Collections Mémoires présentés par divers savants – Tome XIV-1
Présentation
Extraits d’articles
Le nombre de Platon essai d’exégèse et d’histoire.
Une fois décrite, dans les premiers livres de la République, la cité idéalement juste et défini l’homme juste par excellence, Platon, afin de pouvoir opposer l’une à l’autre la Justice et l’injustice en leur forme absolue, devait montrer par quelles étapes de déchéance progressive la cité s’achemine vers la pire des constitutions et finalement s’ établit dans cette injustice et cette démesure suprême, qui s’appelle la tyrannie. C’est ce qu’il s’apprête à faire dès le début du livre VIII. Il rappelle les principaux traits de la Cité parfaite, énumère à nouveau les formes dégénérées de constitution qui s’opposent à la constitution idéale : timocratie, oligarchie, démocratie, tyrannie. Mais, avant de montrer comment elles naissent successivement les unes des autres, il lui faut résoudre une grave question préliminaire : est-il donc possible qu’une constitution idéale se corrompe, alors que, par définition, elle ne porte en son sein aucun germe de corruption ? Si parfaite qu’elle soit, rappelons-nous cependant qu’elle ne peut exister sans être soumise aux lois du devenir. Elle doit donc fatalement se dissoudre quelque jour, comme se dissout de soi-même tout composé, fût-il le plus idéalement constitué. Mais la question et la réponse ainsi formulées sont encore trop générales : ne peut-on pas et ne doit-on pas nous dire à quel moment précis de sa durée, par quelle altération prévue et fatale cette constitution parfaite commencera de se dissoudre? Evidemment, comme tout gouvernement humain, elle se corrompra par la tête, elle se détruira par la discorde entre ses chefs. Aussi Platon, nouvel Homère, s’adresse-t-il aux Muses pour les prier de nous conter les origines de cette discorde funeste, et les Muses, toujours prêtes à jouer avec nous comme avec des enfants, prennent le ton tragique pour nous parler du nombre mystérieux qui contient le secret de ce moment fatal (Rép., VIII, 546 a/c) (…)
L’architecture mozarabe dans les Pyrénées méditerranéennes : Saint-Michel-de-Cuxa.
En l’année 756 un petit fils d’Hichem, le Calife omeyade, débarque à Malaga et se fait proclamer Emir d’Espagne. La suzeraineté des califes asiatiques sera chaque jour plus précaire et en 829 l’indépendance est acquise; les émirs d’Andalousie se proclament princes des croyants (califes). La capitale élue est Cordoue, cité d’antique civilisation, illustrée par les noms des deux Sénèque, par Lucain et par l’évêque Osio. La culture engendre la culture et Cordoue devient un centre puissant comparable à Bagdad. Par sa marine, elle s’empare de la Méditerranée, par son armée, elle domine l’Hispania et pénètre la Gallia. A la fin du VIIIe siècle, elle arrive au maximum de sa splendeur, que les écrivains arabes racontent avec leur hyperbole caractéristique. Avec sa force et sa richesse Cordoue constitue un grand centre de civilisation : le monde antique grec et romain, et la science mésopotamienne, perse et égyptienne y trouvent leur écho; les arts y renaissent; les étoffes avec leurs thèmes venus de l’Orient, les cuirs avec des reflets polychromes, la céramique dorée, les verres émaillés, l’orfèvrerie, les métaux niellés, la sculpture taillée dans toute sorte de matériaux ou fondue en bronze. L’architecture y produit des palais admirables et surtout la mosquée commencée par Abd-er-Rahman Ier vers 785-788 et agrandie, successivement dans toutes les directions, jusqu’à la fin du Xe siècle. Les hommes du gouvernement visigoth s’organisent de l’autre côté des Monts Cantabriques et forment un premier noyau de résistance. Il faut songer que la colonisation romaine fut superposée à des peuples de culture et de langue différentes et que le gouvernement visigoth, moins puissant, ne représenta jamais l’unification du pays. La formation d’autres noyaux de résistance, représentant la complexité politique, en fut la conséquence. Tous ces noyaux possédèrent une civilisation de beaucoup inférieure à celle de Cordoue. Il fut tout naturel que cette dernière éveillât parmi eux des sentiments d’admiration et un désir d’imitation. La conséquence fut qu’une pénétration profonde de l’art arabe dans l’art chrétien se produisit en Espagne pendant le Xe siècle. Le temple du Christ fut habillé des pompes empruntées aux mosquées. La première étape de cette pénétration se voit principalement dans la région de Leon, d’Astorga et du Bierzo, à la limite septentrionale de la conquête romaine de l’Ibérie; la seconde, dans les Pyrénées méditerranéennes. (…)
Essai sur le Cursus publicus sous le Haut empire romain.
