Coupoles Henri LAVAGNE : Vie et travaux de l’Académie en 2022
Monsieur le Chancelier de l’Institut de France,
Madame le Secrétaire perpétuel de l’Académie française,
Madame et Monsieur les Secrétaires perpétuels honoraires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Madame le Général,
Mesdames et Messieurs les directeurs de grands établissements,
Mesdames et Messieurs les fondateurs,
Chers Confrères, chères Consœurs,
Chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
Le discours prononcé chaque année par le président doit, selon nos usages, commencer par un hommage à ceux qui nous ont quittés et vous me permettrez de citer à leur intention la belle phrase de Victor Hugo : »les morts sont des vivants mêlés à nos combats », car c’est ainsi que nous devons considérer les confrères dont je rappelle maintenant les noms. Depuis l’an dernier, nous avons à déplorer la disparition de deux membres de notre Compagnie, d’un associé étranger et de deux de nos correspondants.
Philippe Contamine, élu membre de l’Académie au fauteuil de Paul LEMERLE le 14 décembre 1990, est décédé le 26 janvier 2022, à Paris, à l’âge de 89 ans. Agrégé d’histoire et docteur ès lettres, il avait été professeur à l’Université de Nanterre, puis à la Sorbonne. Dans notre compagnie, il fut l’un des grands directeurs du Journal des Savants et il dirigea aussi, de 2001 à 2010, le Centre de Recherches humanistes de la Fondation Thiers de l’Institut de France. Spécialiste de la guerre au Moyen Âge, et notamment de la guerre de Cent ans, Philippe CONTAMINE était un historien de la société médiévale, particulièrement attaché à l’étude de la noblesse, de la religion et des pouvoirs.
Juliette de la Genière, élue membre de l’Académie au fauteuil de Paul OURLIAC, le 27 octobre 2000,était une brillante helléniste et céramologue. Elle s’est éteinte le 6 juin dernier, à l’âge de 94 ans. Professeur émérite à l’Université de Lille, dont elle fonda le centre de recherches archéologiques, Juliette de LA GENIÈRE dirigea pendant 20 ans l’entreprise internationale du Corpus Vasorum Antiquorum (CVA) que patronne l’Union Académique Internationale. Elle s’était distinguée par ses recherches archéologiques conduites en Grande Grèce, notamment à Paestum, et en Turquie, à Claros et à Aphrodisias de Carie, ainsi que par ses travaux consacrés à la question des contacts entre les civilisations, en Italie du Sud, entre Grecs et Barbares.
Élu associé étranger de l’Académie le 26 octobre 1984, Vassos KARAGEORGHIS s’est éteint à Nicosie, le 2 décembre 2021, à l’âge de 92 ans. Diplômé de l’University College de Londres, il dirigea durant plus de 25 ans le Service des Antiquités de la République de Chypre. Maître incontesté de l’archéologie chypriote et historien incontournable de l’île de Chypre depuis la Préhistoire jusqu’à l’Antiquité classique, particulièrement à l’époque mycénienne, Vassos KARAGEORGHIS était un protohistorien et un helléniste de grande réputation internationale. Ses découvertes les plus remarquables ont été celles des nécropoles de Salamine et de Kition, auxquelles il consacra de nombreux ouvrages.
Nommé correspondant français le 8 février 1991, à la place de Robert TURCAN, l’archéologue et historien Yvon Garlan est décédé le 8 juillet 2022 à l’âge de 88 ans. Normalien, agrégé d’histoire, ancien membre de l’École française d’Athènes et docteur d’État, Yvon Garlan était professeur émérite à l’Université Rennes 2. Ses travaux ont porté sur la guerre dans l’Antiquité, sur l’esclavage antique ainsi que sur l’économie du monde grec, et notamment sur le commerce des amphores.
Elue correspondant français de l’Académie le 31 mai 2013, à la place de Jean GUILAINE, l’helléniste Suzanne Amigues s’est éteinte, le 11 juillet 2022 à l’âge de 85 ans. Agrégée de grammaire et docteur d’État, Suzanne Amigues était professeur émérite à l’Université Paul-Valéry-Montpellier III. Spécialiste de la botanique antique, mais aussi de philologie grecque, elle était l’éditrice, dans la Collection des Universités de France, de l’œuvre de Théophraste.
