Membre 2024

Robert HALLEUX

le 7 mars 2003, sur un siège créé, après avoir été nommé correspondant étranger, le 26 juin 1998, à la place de Jean-Charles BALTY, Robert HALLEUX s’est éteint à Liège, le 21 août 2024, à l’âge de 78 ans.

Historien des sciences et des techniques, et en particulier de la métallurgie antique, des matériaux ainsi que des arts et métiers médiévaux, Robert HALLEUX était aussi l’un des grands historiens de l’alchimie, à l’étude de laquelle il se consacra selon une démarche strictement fondée sur l’exégèse philologique et technique des textes. Professeur émérite à l’Université de Liège, où il fonda, en 1982, le Centre d’Histoire des Sciences et des Techniques, qu’il présida jusqu’en 2017, Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie internationale d’Histoire des Sciences (AIHS), de 2009 à 2017, et directeur, à partir de 1984, de son périodique, la Revue des Archives internationales d’Histoire des Sciences, il était également membre de l’Académie royale de Belgique. Robert HALLEUX comptait parmi les plus parisiens des associés étrangers de l’Académie. Il était particulièrement assidu à ses séances et participait avec enthousiasme à ses travaux, notamment en présentant régulièrement devant ses confères les résultats de ses recherches, à la faveur de la lecture de communications, dont la dernière, donnée le 5 juillet 2024, portait sur « Salomon Trismosin et des interprétations alchimiques du mythe de la Toison d’Or. Le manuscrit 416 de Chantilly ». Lors de la séance de rentrée solennelle de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres du 25 novembre 2022, il avait prononcé un discours mémorable sur « La cryptographie à l’âge classique entre “secrètes sciences” et mathématique ». Généreux de son temps et toujours disposé à collaborer aux missions de diffusion des connaissances, qui sont celles de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, il recevait, quai de Conti, chaque année, des clases de lycéens dans le cadre du programme d’actions pédagogiques de l’Académie, au cours desquelles il partageait, avec chaleur et simplicité, son savoir véritablement encyclopédique : sur Léonard de Vinci et la grammaire des machines illustrée dans ses Carnets, sur la médecine de Paracelse ou bien encore sur les machines hydrauliques à travers les âges.

Sir John BOARDMAN

Élu associé étranger de l’Académie, le 22 février 1991, au fauteuil de Gianfranco CONTINI, après avoir été nommé correspondant étranger, le 30 novembre 1984, à la place de Rudolf Pfeiffer, Sir John BOARDMAN s’est éteint, le 23 mai 2024, à l’âge de 96 ans.

Professeur d’art et d’archéologie à l’Université d’Oxford (1979-1994), et conservateur de sa célèbre Beazley Archive John BOARDMAN était une des figures les plus éminentes de l’hellénisme britannique. Historien de l’art grec archaïque et classique, céramologue et archéologue (il dirigea des fouilles à Cnossos, à Chios et à Tocra en Libye), c’était aussi un historien spécialiste des relations politiques, économiques et artistiques de la Grèce et du Proche-Orient, de la colonisation grecque ou bien encore des rites funéraires en Grèce. Docteur honoris causa de l’Université d’Athènes et de la Sorbonne, il était membre de la British Academy (Londres), de l’Académie d’Athènes, de la Bayerische Akademie der Wissenschaften (Munich), de l’Académie royale danoise des Sciences et Lettres (Copenhague) et de la Royal Irish Academy (Dublin). Délégué de la British Academy durant longtemps pour le Corpus Vasorum Antiquorum, dont l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres assume la direction internationale, auteur de plusieurs ouvrages de synthèse sur la sculpture grecque et les vases attiques, ainsi que de monographies et catalogues sur les gemmes gravés antiques, John BOARDMAN avait été le co-éditeur de plusieurs volumes de la Cambridge Ancient History et du Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae.

Paul-Hubert POIRIER

Élu associé étranger de l’Académie, le 17 avril 2015, au fauteuil de Emilio GABBA, après avoir été nommé correspondant étranger le 9 juin 2006, à la place de János Harmatta, Paul-Hubert POIRIER, s’est éteint, en Gaspésie, le 15 mai 2024, à l’âge de 76 ans.

Professeur émérite de patristique et d’histoire du christianisme à l’Université Laval de Québec, Paul-Hubert POIRIER était, tout à la fois, un exégète biblique, un spécialiste reconnu des langues et littératures de l’Orient chrétien ancien, notamment syriaques, coptes et éthiopiennes, et un historien du manichéisme et du gnosticisme. Son nom restera tout particulièrement attaché à la vaste entreprise, dont il fut l’initiateur et la cheville ouvrière durant des décennies, à savoir l’édition et la traduction en français de la Bibliothèque copte de Nag Hammadi qui s’est traduite en France par la publication, en 2007, du volume des Écrits gnostiques. La Bibliothèque copte de Nag Hammadi dans la collection de la Pléiade, sous la direction de notre confrère Jean-Pierre MAHÉ et la sienne. On lui doit aussi des éditions du traité Contre les Manichéens de Titus de Bosra, de l’Évangile de Thomas et des Actes de Thomas, ainsi que des études stimulantes sur Plotin et Porphyre. Le 24 avril dernier, Paul Hubert POIRIER s’était vu décerner par la rectrice Sophie d’Amours le Prix Grand Diplômé 2024 de l’Université Laval (Québec) pour l’ensemble de sa carrière.

