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264 p., 11 figures, 35 planches hors-texte
Parution : 1960
Mélanges sur l’époque des croisades
I. Le Synode d’Antioche de 1140, le Concile de Jérusalem de 1141, l’avènement du roi Amaury Ier en 1163, l’évêque Hugues de Gabala.
En poursuivant des recherches sur l’histoire du Prêtre Jean, j’ai naturellement étudié avec attention le premier texte où ce personnage soit nommé, à savoir celui où Otto de Freising rapporte les propos que lui a tenus à Viterbe en 1145 un évêque latin de Syrie. Il m’a semblé intéressant de grouper ce qu’on pouvait savoir sur cet évêque. Ceci m’a amené à m’informer des événements de cette époque, et j’ai fait un certain nombre de constatations qu’il me paraît bon de soumettre à l’Académie. Je n’apporte rien d’inédit, mais j’ai lu l’imprimé, et j’aboutis à des résultats assez surprenants quant au crédit que méritent certains travaux qui font cependant autorité pour l’histoire de l’Orient Latin.
Dans la première partie de ce mémoire, j’étudierai quelques dates : celle du synode d’Antioche où un légat pontifical, Aubry de Beauvais, déposa le patriarche latin d’Antioche Raoul de Domfront, celle de la consécration solennelle par le même légat du Temple de Jérusalem transformé en église chrétienne, et du même coup celle du concile que le légat convoqua aussitôt après et ou une tentative fut faite pour ramener l’église d’Arménie à l’obédience de Rome. La seconde partie sera consacrée à l’évêque de Syrie que connut Otto de Freising . (…)
II. Jean du Plan-Carpin en Pologne
Lorsque Jean du Plan-Carpin partit de Lyon en 1245, il se rendit d’abord chez le roi de Bohême (ad regem Bohemorum ), qu’il connaissait depuis longtemps et voulait consulter sur son itinéraire. Le roi de Bohême lui conseilla d’aller par la Pologne et la Russie, car lui, roi de Bohême, avait en Pologne des parents (consanguineos) qui pourraient faciliter le passage des voyageurs en Russie. Plan-Carpin arriva ainsi auprès du duc de Silésie Boleslas, neveu du roi de Bohême (quousque ad ducem Slesie Boleslaum veniremus nepotem ipsius), lequel neveu Plan-Carpin connaissait déjà également. Boleslas donna à Plan-Carpin les gens nécessaires pour le conduire auprès de Conrad, duc de Lanciscia (ad Lancisci [var. Lautiscie, à lire Lanciscie ; ms. de Wolfenbüttel (W) Lanscissie] ducem Conradum ). A ce moment, il y avait auprès de Conrad le duc Vasilko de Russie (wassilico dux Russiae ), et Plan-Carpin put heusement apprendre auprès de lui bien des détails sur les Mongols (…)
III. Sur quatre passages de Guillaume de Rubrouck
Bien des passages de Guillaume de Rubrouck sont altérés dans nos manuscrits, mais, dans certains cas, il ne semble pas difficile de rétablir la leçon correcte. C’est ce que je voudrais faire aujourd’hui pour deux phrases qui, dans leur etat actuel, n’offrent aucun sens admissible. En outre, je voudrais interpréter un troisième passage sur lequel tous les traducteurs me paraissent s’être mépris. Un quatrième passage pose un problème assez intéressant pour l’établissement du texte de Rubrouck . (…)
IV. Habent falcones girfaus erodios in magna multitudine, quos omnes portant super manum dextram J’ai entretenu l’Académie de ce passage le 23 octobre 1931, mais cette partie de ma communication a été seulement résumée dans cinq lignes des Comptes rendus (1931, p. 342). Comme il est peu probable que je publie à brève échéance un commentaire complet de Rubrouck, j’aimerais à faire paraître maintenant mon texte, que j’ai d’ailleurs fortement remanié et complété. (…)
V. Deux passages de La prophétie de Hannan, fils d’lsaac. Le 5 novembre 1219, les Croisés s’emparaient de Damiette, après un siège coûteux qui avait duré près d’un an et demi. Malgré ce succès, l’avenir n’était rien moins qu’assure. L’armée franque avait d’abord reconnu comme chef suprême le roi de Jérusalem Jean de Brienne, mais à la fin de septembre 1218 était arrivé le cardinal Pélage, légat du pape, qui avait revendiqué le commandement de la croisade. A deux reprises, le sultan al-Kamil offrit aux croisés, s’ils levaient le siège de Damiette, de leur restituer presque toute la Syrie et la Palestine, y compris Jérusalem. Contre l’avis du roi Jean de Brienne et des barons syriens, Pélage, Espagnol borné et suffisant, fit rejeter des propositions si avantageuses pour la chrétienté et le royaume latin d’Orient ; il se voyait déjà maître de toute l’Égypte. Mais, fût-ce après la prise de Damiette, l’armée franque n’était pas en mesure de mener à bien une opération aussi vaste. Lassé par les ingérences et les prétentions du légat, Jean de Brienne quitta l’Egypte le 29 mars 1220 ; d’autre part, l’Empereur Frédéric II, dont on attendait le secours avec une impatience croissante, restait encore en Occident. On perdit ainsi plus de vingt mois. Enfin, sans vouloir différer plus longtemps, Pélage, rejoint par Jean de Brienne qui n’entendait pas qu’on le pût accuser de lâcheté ou de défection, ordonnait en juillet 1221 la folle marche sur Le Caire, qui devait aboutir à une retraite désastreuse et à l’abandon de Damiette le 7 septembre. C’est en fonction de ces événements qu’il convient d’examiner deux écrits prophétiques et un document de caractère historique qui vinrent à la connaissance des Latins pendant leur séjour devant Damiette et à Damiette et qui, traduits par les soins du légat Pélage et de l’évêque d’Acre Jacques de Vitry, eurent alors un assez grand retentissement sur place et dans la chrétienté (…).