Elle était très attachée à notre Compagnie à laquelle elle a laissé des ressources considérables pour l’aider à accomplir ses missions. L’Académie s’emploiera à perpétuer sa mémoire en accomplissant, grâce à sa grande générosité, des actions conformes aux préoccupations savantes qui l’animaient, en créant notamment un grand prix destiné à soutenir les entreprises scientifiques relatives à l’Antiquité grecque et romaine.
Nommé correspondant étranger de l’Académie le 31 mai 2002 , Josef Van Ess est décédé à Tübingen, le 20 novembre 2021, à l’âge de 87 ans. Spécialiste de théologie musulmane, et notamment des problèmes fondamentaux de la réflexion théologique des débuts de l’islam, Josef Van Ess était professeur émérite de l’Université de Tübingen.
Après cette litanie rendue en hommage à des savants français et étrangers, qui laisseront le souvenir de tant de brillants travaux, il convient de se tourner vers l’avenir et de saluer l’élection de nos nouveaux membres. Mais auparavant, nous souhaitons renouveler nos félicitations à notre nouveau Secrétaire perpétuel, le professeur Nicolas GRIMAL, élu le 21 janvier dernier, à la suite de la démission de notre confrère Michel ZINK – auquel l’Académie a conféré l’honorariat lors de sa séance du 11 février 2022. Professeur émérite au Collège de France et à la Sorbonne, ancien directeur de l’Institut français d’Archéologie orientale du Caire (IFAO), M. Nicolas GRIMAL est un égyptologue, spécialiste de l’idéologie de la civilisation pharaonique ainsi que des textes sapientiaux et didactiques. Pionnier dans l’utilisation des bases de données informatisées, il a joué un rôle déterminant dans le domaine du traitement des hiéroglyphes sur ordinateur. Comme archéologue, il a notamment dirigé les fouilles du Temple d’Amon-Rê à Karnak, et il a pris part aux fouilles de Balat dans l’oasis de Dakhla. Secrétaire général de la commission des fouilles du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de 2014 à 2022, il dirige les éditions orientalistes Soleb.
Trois nouveaux membres ont rejoint les rangs de l’Académie depuis l’an dernier, ainsi que deux associés et huit correspondants étrangers.
Le 18 mars 2022, le médiéviste Jean-Marie MOEGLIN a été élu académicien, au fauteuil de Jean-Marie DENTZER. Normalien, agrégé d’histoire et docteur en histoire, M. Jean-Marie MOEGLIN est professeur à la Sorbonne et directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (IVe section) ; il est aussi membre du conseil scientifique du Deutsches Historisches Institut de Paris. C’est un spécialiste de l’histoire allemande au Moyen Âge. Ses travaux portent notamment sur l’historiographie de l’Allemagne et de l’Empire, la genèse du sentiment national, l’histoire des rituels politiqueset sur les transferts culturels entre la France et l’Allemagne.
Le 22 avril 2022, l’orientaliste Frantz GRENET a été élu académicien au fauteuil de Jean RICHARD. Normalien, agrégé d’histoire et docteur en archéologie, M. Frantz GRENET est professeur au Collège de France et directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (Ve section). Il est spécialiste de l’Asie centrale préislamique, et en particulier de la civilisation sogdienne. Ses travaux portent aussi sur la géographie historique de cette vaste région du monde et sur ses religions, comme le zoroastrisme, envisagées particulièrement du point de vue de l’iconographie. Il a dirigé durant 25 ans la mission archéologique franco-ouzbèke qui fouille principalement à Samarkand.
Le 28 octobre 2022, l’helléniste et archéologue Dominique MULLIEZ a été élu académicien, au fauteuil de Jehan DESANGES. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé de lettres classiques et docteur ès lettres, M. Dominique MULLIEZ est professeur à la Sorbonne et directeur de son UFR de grec ; il a été directeur de l’École française d’Athènes de 2002 à 2011. Ses principaux travaux portent sur les actes d’affranchissement et la chronologie de Delphes, ainsi que sur l’urbanisme de Thasos, où il a dirigé des fouilles importantes.
Le 20 mai 2022, l’Académie a élu associé étranger l’orientaliste André COUTURE au fauteuil de Willibald SAUERLANDER. De nationalité canadienne, M. André COUTURE est professeur émérite à l’Université Laval (Québec). Indianiste et historien des religions, il est spécialiste de la langue et de la littérature sanscrites ainsi que des religions anciennes de l’Inde, et en particulier les récits d’enfance de Kṛishṇa. Ses travaux portent également sur le fait religieux.