Francisco RICO

Élu associé étranger de l’Académie, le 4 juin 2010, au fauteuil de Dietrich von BOTHMER, après avoir été nommé correspondant étranger, le 9 juin 2006, à la place de Astrik Gabriel, Francisco RICO, s’est éteint, à Barcelone, le 26 avril 2024, à l’âge de 81 ans.

Historien de la littérature espagnole et italienne, spécialiste de l’humanisme européen, et notamment de Pétrarque, Francisco RICO était l’éditeur, internationalement vénéré, et le commentateur infatigable de l’œuvre de Cervantès. Professeur de littérature hispanique médiévale à l’Université autonome de Barcelone, docteur honoris causa des Universités de Naples, Bordeaux et Valladolid, il était membre de la Real Academia Española (Madrid), del’Accademia dei Lincei (Rome), de l’Accademia della Crusca (Florence), de la British Academy (Londres) et del’Academia das Ciências de Lisboa. De son œuvre féconde et extrêmement abondante, on se bornera à citer, parmi ses publications les plus récentes : sa monumentale Historia y crítica de la literatura española, en 9 vol. achevée en 2000, dont il assuma la direction, une synthèse fondamentale sur El sueño del humanismo (de Petrarca a Erasmo) (1993), sa dernière édition de Don Quichotte (2004), ou bien encore une admirable anthologie, parue en 2009, sous le titre Mil años de poesía europea.

Jean-Pierre BABELON

Né le 17 novembre 1931 à Paris, Jean-Pierre BABELON, qui avait été élu membre de l’Académie le 14 décembre 1990, au fauteuil d’André GRABAR, est décédé à Paris, le 2 février 2024, à l’âge de 92 ans.

Jean-Pierre BABELON était l’un des modernistes français les plus réputés pour l’importance de ses travaux consacrés à l’histoire de Paris et à l’architecture française urbaine et religieuse, ou bien encore à l’étude des châteaux et de leurs jardins, ce qui le conduisit à publier de nombreux ouvrages de référence, parmi lesquels on retiendra une monographie sur les Châteaux de France au siècle de la Renaissance (1989) et des ouvrages sur Amboise (2004), Chantilly (2011) et Chenonceau (2018). Il se distinguait également par ses recherches sur l’histoire politique et sociale de la France des XVIe-XVIIes. On lui doit une impressionnante biographie de Henri IV (1982, rééd. 2009), ainsi que des livres consacrés à François Mansart (1998) et Le Nôtre (2013). Spécialiste de l’histoire des académies royales, il avait prononcé, en 2013, à l’occasion de la célébration du 350e anniversaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, un discours, qui fit date, sur « La petite Académie, une commission d’experts pour la mémoire de la monarchie ». Conservateur du musée de l’Histoire de France aux Archives nationales – où il organisa un très grand nombre d’expositions, dont la plus fameuse restera sans doute celle sur « Le Parisien chez lui au XIXe siècle » –, puis conservateur en chef de sa section ancienne et inspecteur général des Archives de France, Jean-Pierre BABELON fut, de 1989 à 1996, directeur du musée et du domaine national de Versailles et de Trianon – qui devint en 1995 un établissement public. Chacun se souvient du programme de grandes expositions qu’il y déclina, dont la plus emblématique restera celle sur « Versailles et les tables royales en Europe : XVIIe – XIXe siècles » (1993). Tout en assumant ses multiples tâches administratives, Jean-Pierre BABELON assura plusieurs enseignements à l’École du Louvre, puis à l’École pratique des Hautes Études, IVe section. Président, de 1997 à 2018, de la fondation Jacquemart-André avec la charge de la conservation du musée – à laquelle s’ajoutera, en 2000, celle de l’abbaye royale de Chaalis –, il porta un grand intérêt aux travaux de restauration de sa chapelle Sainte-Marie et de ses fresques, qu’il publia dans un volume intitulé Primatice à Chaalis (2007). Enfin, il fut membre, de 2002 à 2014, de la Commission administrative de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, où il exerça aussi, jusqu’en 2018, les fonctions de co-directeur des Monuments et Mémoires de la Fondation E. Piot, sa grande publication d’histoire de l’art. Il dirigea également plusieurs ouvrages collectifs sur l’Institut et ses fondations. C’est dire quelle vive gratitude l’Académie entend témoigner à sa mémoire, en raison de son engagement dans toutes les fonctions qui lui ont été confiées à la suite de son élection comme académicien.