Les Ex-voto de Khoshau Aparwez à Saint-Serge de Rosapha.
Khosrau Aparwez, le Chosroès le Jeune des auteurs byzantins, est resté un héros d’épopée dans la littérature iranienne. Aux chrétiens de Mésopotamie, d’Arménie, de Syro-Palestine et d’Égypte, il est apparu de son vivant comme un aventurier sans caractère, un conquérant avide et féroce, un persécuteur, un potentat fastueux et, jusqu’à sa fin tragique, un favori de la fortune, que ses vaincus ne se défendaient pas d’admirer au point de le croire servi par un don de seconde vue. Parmi les traits qui lui composent une physionomie énigmatique et monstrueuse, d’anciens chroniqueurs et les historiens modernes à leur suite ont raconté que ce mécréant, qui ne croyait ni à Dieu ni à diable, dédia en son nom deux ex-voto à saint Serge, en reconnaissance de bienfaits insignes qu’il déclarait avoir reçus de lui. (…).
Les roches peintes d’Afrique australe
Lorsque, voici un peu plus de deux ans, je vous ai, sous la Coupole, entretenu de mes travaux d’Afrique australe, les circonstances de lieu ne m’ont pas permis de vous en montrer des copies ; je tâcherai d’y pourvoir aujourd’hui, en y ajoutant ce qu’une dernière campagne de recherches m’a permis de récolter encore de plus important. Permettez-moi d’abord de vous rappeler le cadre des recherches que j’ai poursuivies durant six années.
L’Afrique australe est un très haut plateau d’environ 2000 mètres d’altitude, dont les bords tombent vers l’Océan, très rapidement à l’Est et au Sud, moins vite à l’Ouest. Le rebord oriental relevé constitue les montagnes très hautes du Drakensberg, se prolongeant moins élevées, tout le long de la côte méridionale. En arrière de ce rebord, l’érosion a découpé, en bordure de ce massif, maintes collines tabulaires où des bancs de grès sub-horizontaux affouillés à leur base forment des centaines d’abris le long des vallées. D’autres, analogues, se trouvent sur les versants des ravins torrentiels en descendant vers la plaine littorale étroite. Cette région très étendue mesure 1600 kilomètres de long sur 300 de large à l’Est. A l’intérieur de cet arc de cercle, il n’y a pas d’abris peints, mais seulement des roches gravées de figures incisées ou piquetées sur des roches basaltiques ou schisteuses, que je n’ai étudiées qu’en passant et qui sont généralement à figures animales ou symboliques. Beaucoup remontent au Paléolithique (Middle Stone Age) et d’autres sont de tous les âges postérieurs. Cette première région constitue la province d’art rupestre du Sud-Est. Là, encore au XIXe siècle à ses débuts, vivaient un peu partout les restes déjà décimés des petits chasseurs bushmen, craints, méprisés et haïs des colons hollandais, anglais ou huguenots, et des pâtres bantous qui les tuaient comme des bêtes, après avoir décimé leur gibier et occupé leurs points d’eau. Jusqu’à la fin, ces Bushmen ont peint, sur des rochers, leurs rencontres avec leurs ennemis, des commandos de cavaliers européens, des hordes et des troupeaux bantous. Tout le monde connaissait leurs abris peints et n’en faisait aucun cas. Ce n’est qu’assez tardivement que des immigrés étrangers, écossais, comme Stow, allemand comme Orpen, et français comme le pasteur Christol, ont pris intérêt à ces manifestations, expressions d’un passé alors définitivement révolu. (…).
La caverne ornée de Rouffignac, Cro de Granville (Dordogne), découverte par M. le professeur L.-R. Nougier et M. Robert
Le 26 juin 1956, M. Louis-René Nougier, professeur d’archéologie préhistorique à la Faculté des Lettres de Toulouse, directeur de l’Institut pyrénéen d’art préhistorique, et M. Romain Robert, président-fondateur de la Société préhistorique de l’Ariège, découvraient de nombreuses et fort belles peintures et gravures dans la grotte du Cro de Granville à Rouffignac (Dordogne), domaine de la Pradélie. Ce domaine, où s’ouvre la caverne qui s’étend sous leur vaste propriété, fut acquis en 1929 par M. Charles Plassard, distingué industriel, désireux d’acquérir pour son fils une terre exploitable à surfaces labourables et forestières, dans cette pittoresque région. (…)
Les tombes gallo-romaines et mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis (Fouilles de janvier-février 1957)
Une expérience personnelle issue de la fouille de plusieurs centaines de tombes mérovingiennes m’a appris que, si l’on entend tirer d’un gîte archéologique le maximum d’enseignements, il convient de confier la responsabilité de l’étude entière, c’est-à-dire de la fouille, du travail de laboratoire (remise en état du mobilier et son étude technique), de l’étude archéologique, et enfin de la publication, à un même maître-œuvre convenablement assisté. Cette conclusion expérimentale est d’autant plus vraie que l’étude du gîte s’avère plus difficile. Dans la basilique de Saint-Denis, la difficulté était maxima. Tout d’abord, et malgré l’importance du gîte, il ne s’agissait pas d’une fouille conduite suivant les règles en usage en matière de fouilles archéologiques, mais de recherches faites à l’occasion de travaux d’architecture et en suivant la marche des terrassiers. (…)
Mélanges sur l’époque des croisades, par M. Paul Pelliot