Le même jour, l’Académie a élu associé étranger le médiéviste Gábor KLANICZAY, au fauteuil de Michael SCREECH. De nationalité hongroise, M. Gábor KLANICZAY est professeur à la Central European University (Budapest). Spécialiste de l’histoire religieuse de l’Europe médiévale et des débuts des temps modernes, envisagée selon la perspective de l’anthropologie historique, c’est un savant également reconnu pour ses travaux portant sur l’histoire comparative entre la Hongrie et l’Europe centrale.
L’Académie a également procédé, le 24 juin 2022, à l’élection des 8 correspondants étrangers suivants :
– Mme Carmen Cardelle de Hartmann, professeur à l’Université de Zurich, spécialiste de la littérature latine du Moyen Âge ;
– M. Lothar von Falkenhausen, professeur à l’Université de Californie, sinologue et spécialiste de l’âge du Bronze ;
– M. Sean Field, professeur à l’Université du Vermont, historien de la France capétienne ;
– M. Tim Greenwood, professeur à l’Université de St Andrews, arménologue ;
– M. Leonardo López Luján, directeur d’études à l’Instituto nacional de Antropología américaniste ;
– M. Demetrios Michaelidis, professeur émérite à l’Université de Chypre, archéologue et antiquisant ;
– M. Patrizio Pensabene, professeur à l’Université « La Sapienza » de Rome, archéologue, spécialiste de l’architecture romaine ;
– enfin, Mme Petra M. Sijpesteijn, professeur à l’Université de Leyde, islamologue.
En ce qui concerne les séances et les colloques, l’Académie a tenu 34 séances publiques, entendu 43 communications, et présenté de très nombreux hommages d’ouvrages récents. Nous avons également réuni 59 Commissions et 4 conseils d’administration de fondations abritées.
L’Académie a également accueilli ou organisé 10 manifestations scientifiques.
En décembre 2021, elle a célébré le 120e anniversaire de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), créée comme mission archéologique en 1898 à l’initiative d’indianistes de l’Académie avant d’être instituée par décret présidentiel en 1901.
En janvier 2022, elle a organisé, en partenariat avec le Collège de France et la Société asiatique, un colloque commémorant le bicentenaire de cette dernière, sous le titre : « D’un centenaire à l’autre : la Société asiatique de 1822 à 2022 ».
Au mois de mars, s’est déroulée la Xe journée d’études nord-africaines conçue avec la Société d’Études du Maghreb préhistorique, antique et médiéval que préside notre confrère John SCHEID Intitulée : « Autour du Fonds Poinssot. Les aventuriers de l’archéologie en Afrique du Nord (1830-1957) ».
En mai, l’Académie a organisé, en collaboration avec la Bibliothèque nationale de France, l’Université de la Sorbonne et la Société française d’Égyptologie, un colloque international intitulé : « Autour de Champollion. Deux cents ans après » , qui a permis de dresser le bilan des principales avancées de la recherche archéologique en Égypte et au Soudan. On rappellera ici que c’est devant notre Compagnie que CHAMPOLLION, qui deviendra académicien en 1830, est venu présenter sa découverte du déchiffrement de hiéroglyphes, le 27 septembre 1822.
En septembre, l’Académie a présenté, en partenariat avec Gédéon media Group, la projection, en hommage à la mémoire de l’égyptologue Jean-Pierre Corteggiani, du documentaire Alexandrie, septième merveille du monde, réalisé en 1997, dont le texte a été écrit par Daniel RONDEAU, de l’Académie française.
En octobre, l’Académie a organisé :
– une séance commune avec l’Académie française, pour présenter l’ouvrage, coédité avec cette dernière, de M. Takeshi Matsumura, correspondant étranger de l’Académie et intitulé Le sentiment va vite en voiture, Recueil de nunu balzaciens ;
– une journée d’études avec le Centre d’Études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (sur « 50 ans d’études turques. Turcica, une revue cinquantenaire , ,journée qui s’est déroulée à la fondation Del Duca ;
– le 32e colloque de la Villa Kérylos sur le thème : « La redécouverte du Levant », dont les assises se sont tenues avec le soutien des Fondations Khôra de l’Institut et la collaboration du Centre des Monuments Nationaux ;
– enfin, un colloque international avec l’École française d’Athènes et le musée du Louvre, intitulé : « France-Grèce, XVIIIe-XXIe siècle, regards insolites ».
