Séances 2 décembre 2022
Séance placée dans le cadre du colloque « Centenaire de la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) »
Résumé de la communication de Henri-Paul Francfort : « L’hellénisme, fil directeur de recherches archéologiques en Afghanistan »
Dès la fondation de la Délégation archéologique française en Afghanistan (Dafa) en 1922, Alfred Foucher son premier directeur, s’embarqua avec la mission explicite de retrouver en Bactriane les vestiges d’un hellénisme civilisateur, de la conquête d’Alexandre aux royaumes grecs. Pourtant, seules des antiquités de Begram et de Hadda, au sud de l’Hindou Kouch, livrèrent des monuments à l’apparence gréco-romaine, plus récents, qui furent diversement compris. Après 1945, Daniel Schlumberger s’engagea à son tour dans cette quête. Ayant élaboré la notion d’un « Orient hellénisé » fondateur des arts parthe et kouchan, il sut prouver l’existence historique de la Bactriane hellénisée, avant même la découverte, en 1964, des ruines imposantes d’Aï Khanoum. Paul Bernard qui lui succéda de 1965 à 1978, fouilla cette grande ville séleucide et gréco-bactrienne, y reconnaissant une fondation coloniale gréco-orientale. Depuis la réinstallation de la Dafa en 2002 et la fouille de Tépé Zargaran à Bactres, les conceptions de l’hellénisme de l’Asie centrale ont encore évolué. Les problèmes posés et les solutions avancées seront illustrés par des cas de références homériques et de monuments figurés du Cycle troyen, connus ou inédits.
Résumé de la communication de Frantz Grenet : « Pas seulement le bouddhisme… La diversité des religions préislamiques de l’Afghanistan ancien »
Dès ses débuts à Bamiyan en 1923, la DAFA rencontrait, avec la grande peinture surmontant le Bouddha de 35 mètres et figurant le surgissement matinal de Mithra, un élément de religiosité locale irréductible au bouddhisme. Bien que dans la première partie de son histoire la DAFA se soit surtout employée à exhumer des monuments bouddhistes, elle ne cessa pas pour autant (et ce sera encore davantage le cas à partir de 1950) de rencontrer d’autres expressions religieuses. Celles-ci ont pu être spécifiquement zoroastriennes (au Temple B de Surkh Kotal, à l’acropole d’Aï Khanoum, à Cheshme Shafa), spécifiquement hindoues (à Khair Khanah), mais dans d’autres cas refléter une réalité religieuse de nature syncrétique qui sous divers déguisements exprime un fonds proprement bactrien apparemment centré sur un grand dieu du ciel et des hauteurs (finalement identifié comme Vayu au type de Shiva) et une grande déesse des eaux et de la terre (généralement identifiée comme Anāhitā ou Nana). Ce sont eux, et surtout Vayu-Shiva, qu’on retrouve comme dédicataires principaux de plusieurs fondations royales kouchanes.