L'Académie CHASTEL André, Adrien

CHASTEL André, Adrien

Paris, le 15 novembre 1912 ; Paris, le 18 juillet 1990

 

Commandeur de la Légion d’honneur ; Croix de guerre 1939-1945 ; Commandeur dans l’Ordre des Palmes académiques ; Commandeur dans l’Ordre des Arts et Lettres

 

Élu, le 30 mai 1975, membre ordinaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, au fauteuil du marquis Pierre de LA COSTE-MESSELIÈRE.

 

 

Spécialiste internationalement reconnu de l’art italien de la Renaissance, André Chastel était passionné par l’étude des formes. À une époque où les approches vouées à la théorie de l’art occupaient l’essentiel de la recherche, ce grand historien se fit l’artisan d’un « retour aux choses », c’est-à-dire aux œuvres elles-mêmes, en entreprenant d’écarter les écrans qui les voilent pour rendre plus aisée leur compréhension. Déployant dès sa thèse d’État, Art et humanisme à Florence au temps de Laurent le Magnifique (1959), les facettes multiples d’un génie sachant démêler l’écheveau de problèmes ardus par le biais d’interprétations précises et toujours pénétrantes, il montra dans de nombreux ouvrages – notamment Le grand atelier d’Italie (1965), Le mythe de la RenaissanceLa crise de la Renaissance (1968) et, plus récemment, Chronique de la peinture italienne à la Renaissance (1983), Le Sac de Rome (1984) – ainsi que dans plus d’une centaine d’articles – en partie réunis dans Fables, Formes, Figures (1978) – combien la technicité de l’analyse, l’exploration systématique d’aspects de la création artistique souvent jugés marginaux, enfin le croisement de différentes disciplines trop souvent hermétiquement séparées pouvaient enrichir la connaissance du monde des arts.

André Chastel fut directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études ( IVe section) de 1951 à 1978, professeur à la Sorbonne de 1955 à 1970, puis professeur au Collège de France de 1970 à 1984. Grand savant et remarquable pédagogue, cet humaniste qui aimait à considérer l’histoire de l’art comme responsable de son objet, fut aussi un homme d’action. Ainsi lutta-t-il inlassablement tant auprès des pouvoirs publics que de divers organismes internationaux afin que la notion de patrimoine culturel acquière une reconnaissance véritable. On retiendra notamment qu’il fut l’initiateur, au début des années soixante, de l’entreprise d’Inventaire général des monuments historiques et des richesses artistiques de la France.

 

Spécialisation : HISTORIEN DE L’ART et ITALIANISANT [histoire de l’art italien de la Renaissance (en part. peinture : notamment Botticelli, L. de Vinci et Michel-Ange), histoire de la pensée (humanisme dans la Florence des Médicis), histoire de l’art français (en part. peinture : notamment Poussin, Vuillard, Seurat, Kandinsky et N. de Staël ; architecture : notamment châteaux (Fontainebleau et Anet) et Halles de Baltard ; urbanisme : hôtels et quartiers de Paris ; art des fêtes : entrées royales ; arts mineurs), iconologie, techniques artistiques, philologie et littérature italiennes (Laurent le magnifique)].

 

Carrière : – 1933. École Normale Supérieure. – 1937. Agrégé des lettres. – 1938-1939. Professeur au lycée du Havre. – 1943-1944. Professeur au lycée Henri IV. – 1944-1945. Professeur au lycée de Chartres. – 1945-1948. Assistant à l’Institut d’Art et d’Archéologie de la Sorbonne. – 1948-1949. Professeur au lycée Marcelin-Berthelot (Paris). – 1949-1951. Professeur au lycée Carnot. – 1950. Docteur ès lettres. – 1951-1978. Directeur d’études d’histoire de la Renaissance à l’École pratique des Hautes Études, IVe section. – 1955-1970. Maître de conférences, puis professeur (1957) d’histoire de l’art moderne et contemporain à la Sorbonne. – 1955. Fondateur du Centre de Recherche sur l’Histoire de l’Architecture moderne de la Sorbonne. – 1970-1984. Professeur d’art et civilisation de la Renaissance en Italie au Collège de France.

  • Membre de l’Association des professeurs d’archéologie et d’histoire de l’art (fondateur), de la Société nationale des Antiquaires de France (Paris) et de l’Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti (Venise).
  • Membre de la Commission nationale pour l’Inventaire général des Monuments et des Richesses artistiques de la France (président), du Comité des Travaux historiques et scientifiques (section d’Archéologie et d’Histoire de l’art), du Comité international d’Histoire de l’Art, du Conseil artistique des Musées (vice-président) et du Conseil scientifique du Centro internazionale di Studi di Architettura « Andrea Palladio » (Vicence, président).
  • Membre de nombreuses académies, entre autres : l’Accademia nazionale dei Lincei (Rome), l’Accademia Toscana di Scienze e Lettere la Colombaria (Florence), la British Academy (Londres), la Bayerische Akademie der Wissenschaften (Munich) et l’Académie royale des Lettres, Histoire et Antiquités (Stockholm).
  • Commandeur dans l’Ordre du Mérite de la République italienne.