En novembre, l’Académie a tenu avec les Universités de la Sorbonne et de Montpellier Paul-Valéry un colloque intitulé : « Montpellier et Paris, cités savantes. Pour une histoire comparée de Romania et de la Revue des Langues romanes », pour célébrer le jubilé des 150 ans de ces deux revues.
Enfin, le mardi 25 octobre 2022, lors de la séance solennelle de rentrée des cinq académies sur le thème « Écritures », notre confrère Carlos LÉVY, a été délégué par notre Académie, pour prononcer un discours intitulé : « De l’écriture aux Écritures : Alexandrie, entre culture classique et culture biblique ».
Activité d’ expertise
Lors de son comité secret du 11 février, l’Académie a décerné, sur proposition de sa commission des recherches archéologiques, son label « Archéologie » pour 2022 et 2023 à 9 missions de fouilles.
Prix et fondations
Le 1er juin 2022, lors de la séance solennelle de remise des Grands Prix de l’Institut de France sous la Coupole, le Prix d’archéologie Simone et Cino Del Duca 2022, a été remis par le Secrétaire perpétuel Nicolas GRIMAL à M. Laurent Tholbecq pour soutenir sa fouille d’un espace palatial nabatéen de la fin de l’époque hellénistique, récemment découvert à proximité du temple de Qasr al-Bint de Pétra.
Le 10 juin 2022, le Secrétaire perpétuel, Mme Monique TRÉDÉ, membre de l’Académie, et M. Marc Baratin, correspondant de l’Académie, et maintenant président de l’association Sauvegarde des Enseignements littéraires, ont remis les prix Jacqueline de ROMILLY de la nouvelle, placé sous le patronage du ministère de l’Éducation nationale, à sa huitième promotion de lauréats.
Le 1er juillet, M. Olivier Grenouilleau, directeur de recherche au centre Roland Mousnier, a reçu le Prix d’histoire des religions de la fondation « Les amis de Pierre-Antoine Bernheim » pour son ouvrage intitulé : Christianisme et esclavage.
Le 18 novembre 2022, l’Académie et la fondation Mingyuan de Hong Kong ont remis, dans la grande salle des séances du palais, à leurs lauréats, ou à leurs représentants, les prix d’études chinoises Léon Vandermeersch de 2020, 2021 et 2022, d’un montant respectif de 10 000 €. Ces prix ont été décernés : à M. Kristofer Schipper (†) pour l’ensemble de son œuvre sur le taoïsme ; à M. John Lagerwey pour son oeuvre sur les religions de la Chine, et enfin, à M. Shiba Yoshinobu pour l’ensemble de son œuvre consacrée à l’histoire économique chinoise de l’époque Song .
Relations internationales
Les 24 et 25 février 2022, l’Académie a accueilli le Bureau de l’Union académique internationale qui y a tenu sa session annuelle sous la présidence de M. Klaus Herbers, Président de l’UAI (Allemagne). Elle a également été représentée son président, à la journée de commémoration de la fondation de l’Académie royale de Belgique qui s’est déroulée à Bruxelles en présence de Sa majesté le roi des Belges.
Dans le cadre de son programme d’actions pédagogiques, l’Académie a organisé en 2021-2022 une série de 9 visites-conférences à l’occasion desquelles 650 élèves du second degré ont pu rencontrer des académiciens.
Les 17 et 18 septembre, l’Académie a participé aux Journées européennes du patrimoine avec deux expositions distinctes, l’une consacrée au déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François CHAMPOLLION, et l’autre à l’épigraphie grecque avec la présentation d’un décret honorifique conservé dans le fonds Louis Robert de l’Académie.
Publications
Cette année, l’Académie aura publié 3 fascicules, dont 2 sont sous presse, des Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres couvrant les mois de novembre 2019 à décembre 2020 ; elle a également publié 2 fascicules du Journal des savants ainsi que le tome 96 des Monuments Piot.
Un volume est paru dans notre collection des Mémoires : Les livres du sultan. Matériaux pour une histoire du livre et de la vie intellectuelle du Maroc saadien (XVIe s.). Cet ouvrage, publié avec le soutien de l’European Research Council, sera prochainement accessible en ligne sur le site internet de l’Académie.
Dans la collection du Recueil général des sculptures sur pierre de la Gaule dite « le Nouvel Espérandieu » et dirigée par mes soins, est paru un 7e volume consacré à Metz et la cité des Médiomatriques.
