comme données d’apprentissage, qui nous avaient été confiés en 2019 grâce à M. Michel ZINK, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (2011-2022), et l’environnement expérimental du Diamond Light Source à Oxford, Angleterre. En plus des données acquises lors de la session expérimentale Diamond, nous avons également lancé un plan d’imagerie complet pour l’ensemble de la collection de fragments d’Herculanum dans les quatre institutions dépositaires (Biblioteca Nazionale di Napoli ; Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ; Bodleian Library ; British Library). Les résultats dont nous rendons compte aujourd’hui à l’Académie, grâce à M. Nicolas GRIMAL, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui sont en cours d’affinement à la faveur d’un concours mondial parrainé par des partenaires de la Silicon Valley, fixent la scène pour un déroulement virtuel complet des rouleaux d’Herculanum.

 

Abstract:

In 2008 thanks to M. Jean Leclant, Secretaire Perpetual of the Academie des Inscriptions et Belles Lettres (1983-2011), we launched a quest to use technology to read the ink of damaged Herculaneum scrolls.  In 2018 we reported to the Academie the progress we made in the first five years, which included the demonstration of a complete success of Virtual Unwrapping applied to a scroll from Israel, the Scroll from En-Gedi.  The ink of Herculaneum, being carbon-based, required further consideration in addition to the success of virtual unwrapping.  In this presentation we report that we have succeeded – thanks to emerging techniques in Artificial Intelligence and Machine Learning – in demonstrating a method based on non-invasive tomography that reveals the carbon-based ink of Herculaneum.  The approach uses open fragments with visible ink as training data, which we acquired in 2019 thanks to M. Zink, Secretaire Perpetual of the Academie des Inscriptions et Belles Lettres (2011-2022) and the experimental environment of the Diamond Light Source in Oxford, England.  In addition to the data acquired from the Diamond experimental session, we have also launched a comprehensive imaging plan for the entire Herculaneum fragment collection at all four custodial institutions (Biblioteca Nazionale di Napoli;  Academie des Inscriptions et Belles Lettres ;  Bodleian Library; British Library).  The results we now report to the Academie, thanks to M. Nicolas Grimal, Sectretaire Perpetual of the Academie des Inscriptions et Belles Lettres (2022-current), which are currently being refined through a global competition sponsored by partners from Silicon Valley, set the stage for a complete virtual unwrapping of Herculaneum scrolls.

 

 

 

– Communication de M. Philippe Nondédéo, sous le patronage de M. Dominique MICHELET : « Naachtun : premiers éléments de l’histoire politique d’une cité maya de la période classique. »

Résumé

Grâce au déchiffrement des inscriptions, on sait aujourd’hui que de nombreuses cités mayas de la période classique avaient à leur tête des « rois sacrés » formant des dynasties. Intercesseurs entre les hommes et les dieux, ces rois présidaient au destin de leur cité, n’hésitant pas à recourir à la force pour accroître leur zone d’influence ou pour faire des captifs. L’histoire de ces royaumes se révèle petit à petit, au gré des découvertes et de nouvelles lectures des inscriptions.

À Naachtun, cité du nord du Petén guatémaltèque, on a pu ainsi commencer à reconstituer quelque 500 ans d’histoire politique, de 361 apr. J.-C., date de la première mention épigraphique, jusqu’aux environs de 800, moment où s’effondre la royauté locale. Riche de plus de 80 stèles et autels sculptés qui portent le plus souvent des inscriptions, la cité a été la capitale d’un royaume important et le siège de l’une des plus anciennes dynasties connues, celle de Suutz’ (Chauve-Souris). Tour à tour alliée de la grande Tikal, puis soumise à la belliqueuse Calakmul, cette capitale régionale prend à présent pleinement sa place dans l’histoire générale des basses terres centrales mayas. La reconstitution partielle que l’on peut faire de son histoire politique permet au passage de montrer combien le recours à certaines technologies nouvelles peut-être d’une aide capitale dans la quête de nouvelles données. On verra pour finir combien les maisons royales, aux destins riches en rebondissements — alliances, subordinations, scissions, expulsions, refondations —, furent en réalité relativement mobiles et ont pu être amenées à changer de siège au cours de leur histoire.