 

 

Principales publications : – 1939. « La légende de la reine de Saba » (in Revue d’Histoire des Religions). – 1945. « Art et religion dans la Renaissance italienne » (in Bible d’Humanisme et Renaissance). – 1945. Vuillard et Mallarmé. – 1947. Laurent le Magnifique. Ambra, l’« Altercation » et les chansons de Carnaval (traduction, introduction et notes). – 1954, 1975 (2ème éd.). Marsile Ficin et l’art (thèse complémentaire). – 1956, 1990 (3ème éd.). L’art italien, 2 vol. – 1957. Botticelli. – 1959, 1982 (3ème éd.). Art et humanisme à Florence au temps de Laurent le Magnifique. Essai sur la Renaissance et l’humanisme platonicien (thèse principale). – 1960. Léonard de Vinci, Traité de la peinture (traduction, introduction et notes ; en collaboration avec R. Klein). – 1963. L’Europe de la Renaissance : l’âge de l’humanisme (en collaboration avec R. Klein). – 1965. La Renaissance méridionale, Italie 1460-1500 ; Le grand atelier d’Italie. – 1966. Vasari. Vies de dix peintres toscans (traduction, introduction et notes). – 1966. « Les vestiges de l’hôtel Le Gendre et le véritable hôtel de la Trémoille » (in Bulletin monumental). – 1968. Le mythe de la Renaissance (1420-1500). – 1969. La crise de la Renaissance (1520-1600). – 1972. « Nicolas de Staël : l’impatience et la jubilation » (in catalogue de l’exposition Nicolas de Staël). – 1977. Système de l’architecture urbaine. Le quartier des Halles à Paris, 2 vol. (en collaboration avec F. Boudon, H. Couzy et F. Hamon). – 1978. Fables, formes, figures, 2 vol. – 1980. L’image dans le miroir. – 1980. « La notion de patrimoine » (en collaboration avec J.-P. Babelon, in Revue de l’Art). – 1981-1989. Vasari, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, 12 vol. (traduction, introduction et notes ; ouvrage collectif). – 1983. Chronique de la peinture italienne à la Renaissance (1320-1580). – 1983. The Sack of Rome, 1527 (éd. française, 1984). – 1988. L’illustre incomprise, la Joconde. – 1988. La Grottesque. – 1989. Culture et demeures en France au XVIIe siècle. – 1993. Introduction à l’histoire de l’art français. – 1993-1996. L’art français. I, Pré-Moyen âge, Moyen âge (1993). II, Temps modernes 1430-1620 (1994). III, Ancien régime 1620-1775 (1995). IV, Le temps de l’éloquence 1775-1825 (1996). – 1994. Architecture et patrimoine. – 1995. La notion de patrimoine (en collaboration avec J.-P. Babelon).

  • Auteur de chroniques au Monde (à partir de 1947).
  • Fondateur et directeur de la Revue de l’Art (à partir de 1968) et membre du Comité de rédaction des Monuments et Mémoires de la Fondation E. Piot.
  • Il se rendit en Italie : Études offertes à André Chastel…, Rome, 1987.
  • Hommages : Revue de l’Art n° 93, 1991, dédié à André Chastel.

 

 

Biographie et bibliographie : – « Éloge funèbre de M. André Chastel », par G. Lazard, CRAI, 1990, p. 655-657. – « Chastel (André) », par A. Mérot, Association amicale des anciens élèves de l’École Normale Supérieure, 1991, p. 354-356. – « Essai de bibliographie des principales publications d’André Chastel », Revue de l’Art 93, 1991, p. 88-91. – « André Chastel 1912-1990 », par A. Tenenti, Encyclopaedia UniversalisUniversalia 1991, p. 556-557. – « André Chastel 1912-1990 », par M. Laclotte, Monuments et Mémoires de la Fondation E. Piot 72, 1991, p. 1-7. – « Notice sur la vie et les travaux d’André Chastel », par J.-P. Babelon, CRAI, 1996, 1329-1340.- André Chastel. Portrait d’un historien de l’art (1912-1990). De sources en témoignages, par D. Hervier et E. Renzulli (Paris, 2021).

Articles en ligne sur Persée

Lazard, Gilbert, « Allocution à l'occasion du décès de M. André Chastel, membre de l'Académie », in Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 134e année, N. 3, 1990. pp. 655-657. (Consulté le 25 mai 2011) Consulter l'article
Babelon, Jean-Pierre, « Notice sur la vie et les travaux d'André Chastel, membre de l'Académie », in Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 140e année, N. 4, 1996. pp. 1328-1340. (Consulté le 25 mai 2011) Consulter l'article
Chastel, André. « Le dictum Horatii : quidlibet audendi potestas et les artistes (XIIIe-XVIe siècle) ». In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 121e année, N. 1, 1977. pp. 30-45. (Consulté le 27 juin 2013) Consulter l'article
Chastel, André. « Les fouilles du château royal de Saint-Léger en Yvelines ». In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 2, 1980. pp. 417-431.  (Consulté le 27 juin 2013) Consulter l'article
Chastel, André. « Léonard et Raphaël ». In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 128e année, N. 4, 1984. pp. 623-630. (Consulté le 27 juin 2013) Consulter l'article
Découvrez les publications de l'Académie