La transmission des nouvelles fait partie chez tous les peuples du monde d’un fonds commun de notions qui remonte très haut dans l’histoire du genre humain. En effet, on a pu observer, même chez certaines espèces d’animaux, des phénomènes semblables. Les chevaux sauvages, les chamois, entre autres, confient leur sécurité à des sentinelles, qui avertissent le troupeau par un cri, dès qu’elles aperçoivent le moindre danger. Les premiers groupements d’hommes ont dû développer ce système, dont nous pouvons encore étudier le fonctionnement à travers divers témoignages recueillis au cours des âges. C’est ainsi que chez César des cris d’un caractère convenu renseignent les Gaulois sur les entreprises de leurs ennemis, mode de transmission qui, d’après Riepl, s’est conservé chez les Albanais de nos jours. Mais à un stade plus avancé, il se peut aussi que l’on se passe de la voix humaine et qu’on recoure à un instrument, tronc d’arbre creux ou creusé, tam-tam, tambour dont le bourdonnement sonore avertit les peuplades en Afrique, en Malaisie, en Amérique du Sud, partout où nous nous trouvons encore en présence de civilisations primitives. A côté de ce système acoustique, on n’a pas tardé à se servir de moyens que j’appellerais optiques. On a allumé d’abord au sommet d’une montagne, ensuite sur le haut de tours bâties dans cette intention, des torches, des flambeaux, qui transmettaient à de longues distances des messages simples, tels que le fait de la prise de Troie, avec la rapidité propre à la lumière. Mais ces deux moyens avaient un inconvénient, celui que Polybe met en avant en parlant de la pyrseutique : on ne pouvait pas s’en servir en temps de guerre, parce qu’il était impossible de faire parvenir un message non convenu. Tout ce qu’un signal pouvait indiquer, c’était que tel ou tel fait attendu s’était produit; les faits nouveaux, qui justement étaient les plus importants, échappaient à ce mode de transmission. Ces raisons sont à l’origine de l’institution du messager. Le messager est un autre moi-même qui franchit la distance qui me sépare de celui que je veux prévenir et qui lui dit ce que je veux lui dire moi-même. Ce porteur de nouvelles rend de grands services tant que la distance est courte. Au moment où les Empires apparaissent dans l’histoire, l’idée du relais s’impose aussi bien en Perse que chez les Incas du Pérou ou les Aztèques du Mexique, indépendamment du fait que ces deux derniers États ignorent l’usage du cheval. Mais tandis que l’ emploi de messagers se conçoit facilement, sans qu’on ait besoin de penser à une organisation compliquée, tout système de relais en nécessite une, sous peine de ne pas fonctionner avec la régularité et la rapidité voulues. De bonnes routes doivent être construites et entretenues. Il y faut aménager à des intervalles réguliers des stations, des postes pour le changement des courriers, des chevaux et des voitures, selon le mode employé par l’État en question. Il faut surtout décider si l’on veut faire partir les porteurs de dépêches en suivant un horaire régulier, c’est-à-dire à dates et heures fixes, ou si l’on veut se borner à en envoyer quand les circonstances le réclament. En dernier lieu, il faut choisir entre trois sortes de relais : relais de personnes où le courrier à pied change à chaque station; relais de personnes et de moyens de transport où le courrier change à chaque poste, en même temps que le cheval et la voiture; enfin relais de moyens de transport où le courrier reste le même du commencement jusqu’à la fin du parcours, et change seulement de chevaux et de voiture. Nous verrons dans la suite que chacun de ces systèmes a eu ses partisans au cours de l’Antiquité, et nous nous réservons de caractériser alors les avantages et les inconvénients que comportent ces différents modes de relais (…)
Tables des matières
Le nombre de Platon essai d’exégèse et d’histoire, par M. A. Diès
- Préface
- Chapitre premier. – Une première vue d’ensemble
- Chapitre II. – La tradition antique et Proclus
- Chapitre III. De Jacques Lefèvre d’Étaples à Carl-Ernst Schneider (1506-1833)
- Chapitre IV. De A. Vincent et H. Martin à James Adam et A. Kafka (1839-1914)
- Conclusion
L’architecture mozarabe dans les Pyrénées méditerranéennes : Saint-Michel-de-Cuxa, par J. Puig I Cadafalch
- I. Le groupe mozarabe du Nord-Ouest de l’Espagne et le groupe de l’Est des Pyrénées
- II. Les documents littéraires sur l’église mozarabe de Saint-Michel-de-Cuxa
- III. Confirmation des données documentaires par l’examen de l’édifice
- IV. Les églises mozarabes dérivées de la disposition de Cuxa. Les églises à trois absides. Les églises d’une seule nef
- V. Le premier art roman dans Saint-Michel-de-Cuxa
- VI. Les courants successifs d’influence artistique musulmane en France
Essai sur le Cursus publicus sous le Haut empire romain
- Introduction
- Chapitre I – Les postes préromaines
- a. La poste perse
- b La poste ptolémaïque
- Chapitre II. La création du cursus Publicus par Auguste
- Chapitre III. Le développement du cursus Publicus et ses dirigeants
- Chapitre IV. – L’évolution de la poste romaine d’Adrien jusqu’à Septime sévère
- Chapitre V. – L’évolution de la poste romaine de Septime sévère jusqu’à la fin du Haut-Empire
- Chapitre VI. – Les courriers impériaux
- Chapitre VII. – L’organisation des relais de la poste romaine
- Chapitre VIII. La rapidité du cursus publicus
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