Manifestations Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions, Patrimoine maritime

 

Dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine les samedi 21 et dimanche 22 septembre 2024, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a choisi de mettre en avant le fonds Louis Robert, avec une exposition illustrant le thème retenue cette année.

Louis Robert

 

Louis Robert (1904-1985) fut l’un des plus grands savants français dans les domaines de l’Antiquité et de l’hellénisme. Élève de l’École normale supérieure, membre de l’École française d’Athènes, directeur d’études de géographie historique du monde hellénique à l’École pratique des hautes Études, professeur d’épigraphie et antiquités grecques au Collège de France, il fut élu en 1948 membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Le nom de Louis Robert est d’abord associé à l’épigraphie grecque : il fut en effet d’une part un maître incontesté dans l’édition et l’interprétation des inscriptions grecques, en particulier de documents fragmentaires qui paraissaient désespérés, et dont il parvenait à établir la provenance et le sens ; d’autre part, de 1938 à 1984, avec la collaboration de Mme Jeanne Robert, il publia le Bulletin épigraphique, analyse critique de toutes les publications annuelles dans ce domaine.

 

Louis Robert fut avant tout un très grand historien, se distinguant par l’étendue de ses intérêts et l’extraordinaire maîtrise de sources dont il contribua à montrer qu’elles ne pouvaient être interprétées que par leur constante confrontation : inscriptions, mais aussi textes littéraires de toute sorte, récits de voyageurs, monnaies, reliefs figurés, monuments archéologiques. Louis Robert ne cessa de publier. Sa bibliographie compte plus de 460 numéros : outre de nombreux articles, repris dans les 7 volumes d’Opera minora selecta (1969-1990), les Documents d’Asie Mineure (1985), le Choix d’écrits (2007), des corpus par régions ou par sites (Le plateau de Tabai et ses environs, Fouilles d’Amyzon en Carie), et des monographies dont Les Gladiateurs dans l’Orient grec (1940) et les 13 volumes d’Hellenica (1940-1965). D’autre part, il explora méthodiquement l’Asie Mineure, au cours de nombreuses missions, d’abord seul dans les années 30, puis de 1946 à 1964 en compagnie de Mme Jeanne Robert. Rappelons enfin les fouilles du sanctuaire d’Apollon à Claros de 1950 à 1961, ainsi qu’une intense activité dans les musées turcs et leurs réserves.

Louis Robert

Le Fonds Louis Robert

 

Le Fonds Louis Robert, conservé par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, est constitué de l’abondante documentation confectionnée ou recueillie par le savant éponyme. L’esprit encyclopédique de celui qui marqua de son empreinte l’histoire gréco-romaine et byzantine au xxe siècle est illustré par la variété des documents conservés : plus de 3 500 estampages, que les savants d’aujourd’hui continuent à consulter pour éditer des recueils d’inscriptions ; près de 100 carnets tenus au cours des voyages archéologiques et épigraphiques et des fouilles que mena le savant, le plus souvent acccompagné de son épouse Jeanne Robert ; des milliers de photographies d’inscriptions ou de fouilles. Ces documents recueillis pendant plus de soixante années de recherche, principalement en Grèce et en Turquie, constituent un fonds documentaire irremplaçable sur les antiquités grecques et romaines.

Les archives du Fonds Louis Robert.

L’exposition

 

La célébration des jeux olympiques trouve son origine dans les concours que les Grecs de l’Antiquité ont fondés dans des sanctuaires, à commencer par Olympie, puis Delphes, en 776 et 586 av. J.-C. respectivement. Au demeurant, entre les jeux olympiques contemporains et les concours grecs, l’une des différences est que ces derniers avaient un caractère religieux autant que compétitif, étant célébrés en l’honneur d’une divinité.

À Delphes l’organisation des concours pythiques en l’honneur d’Apollon donnait lieu à l’envoi de par le monde grec, tous les quatre ans, de théores, qui étaient les ambassadeurs du concours. Ils avaient pour mission d’annoncer la date exacte de la célébration à toutes les cités, dont les calendriers et le début officiel de l’année différaient d’une région à l’autre, et d’autre part de solliciter des participants et de proclamer la « trêve sacrée » Ainsi, la célébration de ces concours donnait lieu à la circulation, non seulement des athlètes et du public, mais aussi de ces ambassades sacrées.

 

Depuis Delphes, l’itinéraire des théores en Ionie, de l’autre côté de l’Égée

 

Dans les cités où ils se rendaient, les théores étaient accueillis par des théorodoques ou théarodoques (« ceux qui accueillent les théores »), hôtes officiels des théores. Ces théarodoques sont connus par des listes gravées sur la pierre : disposées selon un ordre géographique, elles constituent un témoignage précieux sur le « rayonnement » du sanctuaire, sur les itinéraires des théores et sur la géographie du monde grec. La plus longue liste gravée à Delphes compte sur 650 lignes les noms de théarodoques de 300 cités différentes, de la Syrie à la Provence. Est ici présenté un fragment de cette liste, où Louis Robert a déchiffré et interprété l’itinéraire que les théores suivaient en Ionie, la région d’Asie Mineure la plus anciennement colonisée par les Grecs : on y reconnaît les noms de Priène, Milet, mais aussi l’île de Samos, que les théores gagnaient par voie de mer depuis la côte, avant de revenir sur le continent pour Éphèse, Lébédos (un temps appelée Ptolémaïs), Téos et une énigmatique Oroanna, dont l’existence même fut ainsi révélée par l’inscription de Delphes : inconnue par ailleurs, cette ville d’Ionie n’a toujours pas été localisée. Et pourtant, tous les quatre ans, pour annoncer la célébration des concours pythiques, s’y rendaient les théores de Delphes …

Pour en savoir plus sur le Fonds Louis Robert

 

Publications de l’Académie sur le Fonds Louis Robert :

 

Rendez-vous sur le site de l’Académie > rubrique “Travaux académiques”/ “Antiquité” / “Le fonds Louis Robert”

 

Les monnaies du Fonds Louis Robert, Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (2012), F. Delrieux.

 

– “Les inscriptions pour l’histoire” Trente ans de correspondance entre Louis Robert et Dionisie M. Pippidi, Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (2024), édité par D. Dana, avec
un avant-propos de D. Knoepfler.

  • Découvrez le livret de présentation de l’exposition : LIVRET

 

  • Notice sur l’épigraphie : NOTICE