Publications Journal des Savants : Juillet-Décembre 2023
204p., 30 ill. Parution décembre 2023. Abonnement : l’année 2023 en 2 fasc.,
Présentation
« En marge du corpus des actes d’affranchissement delphiques. Quel nom pour un esclave ? », par Dominique MULLIEZ, membre de l’Académie.
Au début du XXe siècle, un an après la publication de l’ouvrage de référence de Fr. Bechtel, Die historischen Personennamen des Griechischen, Max Lambertz et Siegfried Coppale ont procuré de manière concomitante, le premier à Vienne, le second à Marbourg, une étude d’ensemble de l’onomastique servile qui n’a pas été véritablement remplacée. L’article publié par O. Masson en 1973 sous le titre « Les noms d’esclaves dans la Grèce antique » n’avait certes pas cette ambition ; quant à l’ouvrage de L. Collins Reilly, paru en 1978, il se présente comme le simple enregistrement des attestations épigraphiques des noms d’esclaves, sans commentaire d’ensemble. Les années 2000 ont connu un regain d’intérêt pour les synthèses avec, en particulier, des articles de H. Solin et D. M Lewis. Mais on a surtout – et avec raison – privilégié des études régionales. Le répertoire attique a été abondamment exploré grâce à la monographie de Ch. Fragiadakis et aux articles de B. Robertson, K. Vlassopoulos ou D. M. Lewis. Aucune autre étude régionale n’a atteint cette ampleur, qu’il s’agisse, par exemple, de celle que Ch. Fragiadakis a consacrée à la Béotie ou Alain Bresson à Rhodes, ou des remarques d’A. Avram sur l’onomastique des esclaves dans le Pont-Euxin 10, pour ne rien dire des quelques notes que P. Cabanes et F. Drini ont consacrées aux noms d’esclaves à Bouthrotos
« Fragments d’une épopée hellénistique sur un papyrus du IIIe siècle de notre ère : P. Fouad inv. 220 + P. Köln II 63 (MP3 1965.3) », par Antonio Ricciardetto.
En dépôt à l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO) du Caire, la collection des P.Fouad contient une cinquantaine de pièces littéraires grecques datées des époques romaine et byzantine, dont une petite partie seulement a été publiée à ce jour, tandis que le reste des pièces est actuellement en cours d’édition dans le cadre d’un programme de l’IFAO lancé par J.-L. Fournet (Collège de
France) et porté par ce dernier, N. Carlig (Université de Liège) et A. Ricciardetto (CNRS-UMR5189 HiSoMA, Lyon), qui doit aboutir à terme à la publication de plusieurs volumes d’édition de papyrus grecs. Du fait de leur contenu homogène ou de leur intérêt, plusieurs pièces de la collection ont cependant déjà fait l’objet de publications séparées. C’est le cas des papyrus homériques, publiés en deux livraisons par J. Schwartz, du papyrus astronomique d’Hipparque, dont l’édition, parue en 2014, avait été précédée d’une présentation, en 2012, à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 3, ou encore, très récemment, des restes de trente vers d’Empédocle inconnus jusqu’ici sur une pièce (P.Fouad inv. 218) complétant le fameux « Empédocle de Strasbourg ».
C’est en raison d’une situation du même genre que le P.Fouad inv. 220, inédit à ce jour, a paru nécessiter, lui aussi, une publication à part entière. Entré dans la collection des P.Fouad en 1941, il se présente comme un fragment de rouleau de papyrus de qualité médiocre mesurant 9,3 𐄂 18,3 cm, et contient les restes de la partie gauche d’une colonne (8,9 𐄂 16,1 cm) de 31 lignes, écrites parallèlement au sens des fibres, qui correspondent au début de 31 hexamètres. La marge supérieure (c. 1,5 cm), ainsi que l’entrecolonnement (c. 0,5 cm), à gauche de la colonne, sont partiellement préservés. Pour autant que l’on puisse en juger, la « loi de Maas », qui désigne le phénomène graphique d’inclinaison des colonnes d’écriture, dû au fait que le scribe déporte le début des lignes toujours plus vers la gauche, n’est pas d’application ici. La perte d’une partie de la couche de fibres horizontales, surtout dans la partie droite du fragment, a entraîné l’abrasion de l’écriture à ces endroits. Aux 31 lignes de la colonne proprement dite s’ajoutent les quatre lignes fragmentaires d’une note tracée par la même main dans la marge supérieure. L’autre face du fragment n’est pas écrite.