Trois volumes de la Carte archéologique de la Gaule (CAG), que dirige Michel Provost, ont été également édités cette année : le pré-inventaire du département de la Vienne, celui de la ville de Poitiers, et celui du village de Grand dans les Vosges, qui constitue le 136e volume de la collection. Est également parue la refonte du Pré-inventaire des Hautes-Alpes.
La série des Obituaires de la collection du Recueil des Historiens de la France a accueilli 3 nouveaux volumes : Trois obituaires bordelais. L’abbaye Sainte-croix. Les clarisses de Bordeaux. Saint-Martin de Saint-Macaire ; Les obituaires de Saint-Martial de Limoges ; et L’obituaire de l’abbaye des Allois.
Hors collection, l’Académie a édité un volume d’épigraphie sudarabique intitulé : Une halte dans la steppe. Les gravures rupestres de ‘An Jamal près de Ḥimà (Arabie saoudite).
2 volumes d’actes de colloques ont paru notre collection de Varia :
– Méditerranée, mer de l’exil, actes du 21e colloque de la Villa Kérylos ;
– et Sainte Geneviève. Histoire et mémoire, actes du colloque organisé par l’Académie, la Sorbonne et le collège des Bernardins.
Enfin, l’Académie a accueilli, dans la même collection, d’une part, une étude procurée par son associé étranger Neil STRAFORD sur l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’art français du XIVe siècle – La Coupe de sainte Agnès – et, d’autre part, un volume de Takeshi Matsumura, correspondant étranger de l’AIBL, Le sentiment va vite en voiture, dont je me suis déjà fait l’écho il y a un instant.
N’oublions pas Internet dont nous nous efforçons d’être aussi des familiers. L’année 2022 a été marquée par l’aboutissement du long travail de refonte de notre site, réalisé grâce aux soins de notre secrétaire général qui a conçu sa réorganisation, ses évolutions et piloté sa mise en œuvre, effectuée avec efficacité par l’agence Shin et plusieurs collaborateurs. Fort de quelques 20.000 pages, de centaines de vidéos et de milliers d’images, cette nouvelle version du site de l’Académie a été produite en adéquation non seulement avec les règles actuelles du Responsive design, mais aussi avec celles du « Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité », destiné à rendre plus aisée l’accessibilité des sites internet français aux personnes en situation de handicap. La Minerve, du type Hope-Farnèse, qui orne la page d’accueil du site, reflète à la fois sa singularité tout en se rattachant à l’emblème tutélaire de notre Maison. Cette Minerve, composée de parties authentiques et d’autres complétées à l’époque moderne, n’est-elle pas une allégorie heureusement choisie pour illustrer l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dont la mission essentielle est de chercher, par tous les moyens d’investigation et avec l’aide des modes de diffusion appropriés, à recomposer le passé à partir des membra disjecta de l’histoire ?
La numérisation des publications de l’Académie se poursuit sur le portail Persée, avec la mise en ligne de l’ensemble de la série des Pouillés du Recueil des Historiens de la France. Le nombre de consultations dont font l’objet nos publications est remarquable. Jugez-en par ces chiffres : nos Comptes rendus ont totalisé depuis l’an dernier 1,4 million visites et 80 000 téléchargements, ce qui les place parmi les 10 revues scientifiques les plus consultées du site Persée qui en compte un peu plus de 300.
Mais je m’en voudrais d’avoir lassé votre patience par ces énumérations sans doute fastidieuses mais qui visent à montrer l’intense activité scientifique qui règne à l’Académie. Je voudrais conclure en citant notre grand prédécesseur, Ernest Renan (entré à l’Académie, je le rappelle, à 34 ans) .Dans son fameux ouvrage : l’Avenir de la Science, écrit en 1848, il terminait des pages austères par ces paroles légèrement impertinentes :
« Bientôt, ce sera chez nous un acte méritoire que d’assister à une séance solennelle de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et cela sans qu’il n’y ait aucunement de la faute de l’Académie….Peut-être que le public de l’Allemagne est plus patient que le nôtre quand il s’agit de s’ennuyer cérémonieusement et sur convocation officielle… », et Renan termine cette remarque ironique en disant : « il suffit que les Académiciens veuillent bien faire preuve de ce que Madame de Staël considérait comme une caractéristique supérieure de l’esprit français et qu’elle a si finement appelé le pédantisme de la légèreté. »
Vous allez pouvoir juger si les trois discours de mes confrères en portent le témoignage.