« Primus de regibus unctis. Images et usages du roi Saül dans la production intellectuelle et iconographique en France et en Angleterre (XIIe -XIVe s.) », par Laetitia Barou-Guichet.
Dans les Miroirs des princes tout au long du Moyen Âge, le premier roi biblique d’Israël pâtit d’une bien sombre image : fruit du péché du peuple élu qui, en demandant un roi rejeta l’autorité directe que Dieu exerçait sur lui dans le régime des Juges, Saül, au départ electus et bonus (I Sm 9, 2), tombe pourtant vite dans l’orgueil et la désobéissance, deux vices que le bon prince doit avoir particulièrement en horreur. Dans cette perspective, le recours à l’exemple du roi Saül devient rapidement l’un des passages obligés de cette littérature. Il permet de donner au lecteur royal un contremodèle, l’image dont le prince ne doit surtout pas voir le reflet en lui-même. Les aspects moraux de la royauté élaborés dans ces miroirs – où le roi David règne en maître – ont suscité un grand intérêt
historiographique et sont désormais bien connus. Anti-miroir, le roi Saül et ses usages au Moyen Âge sont cependant loin de se restreindre à cet aspect. En affinant la chronologie, mais surtout en questionnant d’autres sources dont le but premier n’est plus la question de la conduite morale du souverain, on découvre un recours à la figure du premier roi des Hébreux bien plus ambivalent et intéressant.
« Un prince peut en cacher un autre : un mystérieux voyage de Gaston d’Orléans en Italie en avril 1629 ? », par Jean-Marie Le Gall.
Les enfants de France et les princes du sang quittent rarement le royaume. Jamais la Couronne n’a laissé ses membres les plus illustres succomber aux charmes du Grand Tour ou du voyage de divertissement à l’étranger aux XVIe et XVIIe siècles. Seules les princesses se mariant à l’extérieur et les veuves de souverain, surtout si elles n’ont plus d’enfants, peuvent quitter la France, tout en continuant pour ces dernières de jouir des revenus de leur douaire. Pour les autres membres de la famille royale, s’éloigner du roi et de la cour est durablement associé à une tradition de malcontentement et franchir la frontière sans l’accord du monarque est pour un prince du sang assimilé à une trahison, un crime de lèse-majesté. Faut-il rappeler ici l’exemple de Charles, connétable de Bourbon, ou celui d’Henri II de Condé ? Ce dernier se rendit en 1609 à Bruxelles puis à Milan pour mettre sa femme à l’abri des assiduités du Vert Galant, plongeant Paris et Bruxelles dans l’embarras tandis que Madrid chercha à exploiter la venue de ce prince du sang, proche du trône. L’assassinat d’Henri IV régla l’affaire. Condé récidiva en 1622. Mécontent de la paix de Montpellier que ce converti récent trouvait trop clémente envers ses anciens coreligionnaires, il prit le chemin de l’Italie, au grand dam du roi qui le rappela et l’exila en province plusieurs années.
« Nouvel éclairage sur le musée Campana grâce aux archives Campori de Modène. Le cas des majoliques », par Françoise Barbe et Gianpaolo Nadalini.
Depuis l’exposition du musée du Louvre Un rêve d’Italie, la collection du marquis Campana 1, en 2018, un très grand nombre de documents complémentaires, provenant des archives personnelles de Giampietro Campana, a pu être identifié et fait encore l’objet d’une étude. Cet article se propose d’en présenter, de façon synthétique, les lignes directrices et de souligner, plus particulièrement, les
informations nouvelles concernant les majoliques. Lors du procès qui avait fait suite, en 1858, à son arrestation pour détournement de fonds publics aux dépens du Mont-de-Piété de Rome, le marquis Campana (1809-1880) avait affirmé que, dans sa carrière de collectionneur, il n’avait jamais tenu une quelconque comptabilité de ses acquisitions 2. En effet, les études menées sur sa collection se sont jusqu’à présent fondées sur des sources indirectes, exploitées après la dispersion du Musée Campana.
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